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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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occultées par des volets lui donnait mal au cœur.
    C’était la seconde fois que son ami lui tournait le dos à cause d’une femme, mais il n’avait pas ressenti la première brisure aussi douloureusement que celle-ci, qu’il devinait plus grave. Alice Astor avait ébloui Adalbert mais c’était une femme impossible et surtout trop sotte pour qu’il ne s’en aperçoive pas un jour ou l’autre. Et puis Aldo avait lui-même autre chose à faire. La Torelli, sa beauté rayonnante et sa voix de sirène s’apparentaient davantage à Circé et, s’il n’avait été prévenu – aussi bien par leurs relations initiales que par les demi-confidences de Wishbone ! –, il aurait pu se laisser séduire, mais en fait il n’y croyait pas. Lui avait Lisa… et Pauline ! Adalbert n’avait que le souvenir ébloui que lui avait procuré la découverte du tombeau de la Reine inconnue. Au contraire de ce qu’avait espéré son ami, la belle image devait être trop profondément enfouie dans le cœur d’Adalbert pour le protéger d’une femme redoutablement vivante !
    Ce fut avec un réel soulagement qu’il vit tomber le soir, boucla sa valise et descendit boire une dernière coupe de champagne en compagnie de Tante Amélie et de Marie-Angéline. Mais l’habituelle magie des petites bulles dorées ne joua pas. C’était un vin de fête et, sans vouloir l’avouer, aucun des trois ne se sentait le cœur léger : l’ombre de Pauline Belmont abandonnée à son sort, peut-être ?
    Aussi, quand Cyprien vint annoncer que le taxi appelé par Lucien attendait Monsieur le prince, celui-ci embrassa sa tante avec une chaleur inaccoutumée, sans oublier d’appliquer deux baisers sur les joues maigres de Plan-Crépin.
    — Sois tranquille ! On te communiquera toutes les nouvelles qui passeront à notre portée ! Fais-nous... ou plutôt fais confiance à Plan-Crépin !
    — Je n’en doute pas un seul instant ! Merci d’avance ! Veillez bien sur elle, ajouta-t-il à l’oreille de cette dernière… qui répondit par un regard indigné et un haussement d’épaules.
    Comme si elle n’avait jamais fait autre chose !
    Avec la déprimante impression d’être en train de devenir idiot, Aldo grimpa dans son taxi auquel Lucien intima :
    — Gare de Lyon ! Au départ des grandes lignes !
    L’homme fit signe qu’il avait compris et démarra sur l’asphalte mouillée où se reflétaient les réverbères. Aldo s’enfonça dans son coin, croisa les bras sur sa poitrine et ferma les yeux. L’itinéraire qu’il connaissait parfaitement pour l’avoir parcouru si souvent n’avait plus pour lui le moindre intérêt !
    Il n’avait pas envie de dormir pourtant, alors de temps en temps, il ouvrait un œil. Il vit ainsi défiler la Madeleine, un bout des Grands Boulevards et la place de la République. La circulation était dense à cette heure et les artères abondamment éclairées. Il y eut la Bastille et, cette fois, il garda les yeux ouverts : la gare était proche…
    Mais soudain, au lieu de piquer droit dessus par la rue de Lyon, le taxi obliqua à gauche pour s’engager dans l’avenue Daumesnil.
    — Dites donc, où allez-vous ? cria-t-il au chauffeur en tirant sur le loquet maintenant la vitre de séparation.
    Qui ne s’ouvrit pas ! Imperturbable, l’homme poursuivit son chemin comme s’il n’avait rien entendu.
    Pris de colère, Aldo frappa à coups redoublés sur le carreau.
    — Arrêtez-vous !… Arrêtez-vous immédiatement !
    Toujours rien. Il se jeta sur la portière… qui résista. Puis sur l’autre, qui ne s’ouvrit pas davantage…
    S’efforçant de maîtriser une fureur capable de lui brouiller les idées, il se recala sur les coussins. Peu passante, la grande artère prise entre une ligne de chemin de fer et quelques immeubles était mal éclairée et quasi déserte. Il comprit alors qu’il venait de se faire enlever à son tour, en plein Paris…

Troisième partie
UNE VICTOIRE À LA PYRRHUS

10
Un parfum de scandale…
    Cependant Aldo n’eut pas beaucoup de temps pour se poser des questions sur la longueur du parcours : on était presque arrivés. Franchi le boulevard Diderot, l’avenue devenait plus obscure et les grandes arcades de briques soutenant la ligne de chemin de fer banlieusarde faisaient face à des maisons basses, lépreuses pour la plupart, et à de petits entrepôts, le tout percé de ruelles mal pavées, mal éclairées et ne donnant passage qu’à un seul véhicule. Le taxi

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