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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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descendit rejoindre Guy pour le petit déjeuner, il le trouva debout près d’une fenêtre, en train de lire une page de journal et visiblement très soucieux. Très absorbé aussi, car il ne leva pas la tête à l’entrée de son ancien élève. Et le café refroidissait dans sa tasse.
    — Elles sont si passionnantes que cela, les nouvelles de ce matin, mon cher Guy ? s’écria-t-il joyeusement car il se sentait dans une forme voisine de la perfection… et surtout heureux d’aller bientôt chercher Lisa et les enfants à la gare. Mais vous en faites une tête ! ajouta-t-il, soudain inquiet.
    — Je ne pense pas que vous apprécierez. On nous a envoyé cette feuille de chou sous pli cacheté. Il s’agit de L’ Intransigeant d’hier. Il vaudrait mieux que vous vous asseyiez. Je vais redemander du café…
    Toute sa belle humeur envolée, Aldo vit tout de suite le gros titre : « Une Américaine disparaît du Ritz ». Suivait un long développement soulignant le fait que l’on était sans nouvelles de Mrs Pauline Belmont. Grande artiste américaine richissime,elle avait quitté l’hôtel cinq jours plus tôt pour un court voyage dont elle n’était pas encore revenue, alors qu’elle avait annoncé son retour pour le surlendemain, mais sans indiquer sa destination. Fort inquiet, l’un de ses proches amis, le comte Ottavio Fanchetti, avait alerté la police qui n’avait pas cru devoir y attacher toute l’attention qu’il aurait fallu. Le comte s’était alors adressé à une agence de détectives privés qui n’aurait eu aucune peine à découvrir que Mrs Belmont avait pris, le 15 novembre, le Simplon-Orient-Express à destination de Venise où elle ne serait jamais arrivée. Suivait évidemment le rappel de l’affaire Helen Adler, elle-même femme de chambre de Mrs Belmont et victime à l’hôtel Ritz d’une agression qui avait mis ses jours en danger puisque, si elle n’en était pas morte, elle demeurait plongée dans un coma profond. Ensuite venait une interminable digression sur les Belmont en général et Pauline en particulier – famille, fortune, portrait physique –, et le chef-d’œuvre s’achevait en mentionnant que Mrs Belmont était apparue en public pour la dernière fois à l’Opéra, lors de la représentation de l’incomparable Torelli dans le rôle de La Traviata et cela dans la loge d’un compatriote fort ami de la diva, Mr Cornélius B. Wishbone, de Dallas, Texas. Elle y était en compagnie de la marquise de Sommières, de M lle du Plan-Crépin, de M. Adalbert Vidal-Pellicorne et du prince Morosini…
    Aldo eut l’impression soudaine que le sang se retirait vers ses extrémités et dut, en effet, s’asseoir. Pauline disparue, Pauline enlevée sans aucun doute, mais par qui ? comment ? où ?… Une bouffée de colère lui fit froisser le journal et il remarqua alors qu’il s’agissait d’une seule feuille et non du quotidien tout entier.
    — Comment ce… cette horreur est-elle arrivée ici ? Et où est le reste ?
    — Il n’y en a pas. Cette double page était soigneusement pliée dans une enveloppe au format commercial… et sans un mot !
    — Et pourquoi L’ Intransigeant seul ? Les autres journaux ne sont pas au courant ?
    — Ils doivent l’être maintenant. En tout cas, ce canard semble sûr de lui ! Puisque, si je ne me trompe, vous avez emprunté le même train ? M me Belmont était-elle avec vous ?
    — Elle devait y être, car je l’ai aperçue.
    — Seulement ? Vous ne l’avez pas rencontrée au wagon-restaurant ?
    — Je ne m’y suis pas rendu. J’avais trop peur de rencontrer qui que ce soit parce que je me sentais déjà mal fichu.
    — Qu’allez-vous faire maintenant ?
    — Je ne sais pas. Attendre…
    La sonnerie du téléphone lui coupa la parole. Agacé, il fit signe à Guy d’aller répondre. Celui-ci revint presque aussitôt.
    — C’est M me la marquise de Sommières, annonça-t-il.
    — Tante Amélie ? Au téléphone ? C’est à n’y pas croire ! Elle l’exècre !
    — Pas d’erreur possible !
    Un instant plus tard, il lui fallait se rendre à l’évidence… Elle ne lui laissa d’ailleurs pas le loisir de s’étonner :
    — Tu sais ce qui se passe ici ?
    — Pas depuis longtemps. On m’a envoyé par la poste la page de titre de L’ Intransigeant d’avant-hier. Anonymement, je précise.
    — Bon ! On n’a pas le temps pour ergoter. Il faut que tu viennes par le train qui quitte Venise ce soir. Ta femme est là ?
    — Non.

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