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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu’elle
aimait allaient risquer leur vie et elle serait séparée de son fiancé,
peut-être pour toujours. Tout espoir était perdu, elle était effondrée.
    Ils descendirent l’escalier
derrière Fitz. « C’était très intéressant, mon cher neveu », dit tante Herm,
aussi poliment que si elle sortait d’une exposition d’art moins ennuyeuse qu’elle
ne l’avait craint.
    Walter prit Maud par le bras pour
la retenir. Elle laissa passer trois ou quatre personnes afin que son frère ne
puisse pas les entendre. Mais elle ne s’attendait pas à ce qui suivit.
    « Épouse-moi », dit
Walter tout bas.
    Son cœur s’emballa. « Que
dis-tu ? murmura-t-elle. Comment ?
    — Épouse-moi, s’il te plaît.
Demain.
    — Ce n’est pas pos…
    — J’ai une autorisation
spéciale. » Il tapota la poche de poitrine de sa veste. « Je suis
passé vendredi au bureau d’état civil de Chelsea. »
    Prise de vertige, tout ce qu’elle
trouva à dire fut : « Nous avions décidé d’attendre », une
phrase qu’elle regretta aussitôt d’avoir prononcée.
    « Nous avons assez attendu,
insista-t-il. La crise est finie. Demain ou après-demain, ton pays et le mien
seront en guerre. Je serai obligé de quitter l’Angleterre. Je veux t’épouser
avant de partir.
    — Nous ne savons pas ce qui
va se passer !
    — C’est vrai. Mais quoi que
nous réserve l’avenir, je veux que tu sois ma femme.
    — Mais… » Maud se tut.
Pourquoi toutes ces objections ? Il avait raison. Personne ne savait ce
qui allait se passer, et cela ne faisait plus aucune différence. Elle voulait
être sa femme et aucun avenir imaginable ne pourrait rien y changer.
    Avant qu’elle n’ait pu ajouter un
mot, ils arrivèrent au pied des marches et rejoignirent le hall central, où une
rumeur excitée montait de la foule. Alors qu’elle aurait voulu poser quantité
de questions à Walter, Fitz insista pour l’escorter avec tante Herm à
travers la cohue. Lorsqu’ils furent arrivés sur Parliament Square, il fit
monter les deux femmes dans la voiture. Le chauffeur actionna le démarrage
automatique, le moteur vrombit et la voiture fila, laissant Fitz et Walter sur
le trottoir, au milieu d’une foule de gens qui attendaient de connaître leur
destin.
    7.
    Maud voulait être la femme de
Walter. C’était la seule chose dont elle était sûre. Elle s’accrocha à cette
idée pendant qu’interrogations et spéculations se bousculaient dans sa tête.
Devait-elle suivre le plan de Walter ou valait-il mieux patienter ? Si
elle acceptait de l’épouser demain, qui devait-elle mettre dans la confidence ?
Où iraient-ils après la cérémonie ? Vivraient-ils ensemble ? Et, si
oui, où ?
    Ce soir-là, avant le dîner, sa
femme de chambre lui apporta une enveloppe sur un plateau d’argent. Elle
contenait un feuillet de papier bristol crème, sur lequel Walter avait rédigé à
l’encre bleue, de son écriture droite et soignée, un court message :
     
    Six heures du soir.
    Mon amour,
    Demain après-midi, à trois
heures et demie, je t’attendrai dans une voiture rangée en face de chez Fitz. J’aurai
avec moi les deux témoins exigés. L’officier d’état civil nous attend à quatre
heures. J’ai réservé une suite à l’hôtel Hyde. J’ai déjà retiré la clé, pour
que nous n’ayons pas à nous attarder à la réception. Nous serons Mr et Mrs Woolridge.
Mets une voilette.
    Je t’aime, Maud.
    Ton fiancé,
     W.
     
    D’une main tremblante, elle posa
le feuillet sur sa coiffeuse en acajou ciré. Elle avait le souffle court. Les
yeux rivés sur les motifs floraux du papier peint, elle s’efforça de réfléchir
posément.
    Il avait bien choisi son heure :
le milieu de l’après-midi était calme et Maud pourrait s’éclipser en catimini. Tante Herm
faisait la sieste après le déjeuner et Fitz serait à la Chambre des lords.
    Impossible de prévenir Fitz, car
il ferait tout pour l’arrêter : au mieux, il se contenterait de l’enfermer
dans sa chambre, au pire, il la ferait interner dans un asile. Un aristocrate
fortuné n’avait aucun mal à se débarrasser ainsi d’une parente gênante. Il lui
suffirait de trouver deux médecins prêts à convenir avec lui qu’il fallait être
folle pour vouloir épouser un Allemand.
    Elle ne dirait rien à personne.
    Le faux nom et la voilette
révélaient que Walter voulait que tout se fasse dans le plus grand secret. Le
Hyde était un hôtel discret de

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