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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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les yeux, il vit la face stupide d’Andrew
Jenkins, un des gardiens les plus détestables. « T’as peut-être des amis
foutrement haut placés, Williams, mais ici t’es qu’un con de détenu comme les
autres, alors retourne au boulot.
    — Tout de suite, monsieur
Jenkins », dit Billy.
    2.
    En cet été 1920, Fitz fut outré d’apprendre
qu’une délégation commerciale russe arrivait à Londres et allait être reçue par
le Premier ministre, David Lloyd George, au 10, Downing Street.
    Les bolcheviks étaient encore en
guerre contre la Pologne reconstituée depuis peu, et Fitz estimait que son pays
devait se ranger du côté des Polonais. Cependant il rencontrait peu de soutien.
Les dockers londoniens se mirent en grève, refusant de charger des cargaisons
de fusils destinées à l’armée polonaise et la confédération des syndicats
britanniques brandit une menace de grève générale en cas d’intervention
militaire anglaise.
    Fitz commençait à se résigner à
ne jamais entrer en possession des domaines du défunt prince Andreï. Ses fils,
Boy et Andrew, avaient perdu tous leurs droits patrimoniaux en Russie, c’était
une réalité.
    Mais il ne put garder le silence
quand il apprit ce que les Russes Kamenev et Krassine se permettaient de faire
pendant leur voyage en Angleterre. Le bureau 40 existait toujours, sous
une forme un peu différente, et les services secrets britanniques
interceptaient et déchiffraient les télégrammes que les Russes envoyaient chez
eux. Lev Kamenev, président du soviet de Moscou, se livrait à une propagande
soviétique éhontée.
    Fitz était si scandalisé qu’il
admonesta Lloyd George, au début du mois d’août, au cours d’une des dernières
soirées de la saison londonienne.
    Elle était donnée par Lord
Silverman, à Belgrave Square. Le dîner n’était pas aussi somptueux que ceux que
Silverman donnait avant la guerre. Les plats étaient moins nombreux, on
renvoyait moins de nourriture intacte à la cuisine et la table était décorée
plus sobrement. Pour le service, des bonnes avaient remplacé les valets de
pied. Plus personne ne voulait être valet, de nos jours. Fitz devinait que les
extravagantes réceptions edwardiennes avaient disparu pour toujours. Mais
Silverman attirait toujours dans sa demeure les hommes les plus puissants du
pays.
    Lloyd George demanda à Fitz des
nouvelles de sa sœur, Maud.
    C’était un autre sujet qui
faisait bouillir Fitz. « Je regrette d’avoir à vous annoncer qu’elle a
épousé un Allemand et qu’elle est partie vivre à Berlin », dit-il. Il n’eut
pas le courage d’ajouter qu’elle avait déjà donné naissance à son premier
enfant, un garçon prénommé Eric.
    « J’en ai été informé, en
effet, répondit Lloyd George. Je me demandais seulement comment elle allait.
Quelle délicieuse jeune femme ! »
    Le faible du Premier ministre
pour les délicieuses jeunes femmes était connu, pour ne pas dire célèbre.
    « La vie en Allemagne a l’air
bien difficile », ajouta Fitz. Maud lui avait écrit, le suppliant de lui
accorder une rente, qu’il lui avait refusée catégoriquement. Elle ne lui avait
pas demandé l’autorisation de se marier, comment pouvait-elle avoir le front de
lui demander de l’aide ?
    « Difficile ? reprit
Lloyd George. À quoi pouvaient-ils s’attendre après ce qu’ils ont fait ?
Tout de même, j’en suis navré pour votre sœur.
    — Pour changer de sujet,
monsieur le Premier ministre, ce Kamenev est un bolchevik juif : vous
devriez l’expulser. »
    Une coupe de Champagne à la main,
Lloyd George était d’humeur débonnaire. « Mon cher Fitz, dit-il d’un ton
affable, le gouvernement ne s’inquiète guère de cet endoctrinement russe,
grossier et violent. Vous ne devriez pas sous-estimer la classe ouvrière
britannique : ces gens sont parfaitement capables de faire la part des
choses. Croyez-moi, les discours de Kamenev font davantage pour discréditer le
bolchevisme que tous les discours que nous pourrions prononcer, vous ou moi. »
    Fitz ne voyait là qu’inepties
complaisantes. « Il est allé jusqu’à donner de l’argent au Daily Herald  !
    — Il est discourtois, j’en
conviens, qu’un gouvernement étranger subventionne un de nos journaux – mais
sérieusement, faut-il avoir peur du Daily Herald  ? La situation
serait différente si nous n’avions pas notre propre presse, nous, les libéraux
et les conservateurs.
    — Mais il noue des

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