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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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leur
avantage. Jusqu’à présent, tous les soldats ne soutenaient pas les bolcheviks,
mais la décision de Kerenski de les envoyer au front pouvait convaincre les
indécis. Plus il y réfléchissait, plus il se persuadait que Kerenski venait de
commettre une grossière erreur.
    L’institut Smolni était une
grande bâtisse qui avait servi d’établissement scolaire pour jeunes filles de
bonne famille. Deux mitrailleuses du régiment de Grigori en gardaient l’entrée.
Des gardes rouges prétendaient vérifier les identités, mais Grigori remarqua,
non sans un certain malaise, qu’il y avait un tel va-et-vient que leur contrôle
manquait singulièrement de rigueur.
    La cour était le théâtre d’une
activité frénétique. Blindés, motocyclettes, voitures et camions en perpétuel
mouvement se disputaient l’espace. Un vaste escalier menait à une galerie d’arcades
soutenues par un alignement de colonnades classiques. Grigori trouva le comité
exécutif du soviet en séance dans une salle du premier étage.
    Les mencheviks appelaient les
soldats de la garnison à se préparer à partir au front. Comme toujours,
constatait Grigori avec écœurement, les mencheviks capitulaient sans combattre.
Dans un sursaut de panique, il se demanda si la révolution n’était pas en train
de lui échapper.
    Il s’associa à d’autres
bolcheviks pour élaborer une résolution plus radicale. « La seule manière
de défendre Petrograd contre les Allemands, déclara Trotski, c’est de mobiliser
les ouvriers.
    — Comme nous l’avons fait
lors du putsch de Kornilov, approuva Grigori avec enthousiasme. Il nous faut un
nouveau comité de lutte pour coordonner la défense de la ville. »
    Trotski rédigea un projet et se
leva pour le présenter.
    Les mencheviks furent
scandalisés. « Vous allez créer un deuxième commandement militaire qui
fera doublon avec le quartier général ! s’indigna Mark Broïdo. Personne ne
peut servir deux maîtres à la fois. »
    Au grand dam de Grigori, les
membres du comité se rangèrent majoritairement à cet avis. La proposition des
mencheviks fut approuvée et Trotski mis en échec. Grigori quitta le comité
complètement désespéré. La loyauté des soldats à l’égard du soviet
survivrait-elle à une telle rebuffade ?
    Dans l’après-midi, les bolcheviks
se réunirent dans la salle 36 et décidèrent de ne pas accepter cette
décision. Ils convinrent de soumettre à nouveau leur proposition le soir même à
la séance plénière du soviet.
    La deuxième fois, les bolcheviks
obtinrent gain de cause. Grigori fut soulagé. Le soviet avait confirmé son
soutien aux soldats et instauré un nouveau commandement militaire. Ils avaient
franchi un grand pas en direction du pouvoir.
    3.
    Le lendemain, gonflés d’optimisme,
Grigori et les autres bolcheviks influents sortirent discrètement de l’institut
Smolni, isolément ou par deux, en veillant à ne pas attirer l’attention de la
police secrète. Ils convergèrent vers le grand appartement de la camarade
Galina Flaxerman pour assister à la réunion du comité central.
    Grigori n’était pas tranquille et
préféra être en avance. Il fit le tour du pâté de maisons, guettant d’éventuels
flâneurs qui pourraient être des espions de la police, mais aucun passant ne
lui parut suspect. Dans l’immeuble, il repéra les différentes issues – au
nombre de trois – et localisa celle qui permettrait la fuite la plus
rapide.
    Les bolcheviks prirent place
autour d’une grande table de salle à manger, tous vêtus du manteau de cuir qui
était devenu chez eux une sorte d’uniforme. Lénine n’étant pas là, ils
commencèrent sans lui. Grigori s’inquiétait pour lui – il avait peut-être
été arrêté –, mais il arriva à dix heures, coiffé d’une perruque qui ne
cessait de glisser et lui donnait l’air un peu ridicule.
    La résolution qu’il proposa n’avait
rien de risible, en revanche : elle appelait à un soulèvement armé sous la
houlette des bolcheviks pour renverser le gouvernement provisoire et prendre le
pouvoir.
    Grigori était aux anges. C’est ce
que tout le monde souhaitait évidemment, néanmoins la plupart des révolutionnaires
prétendaient que le moment n’était pas encore venu. Et voilà que le plus
important d’entre eux déclarait enfin : « Allons-y ».
    Lénine parla pendant une heure.
Il fut comme toujours véhément, hurlant, frappant la table du poing, accablant
ceux qui le

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