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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Torelli, la célèbre soprano italo-américaine, dans son rôle fétiche : La Traviata de Giuseppe Verdi… Cette manifestation représentait une sorte de revanche de Jacques Bouché, le bouillant directeur du théâtre, contre les cantatrices françaises qui, telle Lily Pons, désertaient leur pays d’origine, appâtées par les dollars américains.
    À coups de ces mêmes dollars, Cornélius Wishbone s’était assuré les deux plus spacieuses loges d’avant-scène où il avait fait porter, outre les bouquets romantiques destinés aux dames, champagne et caviar pour soutenir le moral de tous. Quand ceux-ci arrivèrent, il les reçut avec un rayonnant sourire dans un frac noir admirablement coupé et fleuri d’un gardénia à la boutonnière qui en faisait un tout autre homme. La presse l’associant de plus en plus souvent à la cantatrice, il faisait un peu figure de fiancé et en montrait une joie d’enfant. Tellement communicative qu’elle réussit à éclairer le front soucieux d’Aldo pour qui cette représentation n’était rien d’autre qu’une corvée, acceptée uniquement pour faire plaisir à cet homme charmant dont, pour rien au monde, il n’aurait voulu ternir la joie. Il avait déjà été assez laborieux, dans la journée, de lui faire admettre que retrouver la fameuse Chimère offrait quelque ressemblance avec les douze travaux d’Hercule.
    — Bah ! lui répondit Wishbone avec une philosophie inattendue. Vous ferez de votre mieux et si vous ne la ramenez pas à la lumière du jour, j’irai revoir discrètement M lle Toussaint qui, par un coup de chance incroyable, a réussi à se procurer les pierres nécessaires pour la reconstituer. Je me demande, d’ailleurs, si je ne vais pas lui passer commande dès maintenant…
    — Et si par une chance encore plus incroyable, on récupérait enfin l’authentique ?
    — Eh bien, je prendrais les deux… au cas où ma divine Lucrezia perdait la sienne ou se la faisait voler…
    Là s’était terminé le dialogue et Aldo s’était senti d’un coup écrasé de fatigue. Au vrai, il commençait à prendre en grippe ce sacré bijou et, en achevant de s’habiller avant de se rendre au théâtre, il pensait avec délices que le lendemain, à la même heure, il serait en train de dîner tranquillement au wagon-restaurant en pensant que chaque tour de roue le rapprochait de sa lagune bien-aimée, de sa femme, de la marmaille et de tout ce qui faisait de sa vie quotidienne une sorte de perfection.
    Et ce fut d’un cœur sincère qu’il complimenta Tante Amélie, royale à son habitude en velours noir et satin blanc, parée aux oreilles, au cou et aux mains d’une fortune en diamants.
    — Vous devriez occuper la loge officielle ! Vous seriez tellement plus représentative que cette pauvre Madame Lebrun qui ne fait pas franchement honneur à la haute couture française ! Elle a toujours l’air empaqueté !
    — Qu’elle le soit ou non, je n’aimerais pas lui prendre sa place. Quoi de plus ennuyeux que d’être femme de président ? Des inaugurations, encore des inaugurations coupées de visites aux hôpitaux, crèches et autres boîtes à faire pousser les enfants, recevoir à longueur de soirée des parfaits inconnus qui bien souvent ne parlent pas français, quelle horreur !
    Aldo n’oublia pas de complimenter aussi Plan-Crépin qui ne manquait pas d’allure dans sa longue robe en crêpe de Chine « parme » complétée par un boléro de dentelle assorti et la parure de perles, d’améthystes et de diamants dont l’avait décorée la marquise. Se sentant à son avantage, elle était d’une humeur charmante.
    Quand leur hôte les installa au premier rang de leur loge où les attendaient des bouquets ronds faits de roses pompons entourées de dentelle de papier, elle avisa aussitôt une troisième chaise et un troisième bouquet. Elle ne put s’empêcher de demander :
    — Vous avez invité une autre dame ?
    — Évidemment. J’ai tenu à réunir ce soir tous mes vrais amis. Qui sont aussi les vôtres…
    Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase. La porte de la loge s’ouvrait pour livrer passage à Pauline Belmont qui ressemblait à une pluie d’été dans sa robe de mousseline gris pâle entièrement brodée de longues traînées de minuscules perles de cristal pareilles à autant de gouttelettes dans la lumière de l’immense lustre qui les faisait scintiller. Une écharpe assortie complétait cette toilette ravissante et

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