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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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prit une
bouteille de whisky. « Reste ici pour garder la charrette, dit-il à Sid.
Sinon, elle aura disparu quand on reviendra.
    — T’en fais pas »,
répondit Sid, qui n’avait pourtant pas l’air rassuré.
    Passant la main sous sa capote,
Lev effleura le Colt 45 semi-automatique glissé dans un étui à sa ceinture
et franchit la porte de service.
    C’était un café version
sibérienne. Une petite pièce avec quelques chaises et une table. Il n’y avait
pas de bar, mais une porte ouvrait sur une cuisine crasseuse où l’on apercevait
un tonneau et une étagère couverte de bouteilles. Trois hommes vêtus de
fourrures mitées étaient assis près du feu de bois. Lev reconnut celui du
milieu, un certain Sotnik. Il portait un pantalon bouffant rentré dans des
bottes d’équitation. Il avait les pommettes saillantes, le teint rougi et
buriné par le grand air, et les yeux bridés dans un visage orné de favoris et d’une
moustache rebiquée. Il pouvait avoir n’importe quel âge, entre vingt-cinq et
cinquante-cinq ans.
    Lev serra les mains des uns et
des autres, puis déboucha la bouteille tandis que l’un des hommes, sans doute
le propriétaire du bar, apportait quatre verres dépareillés. Lev versa de
généreuses rasades et ils burent.
    « C’est le meilleur whisky
du monde, dit Lev en russe. Il vient d’un pays froid, comme la Sibérie, où l’eau
des torrents de montagne n’est que de la neige fondue. Dommage qu’il soit aussi
cher. »
    Le visage de Sotnik était
impassible. « Combien ? »
    Lev n’avait pas l’intention de le
laisser reprendre ses marchandages. « Le prix que tu as accepté hier,
dit-il. Payable en roubles or uniquement.
    — Combien de bouteilles ?
    — Cent quarante-quatre.
    — Où sont-elles ?
    — À côté.
    — Tu devrais faire
attention. Il y a des voleurs dans le coin. »
    Cela pouvait être aussi bien un
avertissement qu’une menace.
    Lev supposait que l’ambiguïté
était voulue. « J’en connais un bout sur les voleurs. J’en suis un
moi-même. »
    Sotnik observa ses deux
compagnons et, après un instant de silence, il éclata de rire. Les autres en
firent autant.
    Lev servit une nouvelle tournée. « Ne
vous en faites pas, ajouta-t-il. Votre whisky est en sécurité – derrière
le canon d’une arme. » Cette remarque était, elle aussi, ambiguë.
Rassurante ou menaçante.
    « Très bien », approuva
Sotnik.
    Lev but son whisky et consulta sa
montre. « Une patrouille de la police militaire doit passer dans le
quartier dans pas longtemps, mentit-il. Il faut que j’y aille.
    — Encore un verre »,
proposa Sotnik.
    Lev se leva. « Vous le
voulez, ce whisky, oui ou non ? demanda-t-il sans chercher à dissimuler
son agacement. Je trouverai facilement un autre acheteur. » C’était vrai.
L’alcool se vendait toujours.
    « Je le prends.
    — Mets l’argent sur la
table. »
    Sotnik se baissa, ramassa une
sacoche et se mit à compter des pièces de cinq roubles. Le prix convenu était
de soixante roubles la douzaine de bouteilles. Sotnik disposa lentement les
pièces en piles de vingt et s’arrêta au bout de douze piles. Lev le soupçonnait
d’être incapable de compter jusqu’à cent quarante-quatre.
    L’opération terminée, Sotnik
regarda Lev. Lev acquiesça. Sotnik remit les pièces dans la sacoche.
    Ils sortirent, Sotnik portant le
sac. Il faisait nuit, mais la lune éclairaitsuffisamment. Lev dità
Sid en anglais : « Reste sur la charrette. Fais gaffe. » Dans
les transactions illégales, le moment où l’acheteur avait l’occasion de s’emparer
de la marchandise et de garder l’argent était toujours délicat. Lev n’avait pas
l’intention de prendre de risque avec le prix du billet de Grigori.
    Lev enleva la bâche et poussa
trois boîtes de cacao sur le côté pour faire apparaître le scotch. Il prit une
caisse et la déposa aux pieds de Sotnik.
    L’autre Cosaque s’approcha de la
charrette et tendit les mains vers une autre caisse.
    « Non », fit Lev. Il se
tourna vers Sotnik. « La sacoche. »
    Il y eut un long temps mort.
    Assis sur le siège du cocher, Sid
écarta son manteau pour montrer son arme.
    Sotnik remit la sacoche à Lev.
    Lev jeta un coup d’œil à l’intérieur,
mais décida de ne pas recompter l’argent. Si Sotnik avait retiré subrepticement
quelques pièces, il l’aurait vu. Il la tendit à Sid et aida les Cosaques à
décharger la charrette.
    Il échangea des

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