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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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d’autres,
étirés en file indienne à cause de l’étroitesse du passage. Derrière eux, Fitz
entrevit des flammes dans le salon et la salle à manger.
    Il sortit son Webley, un revolver
à double action qui n’avait donc pas besoin d’être réarmé. Prenant appui sur sa
jambe valide, il visa soigneusement le ventre du soldat qui courait sur lui. Il
pressa la détente, le coup partit, l’homme s’affaissa par terre à ses pieds.
Dans la cuisine, les femmes hurlèrent de terreur.
    Fitz tira aussitôt sur le
suivant, qui s’écroula lui aussi. Une troisième balle eut le même résultat. Le
quatrième homme battit en retraite dans la salle à manger.
    Fitz claqua la porte. Ses
poursuivants allaient se montrer plus prudents, ne sachant comment vérifier s’il
était encore à l’affût. Leurs tergiversations lui donneraient juste le temps
nécessaire.
    Il souleva à nouveau Valeria, qui
semblait perdre conscience. Il n’était jamais entré dans les cuisines de cette
maison, mais se dirigea vers l’arrière. Un nouveau couloir le mena dans une
série de réserves et de buanderies. Enfin, il ouvrit une porte donnant sur l’extérieur.
    En sortant, hors d’haleine, la
jambe traversée par une douleur insoutenable, il vit la voiture qui attendait.
Jenkins était assis sur le siège du cocher, Bea à l’arrière avec Nina qui
pleurait toutes les larmes de son corps. Un garçon d’écurie terrorisé tenait
les rênes.
    Il allongea Valeria inconsciente
à l’intérieur de la voiture, y monta à son tour et cria à Jenkins : « Allez !
Allez ! »
    Jenkins fouetta les chevaux, le
garçon d’écurie s’écarta d’un bond et la voiture s’ébranla.
    « Tout va bien ?
demanda Fitz à Bea.
    — Non, mais je n’ai rien et
je suis en vie. Et vous ?…
    — Rien de cassé. En
revanche, je crains pour la vie de votre frère. » En réalité, il était
certain que Andreï était mort à présent, et il hésitait à le lui dire.
    Bea regarda la princesse
inconsciente. « Qu’est-il arrivé ?
    — Elle a dû être touchée par
une balle. » Fitz l’observa plus attentivement. Le visage de Valeria était
blanc et figé. « Oh mon Dieu, murmura-t-il.
    — Elle est morte, c’est cela ?
dit Bea.
    — Soyez courageuse.
    — N’ayez crainte, je le
serai. » Bea prit la main inerte de sa belle-sœur. « Pauvre Valeria. »
    L’attelage dévala l’allée,
laissant derrière lui le petit manoir où avait vécu la mère de Bea après la
mort de son mari. Fitz se retourna vers la grande maison. Un petit groupe de
poursuivants déçus se tenaient devant la porte de la cuisine. L’un d’eux
pointait un fusil. Fitz obligea Bea à baisser la tête et fit de même.
    Quand il regarda à nouveau, ils
étaient hors de portée. De toutes les ouvertures de la maison s’échappaient
domestiques et paysans. Une étrange clarté brillait aux fenêtres. Fitz comprit
que la demeure était en feu. Un nuage de fumée se formait devant la porte d’entrée.
Une flamme orange jaillit d’une fenêtre et embrasa la vigne vierge qui grimpait
sur les murs.
    La voiture aborda alors une côte
et redescendit sur l’autre versant. La vieille demeure disparut de leur vue.

XXVIII
Octobre-novembre 1917
    1.
    Walter grommela : « L’amiral
von Holtzendorff nous avait promis qu’il ne faudrait que cinq mois pour réduire
les Anglais à la famine. C’était il y a neuf mois.
    — Il s’est trompé »,
dit son père.
    Walter ravala une réplique
cinglante.
    Ils se trouvaient dans le bureau
d’Otto au ministère des Affaires étrangères de Berlin. Otto occupait un
fauteuil de bois sculpté derrière une table imposante. Derrière lui, sur le
mur, un tableau représentait le couronnement du kaiser Guillaume I er ,
grand-père de l’empereur actuel, dans la galerie des Glaces de Versailles.
    Walter était exaspéré par les
excuses de son père. Elles ne tenaient pas debout. « L’amiral a donné sa
parole d’officier qu’aucun Américain ne poserait le pied en Europe, reprit-il.
À en croire notre service de renseignements, quatorze mille d’entre eux ont
débarqué en France en juin. Sa parole d’officier ! Franchement, bravo ! »
    Otto fut piqué au vif. « Il
a fait ce qu’il estimait être le mieux pour son pays, rétorqua-t-il, irrité. Qu’aurait-il
pu faire de plus ? »
    Walter éleva la voix. « Vous
voulez le savoir ? Il aurait pu s’abstenir de faire de fausses promesses.
Quand on n’est

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