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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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quoi que ce soit. Simultanément, un bracelet appartenant à des menottes emprisonnait un de ses poignets, puis il entendit le déclic du second.
    — Voilà ! On est inséparables ! conclut gaiement celui qui devenait son gardien. Maintenant on va t’aider à descendre !
    — Où m’emmenez-vous ? demanda-t-il.
    — Tu crois sincèrement qu’on va te le dire ? Au point où tu en es, ici ou là qu’est-ce que ça peut te faire ?
    — Je suis ainsi : un rien m’intéresse ! ironisa-t-il. J’imagine que nous allons dans un coin reposant – une forêt, de préférence ? – où il sera plus pratique de me tuer et vous débarrasser de ma carcasse qu’en plein Paris ?
    — Te tuer ? Pourquoi ? Tu es déjà mort !
    — C’est toujours bon à savoir…
    Son gardien l’aida à s’installer à l’arrière d’une voiture – confortable, d’ailleurs – et prit place à côté de lui. Le chauffeur et un troisième larron s’assirent à l’avant et le véhicule embraya doucement. À quelques mètres de là, on entendit siffler un train puis l’écho d’un haut-parleur et divers bruits normaux à proximité d’une gare.
    — Même un défunt de mon genre peut avoir envie d’une cigarette. Et vous m’avez pris les miennes, fit remarquer Aldo calmement.
    — Tu ne manques pas de cran ! J’aime ça !
    Il sentit que l’on plaçait le mince rouleau de tabac entre ses lèvres et que l’on approchait une flamme. Il aspira la fumée qu’il garda un instant dans sa bouche avant de l’avaler avec l’impression de renaître. Ce n’était pas le tabac anglais dont il avait l’habitude, mais une « Gitane » française qu’il ne détestait pas. Au moins, c’était une odeur familière et puis c’était chaud ! Bigrement appréciable par cette nuit froide et humide.
    Le silence régnait dans l’habitacle. Quand Aldo eut fini sa cigarette, il se sentit las tout d’un coup et bâilla.
    — Si tu veux dormir, ne te gêne pas ! dit son voisin. On en a pour un moment à tailler la route…
    Pourquoi pas, après tout ? Il n’avait aucun moyen de repérer seulement la direction. L’auto – une machine assez puissante – s’était livrée à un certain nombre de manœuvres, tournant à droite, à gauche, à plusieurs reprises. Il y eut un rapide passage de l’octroi mais qui ne lui apprit rien : ce pouvait être au nord aussi bien qu’au sud, à l’est ou à l’ouest. Ses compagnons de voyage restaient muets. Il aurait aimé pouvoir croiser les bras pour mieux s’accoter dans son coin, mais son poignet gauche captif l’en empêchait. Aussi se contenta-t-il d’appuyer sa tête au dossier et de fermer les yeux. Il avait faim et soif, et il était préférable de ne pas songer à sa copie peut-être en train de s’installer, à cet instant, à une table de l’agréable wagon-restaurant. Quoiqu’en y réfléchissant son alter ego eût intérêt à se faire servir dans sa cabine. La ressemblance n’était peut-être pas suffisante pour affronter trop d’éclairage et il était difficile d’aller dîner coiffé d’une casquette et affublé d’une écharpe remontant jusqu’au nez !
    Quant à ce qui l’attendait lui-même, il le verrait bien une fois arrivé à destination. Une chose était certaine, on l’avait piégé de main de maître et il ne se faisait guère d’illusions : ça n’allait pas être une partie de plaisir de se sortir de ce pétrin. Surtout si c’était une tombe perdue au fin fond d’une campagne…
    Pour éviter de s’attendrir sur son sort, il ferma les yeux en s’efforçant de ne plus penser et, la fatigue aidant, s’endormit presque aussitôt…
     
    En revenant de la messe, le surlendemain, et sans même prendre le temps d’ôter ses vêtements de sortie, Marie-Angéline demanda à Cyprien :
    — Toujours pas de nouvelles ?
    — Toujours pas ! Mais il n’est qu’un peu plus de 7 heures ! Madame la marquise a déjà demandé son petit déjeuner.
    En grimpant l’escalier quatre à quatre, elle pensa que la vieille dame n’avait pas dû dormir beaucoup non plus cette nuit et, de fait, en pénétrant dans la vaste chambre, elle la vit assise sur son lit, contemplant avec une mélancolie en accord avec ses traits tirés le plateau posé sur ses genoux.
    — Nous chipotons ? s’écria-t-elle en affectant de prendre un ton enjoué.
    M me de Sommières fit la grimace.
    — Ne criez pas si fort ! Je ne suis pas encore sourde ! Non, je ne chipote pas ! Je n’ai pas faim,

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