Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
une tête fine qu’une lourde chevelure sombre simplement piquée de deux roses pâles derrière une oreille, semblables à celle agrafée à sa ceinture, magnifiait. Aucun bijou ne détournait le regard du fascinant visage aux longs yeux noirs et veloutés, dont la bouche exquise laissait s’envoler cette voix envoûtante. Elle ressemblait à une jeune fille dont elle conservait la silhouette élancée. Si la presse n’avait révélé son âge – trente-huit ans ! –, on lui en eût donné sans hésiter quinze de moins. À la regarder, à l’écouter, on oubliait le temps. Seul peut-être Aldo, tout en gardant les oreilles ouvertes, se détacha de la contemplation générale pour se laisser charmer par un spectacle plus émouvant pour lui : regarder Pauline tout à son aise. Elle était si belle ce soir qu’il sentait revenir ce désir brûlant qu’elle lui inspirait. Ses yeux caressaient ses épaules, son cou, sa joue, laissant revenir le souvenir – trop précis ! – de ce que cachait la robe somptueuse. Sans doute eut-elle conscience – les femmes sentent cela ! – de ce regard qui ne la quittait pas. Elle se retourna, frissonna sous cette ardeur qui lui rendait l’amant passionné d’une nuit, y plongea le sien et mit tout son amour dans le sourire qu’elle lui offrit.
    Le tonnerre d’applaudissements de la salle debout sauva Aldo d’une folle impulsion : saisir la main de la jeune femme pour l’entraîner… il ne savait où, mais dans un lieu où ils seraient seuls et libres de s’aimer autant qu’ils le voudraient… L’immense lustre se rallumant fit retomber la magie.
    — Admirable ! apprécia M me de Sommières. Cette Lucrezia Torelli est exceptionnelle. Rencontrer tant de talents joints à tant de beauté et à une voix de cette qualité est une expérience comme je n’en ai jamais connu ! Qu’en pensez-vous, Adalbert ?
    Encore prisonnier du sortilège, celui-ci soupira :
    — Il n’y a pas de mots pour la décrire : elle est sublime…
    Wishbone, lui, exultait.
    — Je vais tout de suite la féliciter. Voulez-vous venir avec moi… ou préférez-vous attendre la fin du spectacle ?… Nous souperons avec elle ! J’ai retenu une table au Café de Paris.
    Il trépignait presque dans sa hâte de rejoindre son étoile et, sans attendre une réponse pour lui acquise d’office, il sortit de la loge presque en courant…
    — Qu’est-ce qui lui prend ? ronchonna Adalbert… J’y serais bien allé, moi !
    — On dirait que tu as attrapé le virus ! fit Aldo, moqueur. Essaie de prendre patience ! Tu vas souper avec elle. C’est mieux que d’aller encombrer sa loge à un moment où elle va changer de costume, de coiffure et où elle préfère sans doute se détendre avant le deuxième acte. N’oublie pas que Wishbone la considère comme sa fiancée !… à condition, bien sûr, qu’il lui apporte la Chimère baladeuse ! Et là, je crois qu’il va un peu vite et n’a que trop tendance à prendre ses désirs pour des réalités. Quant à toi, je te rappelle que tu n’as pas une fortune faramineuse à mettre à ses pieds !
    — C’est aimable de me le rappeler alors que je te considère comme mon frère...
    — Ah non ! intervint M me de Sommières. Vous n’allez pas recommencer à vous disputer ! Et pour une femme dont je suis persuadée qu’elle sait parfaitement ce qu’elle veut. Et je subodore que ce n’est ni vous ni ce cow-boy milliardaire… Entrez ! cria-t-elle après avoir entendu frapper à la porte.
    À la surprise générale, ce fut Ottavio Fanchetti qui apparut, tout sourires, bien que voilés de quelque mélancolie. Et ce fut au tour de Pauline de froncer les sourcils.
    — Que venez vous faire ici, Ottavio ?
    — J’aimerais beaucoup être présenté à ces dames puisqu’elles sont vos amies…
    — Bon ! Pourquoi pas ? Chère marquise, je vous présente donc le comte Ottavio Fanchetti. Maintenant vous pouvez saluer Madame la marquise de Sommières, tante du prince Morosini que vous connaissez déjà, et Mademoiselle du Plan-Crépin sa cousine.
    À la suite d’un échange de saluts – plutôt froid de la part d’Aldo – où le Napolitain s’inclina devant les deux femmes avec un sourire ravageur, celui-ci expliqua qu’il souhaitait ardemment obtenir une toute petite place dans une loge aussi attirante.
    — Je me sens affreusement seul et j’ai l’impression de faire de la figuration au milieu de ces hommes qui ont l’air en uniforme. En outre, ma

Weitere Kostenlose Bücher