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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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éblouissant sourire quand Wishbone la présenta à M me de Sommières et reçut avec grâce le compliment sincère qui lui fut offert, un autre sourire plus discret à l’adresse de Pauline mais, quand ce fut au tour d’Aldo et qu’il s’inclina devant elle, son visage se ferma.
    — Quel honneur pour moi que le prince Morosini daigne venir jusqu’à moi ! Je n’en aurais jamais espéré autant !
    Sa voix sèche et dure épouvanta Cornélius qui se hâta de répondre :
    — Que dites-vous là, chère belle amie ? Vous ne vous êtes jamais rencontrés ?
    — Non, figurez-vous ! Lorsque je chantais Tosca à la Fenice et que je l’avais prié de venir me voir, il m’a répondu par une insolence…
    — Prié ? riposta Aldo. Le billet que j’ai reçu ne me priait pas mais exigeait, même ordonnait sur un ton que je n’ai pas accepté !
    Il s’inclinait à peine, prêt à tourner les talons, quand Wishbone s’affola, le retenant par le bras.
    — My God ! Mais que se passe-t-il ? Prince !… Chère grande amie !… C’est pourtant vous qui me l’avez recommandé en vantant sa compétence ?
    — Naturellement, quand j’ai besoin d’un fournisseur, je choisis toujours le meilleur ! Par malheur jusqu’à présent, il ne s’est pas montré à la hauteur. Combien de temps vais-je devoir attendre encore ma Chimère ?
    — Votre Chimère ? Je ne crois pas que vous ayez un titre à la posséder !
    — Et le droit d’héritage ? Qu’en faites-vous ? Je descends à la fois de César Borgia et de sa sœur Lucrezia. Sachez que mon lointain aïeul était cet « Infant Romain » en qui tous voyaient une énigme.
    — Parce que l’on hésitait sur le géniteur : César ou le pape Alexandre ? N’importe comment, il s’agissait d’un inceste. Quel beau titre de gloire !
    — Il n’en a pas moins été élevé comme un prince à Rome !
    — Il aurait même été couronné empereur, roi ou pape que cela ne m’intéresserait pas davantage, et je n’ai pas l’intention de perdre un temps qui m’est précieux. Madame !
    Il esquissa un salut mais Cornélius se suspendit à son bras, les yeux remplis de larmes.
    — Vous n’allez pas me laisser tomber ? J’ai mis tant d’espoir en vous. Mon bonheur dépend de vous…
    Aldo lui sourit gentiment et posa une main sur son épaule.
    — Mon cher Cornélius, croyez que, si j’étais certain d’assurer votre bonheur, je continuerais même contre l’impossible, mais regardez la vérité en face ! Cette femme n’a pas l’intention de vous épouser, quoi que vous lui offriez ! Vous la voyez renonçant aux feux de la rampe, à ceux de la gloire pour aller s’enterrer au Texas ? Sa beauté est l’un des pièges les plus redoutables concoctés par l’Enfer !
    — Tu ne penses pas que tu exagères ? s’indigna Adalbert qui avait suivi le dialogue avec une colère visible.
    Ce qui déplut à Aldo.
    — Et si tu te mêlais de tes affaires ?
    — Messieurs ! intervint la marquise en frappant le sol de sa canne. Je crois que cela suffit ! Emmène-nous, Aldo ! Nous avons assez ri !
    — Comme il vous plaira, Tante Amélie ! Madame.
    Suivis de Pauline, tellement indignée qu’elle avait préféré se taire pour ne rien envenimer, ils sortirent, ou plutôt se frayèrent un passage à travers les admirateurs qui encombraient le couloir, et rejoignirent Marie-Angéline toujours assise sur son tabouret de pompier.
    — Alors, demanda-t-elle. Vous êtes contents ?
    — Ravis ! ironisa Tante Amélie. Quelle femme exquise ! Dommage seulement qu’elle ait été mal élevée !
    — Vous vous êtes querellés ? fit-elle, interrogeant leur mine sombre.
    — Pas vraiment, soupira Pauline. Cette femme s’est subitement transformée en harpie et Aldo lui a répondu comme elle le méritait, sans d’ailleurs manquer aux règles de la politesse.
    — Et où est Adalbert ?
    — Je crains que de ce côté-là nous ne rencontrions un problème, soupira Aldo. Ou plutôt que « je » n’aie un problème. Il est passé à l’ennemi avec armes et bagages.
    — Quoi ? Vous vous êtes brouillés… pour cette femme ? gémit Marie-Angéline.
    — Je crains fort que oui ! Il a été victime ce soir d’un coup de foudre aussi dévastateur que ceux auxquels nous avons déjà assisté. Mais vous n’allez pas pleurer ? s’inquiéta-t-il en lui caressant la joue.
    — À mon avis, déclara Pauline, il ne faut pas en faire une montagne. Il en reviendra comme il est revenu de ce grand amour qu’il

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