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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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complètement en
arrière. Il avait calculé la distance comme s’il s’apprêtait à lancer un ballon
de rugby. Il se rendait vaguement compte que le Canadien, à côté de lui, était
tout aussi serein. La mitrailleuse cliqueta et cracha ses balles tout en
effectuant un mouvement de rotation dans leur direction.
    Ils lancèrent leurs grenades en
même temps. Elles atterrirent dans la tranchée juste à côté de l’emplacement.
On entendit un double bruit sourd. Billy poussa un hurlement de triomphe en
voyant le canon de la mitrailleuse projeté en l’air. Il dégoupilla sa deuxième
grenade et se précipita à l’assaut de la pente en criant : « Chargez ! »
    L’euphorie coulait dans ses
veines comme une drogue. Il avait à peine conscience du danger. Il n’avait
aucune idée du nombre d’Allemands qui pouvaient encore se cacher au fond de
cette tranchée, leurs fusils pointés sur lui. Ses hommes le suivirent. Il lança
sa deuxième grenade, le reste de l’escouade l’imita. Plusieurs grenades
volèrent n’importe où, d’autres atterrirent dans le trou et y explosèrent.
    Billy atteignit la tranchée. Et s’aperçut
à cet instant qu’il avait toujours son fusil Enfield en bandoulière. Le temps
qu’il soit en position de tir, les Allemands pouvaient le descendre. Pas une
balle ne l’atteignit.
    Leurs grenades avaient causé des
dégâts effroyables. Le fond de la tranchée était jonché de cadavres et – pire
encore – de débris de corps. Si des Allemands avaient survécu à cet
assaut, ils avaient battu en retraite. Billy sauta dans le boyau et saisit son
fusil des deux mains, prêt à tirer. C’était parfaitement inutile. Il n’y avait
plus un seul ennemi à abattre.
    Tommy se laissa tomber près de
lui en criant d’une voix vibrante : « Victoire ! On a pris une
tranchée allemande ! »
    Un sentiment d’allégresse sauvage
submergea Billy. Des ennemis avaient voulu le tuer et c’était lui qui les avait
éliminés. Il n’avait jamais ressenti une telle satisfaction. « Tu as
raison, Tommy. On a réussi ! »
    Il examina les fortifications
allemandes et fut frappé par leur qualité. Son œil de mineur savait juger de la
sécurité d’un ouvrage. Les parois étaient étayées par des planches et les
traverses parfaitement à angle droit ; les abris étaient creusés à une
profondeur incroyable, jusqu’à dix mètres sous terre, avec de vraies portes à
chambranle et des escaliers équipés de marches en bois. Cela expliquait qu’autant
d’Allemands aient pu survivre à sept jours de bombardements continus.
    Ils avaient sûrement creusé leurs
tranchées en réseau, avec des boyaux de communication qui reliaient le front
aux zones de stockage et d’entretien à l’arrière. Il fallait donc s’assurer qu’il
n’y avait pas de soldats ennemis en embuscade. Billy partit en éclaireur à la
tête de son groupe, le fusil prêt à tirer ; ils ne trouvèrent personne.
    Le réseau de tranchées débouchait
au sommet de la colline. De là, Billy regarda autour de lui. À leur gauche,
au-delà d’une étendue entièrement ravagée par les obus, d’autres Britanniques s’étaient
rendus maîtres du secteur voisin ; sur leur droite, la tranchée s’arrêtait
et une pente descendait vers un vallon traversé par un ruisseau.
    Portant le regard à l’est, il
scruta le territoire tenu par l’ennemi. Il savait qu’un autre réseau de
tranchées s’étendait à deux ou trois kilomètres de distance : la deuxième
ligne de défense allemande. Il était prêt à poursuivre la progression avec son
petit groupe, mais hésita. Il ne voyait pas d’autres soldats anglais avancer.
En outre, ses hommes avaient presque épuisé leurs munitions. D’un moment à l’autre,
des camions de ravitaillement bringuebalants allaient certainement traverser le
no man’s land parsemé de trous d’obus pour leur apporter des munitions et des
instructions concernant la phase suivante.
    Il leva la tête. Il devait être
midi. Ses hommes n’avaient pas mangé depuis la veille au soir. « Allons
voir si les Allemands n’ont pas laissé de la boustifaille », dit-il. Il
posta Graisse-de-rognon Hewitt en sentinelle au sommet de la colline, pour s’assurer
que les Allemands ne contre-attaqueraient pas.
    Maigre butin. Apparemment, l’ennemi
n’était pas très bien nourri. Ils ne trouvèrent que du pain noir rassis et du
saucisson sec, genre salami. Il n’y avait même pas de bière.

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