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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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partir de l’empiècement, très à la mode. Il était
garni de fourrure noire, ce qui devait être bien agréable à Washington en ce
mois de février. Son chapeau gris, petit et rond, s’agrémentait d’un ruban
rouge et d’une plume fort encombrante. Mais quand avait-on vu des Américaines
porter des chapeaux pratiques ?
    « Votre invitation m’honore,
dit-elle et il se demanda si elle se moquait de lui. Vous rentrez tout juste d’Europe,
n’est-ce pas ? » Ils déjeunaient dans la salle à manger de l’hôtel
Willard, à deux rues à l’est de la Maison-Blanche. Elle se doutait que Gus ne l’avait
pas invitée sans une idée derrière la tête.
    « J’ai une information pour
vous, annonça-t-il, à peine eurent-ils passé commande.
    — Magnifique !
Laissez-moi deviner. Le président va divorcer d’Edith pour épouser Mary Peck ?»
    Gus fronça les sourcils. Wilson
avait eu un flirt avec Mary Peck à l’époque où il était marié à sa première
épouse. Gus doutait qu’ils soient allés jusqu’à l’adultère, mais Wilson avait
eu la bêtise d’écrire à sa dulcinée des lettres plus tendres que ne l’autorisaient
les convenances. Les ragots étaient allés bon train à Washington, même si rien
n’avait transpiré dans la presse. « Je vous parle de quelque chose de très
sérieux, dit Gus sur un ton sévère.
    — Oh, pardon ! s’exclama
Rosa d’un air si solennel que Gus faillit éclater de rire.
    — La seule condition, c’est
que vous ne révéliez à personne que vous tenez cette information de la Maison-Blanche.
    — Entendu.
    — Je vais vous montrer un
télégramme du ministre allemand des Affaires étrangères, Arthur Zimmermann,
adressé à l’ambassadeur d’Allemagne au Mexique. »
    Elle ne cacha pas sa surprise. « Où
avez-vous obtenu ça ?
    — De Western Union, mentit-il.
    — Il n’est pas codé ?
    — Les codes sont faits pour
être décryptés. » Il lui remit une copie dactylographiée du texte intégral
traduit en anglais.
    — C’est confidentiel ?
    — Non. La seule chose que je
vous demande, c’est de ne dire à personne comment vous avez obtenu ce document.
J’y tiens.
    — Bien. » Elle commença
à lire. Très vite, sa lèvre inférieure tomba. Elle leva les yeux. « Gus,
dit-elle. C’est vrai ?
    — Vous m’avez déjà vu faire
des blagues ?
    — Jamais. » Elle reprit
sa lecture. « Les Allemands vont payer le Mexique pour qu’il envahisse le
Texas ?
    — C’est ce que prétend Herr
Zimmermann.
    — Ce n’est pas un sujet d’article,
Gus, c’est le scoop du siècle ! »
    Il s’autorisa un petit sourire,
essayant de masquer son sentiment de triomphe. « Je pensais bien que vous
diriez ça.
    — Vous agissez de votre
propre chef ou au nom du président ?
    — Rosa, croyez-vous que je
ferais une chose pareille sans l’approbation des plus hautes autorités ?
    — Non, sûrement pas. Eh bien !
C’est donc le président des États-Unis qui me transmet cette information.
    — Pas officiellement.
    — Mais comment puis-je être
certaine que tout cela est vrai ? Je ne peux pas écrire un article en me
fondant uniquement sur un bout de papier et sur votre parole. »
    Gus s’y attendait. « Le
secrétaire d’État Lansing confirmera personnellement l’authenticité de ce
télégramme à votre patron, à condition que leur conversation demeure
confidentielle.
    — Ça ira. » Elle reposa
les yeux sur la page. « Ça change tout. Vous imaginez la réaction de la
population américaine quand elle lira cela ?
    — Je pense que cela pourrait
l’inciter à envisager d’entrer en guerre contre l’Allemagne.
    — Envisager ? s’écria-t-elle.
Ils écumeront de rage, oui ! Wilson sera obligé de déclarer la guerre ! »
    Gus ne broncha pas.
    « Oh, je vois, reprit Rosa
au bout d’un moment. Je comprends pourquoi vous tenez à publier ce télégramme.
En fait, le président veut déclarer la guerre. »
    Il sourit. C’était un plaisir de
discuter avec une femme aussi intelligente que spirituelle. « Je n’ai pas
dit ça.
    — Mais les Américains vont
être tellement en colère quand ils auront connaissance de ce télégramme qu’ils
exigeront d’entrer en guerre. Et Wilson pourra dire qu’il n’a pas manqué à ses
promesses électorales, que c’est l’opinion publique qui l’a contraint à changer
de politique. »
    En fait Rosa était peut-être un
peu trop brillante. Et c’est

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