La Chute Des Géants: Le Siècle
Billy dénonçait l’incompétence
du régime de Koltchak, expliquant que, malgré tout son or, il n’avait pas été
fichu de payer le personnel du Transsibérien et souffrait en conséquence de
problèmes de transport et de ravitaillement permanents. Elle décrivait
également l’aide que l’armée britannique tentait d’apporter. Cette information
avait été dissimulée à la population britannique qui finançait l’armée avec ses
impôts et dont les fils risquaient la mort.
Murray demanda à Billy : « Niez-vous
avoir envoyé ce message ?
— Je ne peux pas m’exprimer
sur une pièce à conviction obtenue par des moyens illégaux.
— La destinataire,
E. Williams, est en réalité Mrs Ethel Leckwith, qui dirige la
campagne « La Russie aux Russes », c’est bien ça ?
— Je ne peux pas m’exprimer
sur une pièce à conviction obtenue par des moyens illégaux.
— Lui avez-vous envoyé d’autres
messages codés auparavant ? »
Billy ne répondit pas.
« Elle a utilisé les
informations que vous lui avez communiquées pour rédiger des articles de presse
hostiles qui discréditent l’armée britannique et compromettent la réussite de
notre opération dans ce pays.
— C’est faux, répliqua
Billy. Si l’armée est discréditée, c’est par les hommes qui nous ont chargés d’une
mission secrète et illégale, à l’insu du Parlement et sans son consentement. La
campagne « La Russie aux Russes » est une première démarche, une
démarche indispensable, pour que nous reprenions notre rôle, lequel consiste à
défendre la Grande-Bretagne et non à fournir une armée privée à un petit
complot de généraux et de politiciens de droite. »
Le visage de Fitz était rouge de
colère. Billy le remarqua avec une certaine satisfaction. « Nous en avons
suffisamment entendu, lança Fitz. La cour va maintenant délibérer avant de
rendre son jugement. » Murray lui chuchota quelques mots à l’oreille et Fitz
acquiesça : « Oui, c’est vrai. L’accusé a-t-il quelque chose à
ajouter ? »
Billy se leva. « J’appelle
mon premier témoin, le colonel Fitzherbert.
— Ne soyez pas ridicule, dit
Fitz.
— Faites apparaître dans les
minutes que la cour a refusé que j’interroge un témoin qui était pourtant
présent au procès.
— Finissons-en.
— Si on ne m’avait pas
refusé le droit de faire appel à un témoin, j’aurais demandé au colonel quelle
est sa relation avec ma famille. N’a-t-il pas une vieille rancœur envers moi à
cause de mon père, qui a été responsable syndical des mineurs ? Quelles
ont été les relations du comte avec ma sœur ? Ne l’a-t-il pas employée
comme intendante avant de la renvoyer pour des raisons mystérieuses ?»
Billy fut tenté d’en dire plus, mais il ne voulait pas que le nom d’Ethel soit
traîné dans la boue. Au demeurant, le sous-entendu que laissaient planer ses
paroles était sans doute suffisant. « Je l’interrogerais sur l’intérêt
personnel qu’il a dans cette guerre illégale contre le bolchevisme. Sa femme n’est-elle
pas une princesse russe ? Son fils n’est-il pas l’héritier de domaines
dans ce pays ? Le colonel n’est-il pas ici pour défendre ses intérêts
financiers ? Tous ces éléments ne constituent-ils pas la véritable raison
de cette parodie de jugement ? Et ne suffisent-ils pas à le disqualifier
en tant que juge dans cette affaire ? »
Fitz écoutait, le visage de
marbre. Mais Murray et Evans étaient manifestement stupéfaits. Ils ignoraient
tout de ces histoires personnelles.
Billy n’en avait pas fini : « J’ai
encore une remarque à faire. L’empereur allemand est accusé de crimes de
guerre. On lui reproche d’avoir déclaré la guerre, à l’instigation de ses
généraux, contre la volonté du peuple allemand clairement exprimée par la voix
de ses représentants au Reichstag, le Parlement allemand. En revanche, dit-on,
l’Angleterre n’a déclaré la guerre à l’Allemagne qu’après un débat à la Chambre
des communes. »
Fitz faisait mine de s’ennuyer ;
Evans et Murray étaient tout ouïe.
« Qu’en est-il de cette
guerre en Russie ? Le Parlement britannique n’en a jamais débattu. On l’a
dissimulée au peuple anglais sous prétexte de sécurité – l’éternelle
excuse derrière laquelle l’armée camoufle ses secrets coupables. Nous nous
battons, mais il n’y a pas eu de déclaration de guerre. Le Premier
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