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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Knightsbridge, où ils ne risquaient pas de
croiser une de leurs connaissances. Elle frissonna d’impatience en pensant qu’elle
allait passer une nuit avec Walter.
    Mais que feraient-ils le
lendemain ? Un mariage secret ne le reste pas éternellement. Walter devait
quitter l’Angleterre dans deux ou trois jours. Le suivrait-elle ? Elle
craignait de nuire à sa carrière. Comment ses compatriotes pourraient-ils lui
faire confiance s’il était marié à une Anglaise ? Et s’il partait au
front, il la quitterait – dans ces conditions, à quoi bon aller en
Allemagne ?
    En dépit de toutes ces
incertitudes, une délicieuse excitation l’envahit. « Mrs Woolridge »,
dit-elle à haute voix, et, folle de joie, elle s’étreignit de toutes ses
forces.

XI .
4 août 1914
    1.
    Maud se leva dès l’aurore et s’assit
à sa coiffeuse pour écrire une lettre. Son tiroir contenait une réserve du
papier bleu armorié de Fitz et son encrier d’argent était rempli tous les
jours. Mon chéri, commença-t-elle, puis elle marqua une pause pour
réfléchir.
    Elle aperçut son reflet dans le
miroir ovale. Ses cheveux étaient ébouriffés et sa chemise de nuit froissée.
Une ride creusait son front et les commissures de ses lèvres. Elle extirpa un
petit morceau de légume logé entre deux dents. S’il me voyait en ce moment,
peut-être n’aurait-il pas envie de m’épouser, se dit-elle, comprenant aussitôt
que si elle se rangeait à son projet, il la verrait dans le même état dès le
lendemain matin. C’était une idée étrange, terrifiante et cependant excitante.
    Elle reprit :
     
    Oui, de tout mon cœur, je veux
t’épouser. Mais quel est ton plan ? Où irions-nous vivre ?
     
    Elle avait passé la moitié de la nuit
à y réfléchir. Les obstacles semblaient insurmontables.
     
    Si tu restes en Angleterre, on
t’enfermera dans un camp de prisonniers. Si nous allons en Allemagne, je ne te
verrai plus jamais car tu seras au front, loin de chez nous.
     
    Leurs parents risquaient de leur
causer encore plus d’ennuis que les autorités.
     
    Quand, informerons-nous nos
familles de notre union ? Pas avant la cérémonie, je t’en supplie, car
Fitz trouvera le moyen de nous arrêter. Et même après, il nous fera des
difficultés. Ton père aussi. Dis-moi ce que tu en penses.
    Je t’aime tendrement.
     
    Elle cacheta l’enveloppe et l’adressa
à sa garçonnière, distante de moins de cinq cents mètres. Puis elle sonna sa
femme de chambre, Sanderson, une jeune fille grassouillette au sourire
éclatant. « Si Mr Ulrich est sorti, lui dit Maud, allez à l’ambassade d’Allemagne,
à Carlton House Terrace. Dans un cas comme dans l’autre, attendez sa réponse. C’est
compris ?
    — Oui, mademoiselle.
    — Inutile d’en parler aux
autres domestiques. »
    Le visage de la jeune Sanderson
prit un air soucieux. De nombreuses femmes de chambre étaient au fait des
intrigues de leurs maîtresses, mais Maud n’avait jamais cultivé les amours
clandestines et Sanderson n’était pas habituée à la dissimulation. « Que
dois-je répondre à Mr Grout quand il voudra savoir où je vais ? »
    Maud réfléchit quelques instants.
« Dites-lui que je vous ai envoyée m’acheter certains articles féminins. »
La gêne aurait raison de la curiosité du majordome.
    « C’est entendu,
mademoiselle. »
    Sanderson s’en fut et Maud s’habilla.
    Comment réussirait-elle à se
comporter normalement en présence de sa famille. Fitz ne remarquerait sans
doute pas son humeur – les hommes ne sont pas très observateurs –, en
revanche tante Herm avait l’œil à tout.
    Elle descendit à l’heure du petit
déjeuner, mais elle était trop nerveuse pour avoir faim. Tante Herm
mangeait du hareng fumé dont l’odeur lui donna la nausée. Elle buvait quelques
gorgées de café quand Fitz apparut. Il prit lui aussi du hareng et ouvrit le Times. Qu’est-ce que je fais en temps normal ? s’interrogea Maud. Je
parle politique. C’est donc ce que je dois faire maintenant. Elle se tourna
vers son frère : « Il s’est passé quelque chose hier soir ?
    — J’ai vu Winston après la
réunion du cabinet, répondit Fitz. Nous demandons au gouvernement allemand qu’il
retire l’ultimatum adressé à la Belgique. » Il insista d’un ton méprisant
sur le « demandons ».
    Maud n’osait plus nourrir le
moindre espoir. « Cela signifie- t-il que nous n’avons pas entièrement
renoncé à

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