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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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édenté. Tout ce que tu peux faire, c’est
choisir la manière dont tu feras face quand la mort viendra.
    Les lèvres du jeune guerrier esquissèrent un bref sourire.
    — Tu ne me rassures pas. Je les vivrais volontiers, ces
quarante ans.
    Touché par le courage que montrait Djötchi, Jelme haussa les
épaules.
    — Alors je te dirai ceci : tue le tigre et ton
frère s’agenouillera devant toi sous les yeux de tous les guerriers. Ton nom
sera célèbre et quand tu porteras sa peau, les hommes te regarderont avec
respect et admiration. C’est mieux ?
    — Oui. Si je succombe, sois prêt avec ton arc. Je ne
veux pas être dévoré.
    Après une longue inspiration, Djötchi se baissa pour sortir
de la yourte. En le découvrant, les Mongols poussèrent un rugissement qui
emplit la plaine et couvrit les grognements du tigre.
     
     
    La foule s’écarta pour le laisser passer et il ne vit pas
les visages qui le fixaient en l’acclamant quand il approcha des palissades du
cercle. À la lumière des torches qui vacillaient et crachaient, il grimpa avec
agilité en haut des planches, sauta de l’autre côté. Le tigre l’observait avec
une attention terrifiante. Djötchi leva les yeux vers son peuple, n’aperçut qu’un
seul visage de femme, celui de sa mère, et évita de croiser son regard de peur
qu’elle lui fasse perdre courage.
    Börte crispait les mains sur les planches, comme pour s’empêcher
de tendre les bras vers son premier-né.
    L’expression de Gengis était indéchiffrable, mais Kachium
hocha la tête quand les yeux de Djötchi rencontrèrent les siens. Süböteï
gardait un masque impassible pour cacher la peine que Djötchi savait qu’il
éprouvait. Le général ne pouvait rien pour s’opposer à la volonté du khan mais,
au moins, il ne prendrait aucun plaisir à assister au combat. Par habitude, Djötchi
s’inclina devant son chef et Süböteï lui rendit son salut. Rendu furieux par
les cris de la foule, le tigre ouvrit sa large gueule et mordit un barreau. C’était
un jeune mâle, sans cicatrices et sans expérience. Djötchi avait les mains
tremblantes et la bouche sèche, comme avant la bataille. Sa vessie se rappelait
à lui. Il assura sa prise sur la poignée ornée d’une tête de loup du sabre de
son père. C’était une arme magnifique qu’il convoitait depuis longtemps. Il n’avait
pas connu son grand-père Yesugei mais espérait que l’esprit du vieil homme lui
donnerait force et courage. Il se redressa et une autre profonde inspiration
lui apporta le calme.
    Djaghataï l’observait avec des yeux luisants à la lumière
des torches. Djötchi soutint un moment son regard pour lui montrer son mépris
avant de se tourner vers la cage. La rumeur de la foule crût encore quand il
approcha des barreaux et tendit la main vers le loquet de fer qui maintenait la
porte fermée. Le tigre parut deviner son intention et attendit. Leurs regards
se croisèrent.
    — Tu es puissant et rapide, lui murmura Djötchi. Moi
aussi. Si je te tue, je porterai ta peau avec fierté jusqu’à la fin de mes
jours.
    Il ouvrit la porte et se recula vivement. Les guerriers se
turent, les yeux rivés à la forme rayée qui se coula hors de la cage.
    Djötchi fit six pas en arrière et s’arrêta, prêt à se fendre,
le sabre tendu devant lui. Il se sentait lourdaud et maladroit comparé à la
bête qu’il était venu tuer.
    D’abord, le tigre l’ignora et fit le tour du cercle en
cherchant une issue. Il agita la queue avec agacement lorsque la foule se remit
à rugir. Djötchi regarda l’animal s’étirer de tout son long contre la palissade,
les griffes de ses pattes avant creusant des sillons dans le bois dur. Dans la
cage, sa force et sa souplesse avaient été moins évidentes. En mouvement, il
paraissait mortellement dangereux et Djötchi avala sa salive.
    Le tigre posa pour la première fois son regard doré sur Djötchi
et s’accroupit, la tête levée. Sa queue se remit à battre le sol et la foule se
tut de nouveau.
    Djötchi offrit son âme au père ciel. Aucun homme n’était de
taille face à un tel monstre, il en était sûr. Ses mains cessèrent de trembler
et il attendit.
    Lorsque le tigre attaqua, ce fut dans une telle explosion de
rapidité que Djötchi demeura presque sans réaction. En trois bonds, l’animal, de
statue devenu tache floue, sauta droit sur lui.
    Sans chercher à se servir de son sabre, Djötchi se jeta sur
le côté mais fut encore trop lent. L’épaule

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