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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dis ? »
Grigori n’en revenait pas.
    Lev hocha la tête. « Tu
étais fou d’elle et elle avait besoin d’un type solide et sur lequel elle
puisse compter pour élever son gosse. C’était couru d’avance.
    — Ça m’a torturé ! »
protesta Grigori. Tous ses scrupules avaient donc été inutiles ? « J’étais
ravagé à l’idée d’être déloyal envers toi !
    — Mais non ! Je l’avais
plaquée, merde ! Je vous souhaite beaucoup de bonheur à tous les deux. »
    Grigori était effaré de la
légèreté avec laquelle Lev prenait la chose.
    « Tu t’es un peu inquiété
pour nous, quand même ? demanda-t-il d’un ton pincé.
    — Tu me connais, Gricha. »
    Évidemment, il ne s’en était pas
fait pour eux.
    « Tu n’as même pas pensé à
nous.
    — Bien sûr que si. Ne fais
pas ta sainte-nitouche. Tu la voulais, Katerina. Tu t’es retenu pendant un
moment, peut-être des années, mais tu as fini par te l’envoyer. »
    C’était la vérité brute. Lev
avait le don agaçant de ramener tout le monde à son niveau. « Tu as
raison, dit Grigori. Nous avons un deuxième enfant maintenant. Une fille, Anna.
Elle a un an et demi.
    — Deux adultes et deux
enfants. Ça ne fait rien. J’ai assez.
    — De quoi parles-tu ?
    — Je me suis fait du fric en
vendant le whisky des réserves de l’armée britannique aux Cosaques. Une petite
fortune. » Lev plongea la main sous sa chemise d’uniforme, détacha une
boucle et exhiba une ceinture-portefeuille. « J’ai là-dedans de quoi payer
vos quatre billets pour l’Amérique ! » Il tendit la ceinture à
Grigori.
    Grigori était à la fois surpris
et ému. Lev n’avait pas complètement oublié sa famille, finalement. Il avait
économisé l’argent de leur voyage. Bien sûr, il fallait qu’il le lui remette de
façon ostentatoire ; c’était dans sa nature. Malgré tout, il avait été
fidèle à sa promesse.
    Quel dommage que ce soit inutile
à présent !
    « Merci, répondit Grigori.
Je suis fier de toi parce que tu as tenu parole. Mais ce n’est plus nécessaire.
Je peux te faire libérer et t’aider à reprendre une vie normale en Russie. »
Il lui rendit la ceinture. Lev la prit et la regarda fixement. « Qu’est-ce
que tu veux dire ? »
    Lev avait l’air meurtri. Grigori
comprit qu’il était blessé par son refus. Néanmoins il avait un autre souci,
bien plus préoccupant, en tête. Qu’arriverait-il quand Lev et Katerina se
retrouveraient ? Retomberait-elle amoureuse du plus séduisant des deux
frères ? Grigori était pétrifié à l’idée qu’il pourrait la perdre après
tout ce qu’ils avaient vécu ensemble. « Nous vivons à Moscou maintenant,
expliqua-t-il. Nous avons un appartement au Kremlin, Katerina, Vladimir, Anna
et moi. Je peux te procurer un logement sans trop de difficultés…
    — Attends. » Le visage
de Lev trahissait son incrédulité. « Tu crois que je veux revenir en
Russie ?
    — C’est déjà fait.
    — Mais pas pour y rester !
    — Ne me dis pas que tu veux retourner
en Amérique ?
    — Bien sûr que si ! D’ailleurs,
tu ferais bien de venir avec moi.
    — Mais ce n’est plus la
peine. La Russie n’est plus comme avant. Le tsar n’est plus là !
    — J’aime les États-Unis, dit
Lev. Ça te plaira à toi aussi, ça vous plaira à vous tous, surtout à Katerina.
    — Mais nous sommes en train
d’écrire l’histoire ici ! Nous avons inventé une nouvelle forme de
gouvernement, le soviet. C’est une nouvelle Russie, un monde nouveau ! Tu
ne te rends pas compte de ce que tu rates !
    — C’est toi qui ne comprends
pas. En Amérique, j’ai une voiture à moi. Il y a plus de nourriture qu’on ne
peut en manger. J’ai tout l’alcool que je veux, toutes les cigarettes que j’ai
envie de fumer. J’ai six costumes !
    — À quoi ça te sert, d’avoir
six costumes ? dit Grigori agacé. C’est comme d’avoir six lits. Tu ne peux
pas te coucher dans plus d’un à la fois !
    — Je ne vois pas les choses
comme ça. »
    La conversation était d’autant
plus exaspérante que Lev semblait persuadé que c’était Grigori qui se
fourvoyait. Grigori ne savait plus quoi dire pour convaincre son frère. « C’est
vraiment la vie que tu souhaites ? Des cigarettes, des vêtements à ne
savoir qu’en faire et une voiture ?
    — Tout le monde veut ça.
Vous autres, bolcheviks, vous feriez bien de ne pas l’oublier. »
    Ce n’était quand même

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