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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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à la main la badine en bois de frêne chère à
certains officiers. S’exprimant avec le même accent que Carlton-Smith, il
proféra des platitudes identiques. Quelle poisse, ragea Billy. Que venait faire
Fitz ici – engrosser les soubrettes françaises ? Se retrouver sous
les ordres de ce salopard, c’était dur à avaler.
    « Le sous-lieutenant
Carlton-Smith était encore à Eton l’année dernière », souffla Prophète à
Billy et à Mortimer, une fois les officiers partis. Eton, l’une des écoles les plus
chic d’Angleterre : Fitz y était allé lui aussi.
    « Comment ça se fait qu’il
soit déjà officier ? voulut savoir Billy.
    — Il était préfet d’études
là-bas.
    — Parfait ! Dans ce
cas, on est sauvés ! ironisa Billy.
    — Il connaît pas grand-chose
à la guerre, mais au moins il a l’intelligence de pas faire son petit coq. Il n’y
aura pas de problème avec lui tant qu’on le tiendra à l’œil. Mais si vous avez
l’impression qu’il va faire une grosse connerie, prévenez-moi. » Et d’ajouter,
en fixant Mortimer : « Tu as compris ? »
    Mortimer acquiesça à contrecœur.
    « Je compte sur vous. »
    Quelques minutes plus tard, c’était
l’extinction des feux. Il n’y avait pas de lits de camp, seulement des
paillasses étalées par terre sur plusieurs rangées.
    Couché sur l’une d’elles, Billy
se remémora avec admiration la façon dont Prophète s’était conduit avec
Mortimer : d’un subalterne réticent, il s’était fait un allié. Da ne s’y
prenait pas autrement pour retourner les fauteurs de troubles.
    Et Prophète en avait profité pour
lui adresser le même message qu’à Mortimer. Était-ce parce qu’il voyait en lui
un rebelle ? Il se rappela la scène du temple, le dimanche où il avait lu
l’histoire de la femme adultère. Prophète était parmi les fidèles, ce jour-là.
Il n’a pas tort, se dit Billy, je suis un fauteur de troubles.
    Il n’avait pas sommeil et il
faisait encore jour dehors ; néanmoins, il s’endormit immédiatement. Il
fut réveillé par un bruit effroyable. On aurait dit qu’un orage avait éclaté
juste au-dessus de sa tête. Il se redressa. La lumière terne de l’aube
pénétrait par les fenêtres striées de pluie, mais il n’y avait pas d’orage.
    Les autres soldats étaient tout
aussi ahuris. « Nom de Dieu ! Qu’est-ce que c’était ? s’exclama
Tommy.
    — Tir d’artillerie, répondit
Mortimer en allumant une cigarette. Nos canons. Bienvenue en France, Gallois ! »
    Billy ne l’écoutait pas. Il
regardait Owen Bevin, sur la paillasse en face de lui. Assis tout droit, le
gamin mordillait un coin de son drap en pleurant.
    8.
    Maud rêva que Lloyd George glissait
sa main sous sa jupe, sur quoi elle lui disait qu’elle était mariée à un
Allemand ; il prévenait la police, qui venait l’arrêter et frappait à la
fenêtre de sa chambre à coucher.
    Elle s’assit dans son lit, les
idées confuses, et mit un moment à se rendre compte qu’il était tout à fait
improbable que, même pour l’arrêter, des policiers frappent au carreau d’une
chambre située au deuxième étage d’une maison. Son rêve se dissipa, mais le
bruit persistait. On entendait aussi un grondement sourd, semblable à celui d’un
train au loin.
    Elle alluma sa lampe de chevet.
Sur le manteau de la cheminée, l’horloge en argent de style art nouveau
indiquait quatre heures du matin. Y avait-il eu un tremblement de terre ?
Une explosion dans une usine de munitions ? Un accident de chemin de fer ?
Elle rabattit sa courtepointe brodée et se leva.
    Ayant tiré ses lourds rideaux
rayés vert et bleu marine, elle regarda par la fenêtre. Dans la lumière de l’aube,
elle aperçut une jeune femme en robe rouge, probablement une prostituée qui rentrait
chez elle, parler d’un air inquiet au livreur de lait dans sa carriole. On ne
voyait personne d’autre dans cette rue de Mayfair. Les vitres continuaient à
vibrer sans raison apparente : il n’y avait même pas de vent.
    Maud passa une robe de chambre en
soie moirée sur sa chemise de nuit et jeta un coup d’œil dans la psyché. Malgré
ses cheveux défaits, elle était présentable. Elle sortit dans le couloir.
    Tante Herm s’y trouvait
déjà, en bonnet de nuit, à côté de Sanderson, la femme de chambre de Maud, dont
le visage rond était pâle de terreur. Grout apparut dans l’escalier. « Je
vous souhaite le bonjour, Lady Hermia ; je vous

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