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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ne pouvant plus supporter de vivre en Italie sans son époux, a décidé de rentrer chez elle. Le voyage inaugural d’une aussi magnifique unité l’a tentée. Elle est partie avec… et n’en est jamais ressortie…
    — Je croyais qu’on avait sauvé les enfants et les femmes ?
    — Pas toutes ! Il faut comprendre : la catastrophe a dû causer une effroyable pagaille ! Votre belle amie va devoir se trouver une autre preuve d’amour !
    Les sourcils, le front et l’auréole de feutre noir remontèrent avec ensemble mais Cornélius ne broncha pas :
    — Impossible ! C’est celui-là qu’elle veut !
    — Peut-être ne sait-elle pas quel sort a été le sien ? Quand vous lui aurez dit que la Chimère a péri dans le naufrage le plus célèbre de l’Histoire, elle ne pourra que vous demander autre chose !
    — Non, parce que je ne le lui dirai pas ! Elle veut ce bijou, elle l’aura !
    — Voulez-vous m’expliquer comment ? répliqua Aldo qui sentait la moutarde lui monter au nez.
    Si sympathique que fût le bonhomme, il y avait des limites.
    — Vous n’avez pas la prétention d’endosser un scaphandre ? De toute façon, l’épave est inaccessible, elle gît à une profondeur abyssale. Il n’existe aucun moyen de l’atteindre !
    — Oh, j’avais compris. Seulement -je crois vous l’avoir dit ! – je suis vraiment très riche ! À quoi elle ressemble, votre Chimère ?
    Aldo aussi avait compris et ne cacha pas sa stupeur :
    — Vous n’auriez pas dans l’idée de la faire copier par hasard ?
    — Tout juste ! fit l’autre avec un large sourire. Ce n’est jamais qu’un bijou, finalement !
    — Oui, mais pas n’importe lequel. Veuillez m’attendre un instant !
    Il alla ouvrir une précieuse bibliothèque Boulle dans laquelle il conservait les livres, parfois fort anciens, ayant trait aux pierres, perles et joyaux de toutes les époques, en choisit un, le feuilleta jusqu’à ce qu’il trouve la page qui l’intéressait puis revint la mettre sous le nez de son incroyable client.
    — Voilà ! triompha-t-il. En couleurs et en taille réelle !
    Cornélius B. Wishbone parut un peu surpris.
    — Ah… hum… oui ! fit-il.
    — Si vous en convenez, vous m’en voyez ravi ! Ce n’est pas un colifichet ! En admettant qu’on les déniche, chacune des deux pierres principales représente une fortune.
    Ciselé dans l’or avec un art délicat, l’animal mythique – tête de lion rugissant, corps de bouc et queue de dragon – était long d’une dizaine de centimètres et non seulement le corps était taillé dans une seule émeraude de la même nuance que celles des yeux et de la flèche de la queue, mais l’une des pattes griffues s’appuyait sur une grosse perle baroque figurant un rocher. Rien que la reproduction était impressionnante. Qu’en serait-il de la réalité !
    La tête penchée, Wishbone considéra un moment la gravure, eut un discret reniflement puis émit d’un ton rêveur :
    — Ça devrait pouvoir se faire !
    — En y mettant du temps, de la patience et énormément d’argent, je suis d’accord avec vous, mais ce n’est plus de mon ressort ! Seul un joaillier – et pas des moindres ! – pourrait reproduire cette pièce. Et encore ! À condition d’avoir les pierres nécessaires.
    — Oh, moi, j’ai tout mon temps ! émit le Texan, placide. Vous savez qui pourrait exécuter ce machin ?
    — Ils sont plusieurs, rue de la Paix ou place Vendôme, à Paris, qui en sont entièrement capables. Certains réalisent pour les maharadjahs des bijoux fabuleux. Je citerais : Boucheron… ou Cartier, ou Chaumet, ou Mellerio ! Et parmi eux je penserais plutôt au deuxième ! La directrice artistique de la maison, Jeanne Toussaint, est une femme exceptionnelle qui, sans avoir jamais tenu un crayon de sa vie, peut créer des pièces extraordinaires. Cela pourrait l’amuser… mais je n’en suis pas sûr ! Elle préfère sans doute innover !
    — Vous pouvez me donner une lettre pour elle ? Ou pour les autres, si cela ne l’intéressait pas ?
    — Avec joie !… Oh, je vais même faire mieux : je pars ce soir pour Paris afin d’assister à une vente de joyaux. Si vous n’avez rien en perspective à Venise, je vous emmène !
    Les moustaches et les coins de la bouche remontèrent de quelques centimètres.
    — Une fameuse bonne idée que vous avez là ! D’autant que je pourrais vous accompagner aussi à la vente… au cas où il y aurait une babiole… un peu amusante pour inciter Miss

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