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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pour repartir, courant jusqu’aux lignes allemandes.
    2.
    À trois kilomètres derrière la
ligne de front britannique, Fitz regardait avec angoisse le 8 e  bataillon
former les rangs. Il était un tout petit peu plus de deux heures du matin. Il
avait craint que ces soldats tout juste sortis de l’entraînement ne lui fassent
honte. Ce n’était pas le cas. Ils étaient d’humeur morose mais obéissaient aux
ordres avec empressement.
    À cheval, le général de brigade
les harangua brièvement. Éclairé en contre-plongée par la lampe d’un sergent,
il ressemblait au scélérat d’un film américain. « Notre artillerie a
anéanti les défenses allemandes, déclara-t-il. Quand vous atteindrez l’autre
côté, vous ne trouverez plus que des cadavres d’Allemands. »
    Une voix typiquement galloise
murmura : « C’est quand même merveilleux, pas vrai, que tous ces
Allemands crevés soient encore capables de nous tirer dessus ! »
    Fitz balaya les rangs des yeux
pour repérer le beau parleur, mais l’obscurité l’en empêcha.
    Le général de brigade continuait :
« Emparez-vous des tranchées et prenez-en le contrôle, les cuisines
roulantes vous suivent et vous serviront un repas chaud. »
    La compagnie B partit au combat,
menée par les sergents de section. Ils coupèrent à travers champs pour laisser
la route aux véhicules. Ces hommes entonnèrent « Guide-moi, ô grand
Jéhovah », et leurs voix continuèrent à vibrer dans l’air plusieurs
minutes après qu’ils se furent fondus dans les ténèbres.
    Fitz retourna au quartier général
du bataillon. Un camion ouvert attendait les officiers pour les conduire au
front. Fitz s’assit à côté du lieutenant Roland Morgan, fils du directeur des
charbonnages d’Aberowen.
    Tout en faisant de son mieux pour
décourager les propos défaitistes, il ne pouvait s’empêcher de se demander si l’optimisme
du général de brigade était vraiment fondé. Aucune armée n’avait jamais mis sur
pied une opération d’une telle envergure, et personne ne pouvait en prédire l’issue.
Ces sept jours de tirs ininterrompus n’étaient pas venus à bout des défenses
ennemies : comme l’avait fait ironiquement remarquer le soldat anonyme,
les Allemands ripostaient toujours. Fitz l’avait d’ailleurs consigné dans un
rapport, à la suite de quoi le Colonel Hervey lui avait demandé s’il avait
peur.
    Fitz s’inquiétait : quand l’état-major
général refusait d’écouter les mises en garde, des hommes mouraient.
    Comme pour lui confirmer la
justesse de ses réflexions, un obus éclata sur la route juste derrière lui.
Fitz, en se retournant, vit un camion identique au sien voler dans les airs,
déchiqueté. La voiture qui le suivait fît une embardée, tomba dans le fossé
avant d’être percutée à son tour par un autre camion. C’était une scène de
carnage, mais le chauffeur de Fitz ne s’arrêta pas pour porter secours aux
blessés. Il avait raison : c’était aux médecins de s’en occuper.
    D’autres obus s’abattaient dans
les champs, de part et d’autre de la route. Les Allemands visaient les voies d’accès
qui menaient à la ligne de front plutôt que le front lui-même. Ils devaient
avoir deviné qu’une grande offensive se préparait – leurs services de
renseignements avaient forcément repéré un mouvement de troupes aussi important
et, avec une efficacité mortelle, ils massacraient les soldats avant même qu’ils
n’atteignent les tranchées. Fitz réprima un sentiment de panique, mais la peur
le tenaillait. La compagnie B parviendrait-elle seulement jusqu’au champ
de bataille ?
    Il rejoignit le point de
rassemblement sans autre incident. Plusieurs milliers d’hommes étaient déjà là ;
appuyés sur les crosses de leurs fusils, ils discutaient à voix basse.
Plusieurs groupes, apprit-il, venaient d’être décimés dans ce bombardement. Il
attendit sa compagnie dans l’angoisse, se demandant si elle existait toujours.
À son grand soulagement, les copains d’Aberowen finirent par arriver sains et
saufs. Ils se mirent en formation et Fitz conduisit lui-même ses hommes sur les
dernières centaines de mètres qui les séparaient de la tranchée de
rassemblement, sur la ligne de front.
    Il ne leur restait qu’à attendre
l’heure de l’assaut. De l’eau stagnait au fond de la tranchée et les bandes
molletières de Fitz furent bientôt trempées. Il n’était plus permis de chanter,
car

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