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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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croise la tranchée allemande ?
    — Oui.
    — Un peu plus à droite.
    — Où ça ?… Ça y est, je
les vois, ces salauds ! » Juste devant lui, un peu sur la droite, il
distinguait quelque chose au-dessus du parapet, quelque chose qui ressemblait à
un bouclier d’acier et d’où émergeait le canon parfaitement identifiable d’une
mitrailleuse. Billy crut apercevoir les casques de trois servants autour de la machine,
mais c’était difficile d’en être sûr.
    Ils doivent se concentrer sur la
brèche de nos barbelés, pensa-t-il. Cela faisait en effet plusieurs fois qu’ils
tiraient sur les soldats qui surgissaient à cet endroit. Le mieux était
probablement d’attaquer les Allemands par un angle différent. Si son escouade
arrivait à traverser le no man’s land en diagonale, elle pourrait rejoindre la
mitrailleuse sur la gauche pendant que les Allemands regardaient de l’autre
côté.
    Il élabora un itinéraire en se
servant de trois grands cratères. Le troisième était juste au-delà d’une
section complètement aplatie des barbelés allemands.
    Était-ce une bonne stratégie
militaire ? Il n’en avait aucune idée depuis ce matin, la bonne stratégie
avait fait plusieurs milliers de morts. Qu’elle aille au diable !
    Il se laissa glisser au fond du
trou et regarda ses hommes. George Barrow était bon tireur malgré sa jeunesse. « La
prochaine fois que la mitrailleuse ouvre le feu, prépare-toi à tirer, lui
dit-il. Dès qu’elle s’arrête, tu commences. Avec un peu de chance, ils se
mettront à l’abri. J’en profiterai pour courir dans le trou d’obus qui est
là-bas. Tire régulièrement et sans t’arrêter, vide ton chargeur. Tu as dix
coups. Débrouille-toi pour les faire durer au moins trente secondes. Que j’aie
le temps de me planquer avant que les Allemands relèvent la tête. » Il se
tourna vers les autres : « Vous, vous attendez une autre pause et
alors, tous ensemble, vous courrez me rejoindre. Tommy vous couvrira. La
troisième fois, c’est moi qui couvrirai Tommy qui nous rejoindra. »
    La compagnie D s’élança dans
le no man’s land. La mitrailleuse ouvrit le feu. Fusils et mortiers tirèrent en
même temps. Mais le carnage fut moindre, les soldats étant plus nombreux à se
laisser tomber dans les trous d’obus au lieu de courir sous la grêle de balles.
    Encore une minute, et j’y vais,
pensa Billy. Maintenant qu’il avait expliqué à ses hommes ce qu’il allait
faire, il ne pouvait plus reculer, il aurait trop honte. Il serra les dents.
Mieux vaut mourir qu’être lâche ! se dit-il encore.
    La mitrailleuse se tut.
    En un clin d’œil, Billy bondit
sur ses pieds, offrant à l’ennemi une cible facile. Courbé en deux, il s’élança
à toutes jambes.
    Dans son dos, il entendit Barrow
tirer. Sa vie était entre les mains d’un gamin de dix-sept ans réchappé d’une
maison de correction. George tirait avec régularité : pan, deux, trois ;
pan, deux, trois – exactement comme il le lui avait ordonné.
    Billy courait aussi vite que le
lui permettait son équipement pesant. Ses bottes s’enfonçaient dans la boue, sa
respiration était saccadée, il avait la poitrine en feu, mais il n’avait qu’une
idée en tête : courir plus vite. Jamais il n’avait frôlé la mort d’aussi
près.
    À deux mètres du cratère, il
lança son pistolet dans le trou et plongea comme pour plaquer un adversaire au
rugby. Il atterrit au bord et dévala au fond, dans la boue. Il était vivant, c’était
à peine croyable !
    Des acclamations parvinrent à ses
oreilles. C’était son escouade qui l’applaudissait. Comment pouvaient-ils être
aussi joyeux au milieu d’un tel carnage ? Décidément, les hommes étaient
bien étranges !
    Quand il eut repris son souffle,
il glissa un œil prudent au-dessus du bord du cratère. Il avait parcouru une
centaine de mètres. Il allait falloir un certain temps pour faire traverser le
no man’s land à tous ses hommes. Mais c’était ça ou le suicide.
    La mitrailleuse ouvrit à nouveau
le feu. Quand elle s’arrêta, Tommy commença à tirer. Prenant exemple sur
George, il marquait un temps d’arrêt entre chaque coup de feu. Comme nous
apprenons vite quand notre vie est en jeu, pensa Billy. Tommy tirait la dixième
et dernière balle de son chargeur quand le reste de son escouade se laissa
tomber dans le cratère à côté de lui.
    « Par ici ! »
hurla Billy à ses hommes pour qu’ils se

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