Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
qu’aucun d’eux ne s’intéressait à la politique. Ils ne
portaient aucun regard critique sur la société qui les avait incarcérés ;
ils étaient simplement bien décidés à ne pas se faire prendre la prochaine
fois.
    Il profitait de la demi-heure de
pause-déjeuner pour parcourir le journal. La plupart des autres détenus ne
savaient pas lire. Un jour, en ouvrant le Daily Herald, il eut l’impression
de reconnaître un visage familier. Après quelques instants de perplexité, il se
rendit compte que c’était son propre portrait.
    Il se rappelait quand cette photo
avait été prise. Mildred l’avait traîné, en uniforme, chez un photographe d’Aldgate.
« Je poserai les lèvres dessus tous les soirs », avait-elle murmuré.
Cette promesse ambiguë lui était souvent revenue à l’esprit durant tout le
temps qu’il avait passé loin d’elle.
    L’article était intitulé : « Pourquoi
le sergent Williams est-il en prison ? » Billy lut le texte qui
suivait avec une fièvre croissante.
    William Williams du 8 e  bataillon
de chasseurs gallois (les « copains d’Aberowen ») purge une peine de
dix ans de prison militaire pour trahison. Cet homme est-il un traître ?
A-t-il trahi son pays, est-il passé à l’ennemi, a-t-il fui les combats ?
Non, bien au contraire. Il s’est battu vaillamment sur la Somme et a continué à
servir en France pendant les deux années suivantes, ce qui lui a valu d’être
promu sergent.
    Billy était tout excité. On parlait
de lui dans le journal et on disait qu’il s’était bien battu !
    Il a ensuite été envoyé en
Russie. Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Le peuple britannique
n’approuve pas forcément le régime bolchevique, mais nous n’attaquons pas tous
les régimes que nous désapprouvons. Les bolcheviks ne représentent pas une
menace pour notre pays ni pour nos alliés. Le Parlement n’a jamais approuvé la
moindre opération militaire contre le gouvernement de Moscou. On peut
sérieusement se demander si la mission que nous menons là-bas ne constitue pas
une violation du droit international.
    En fait, pendant quelques
mois, le peuple britannique a été tenu dans l’ignorance ; il ne savait pas
que son armée se battait en Russie. Le gouvernement a accumulé les déclarations
fallacieuses donnant à entendre que des troupes n’y avaient été envoyées que
pour protéger nos biens et organiser un retrait discipliné ; il a aussi
déclaré qu’elles étaient simplement prêtes à intervenir. Il a clairement fait
comprendre qu’elles ne se battaient pas contre les forces rouges.
    C’est en grande partie à
William Williams que l’on doit la dénonciation de ce mensonge.
    « Hé, les gars, lança-t-il à
la cantonade. Regardez ça : “  C’est à William
Williams que l’on doit la dénonciation de ce mensonge  ”  ! »
    Les hommes de sa tablée se
rassemblèrent pour regarder pardessus son épaule. Son compagnon de cellule, une
brute du nom de Cyril Parks, s’écria : « Il y a une photo de toi !
Qu’est-ce que tu fous dans le journal ? »
    Billy lut la suite à haute voix.
    Il a commis le crime de dire
la vérité, dans des lettres adressées à sa sœur, rédigées dans un code très
simple pour échapper à la censure. Le peuple britannique doit lui en être
reconnaissant.
    Mais son initiative a déplu
aux membres de l’armée et du gouvernement qui se permettaient d’utiliser
secrètement des soldats britanniques à leurs propres fins politiques. Williams
a été traduit en conseil de guerre et condamné à dix ans de détention.
    Son cas n’est pas unique. Un
grand nombre des militaires qui ont protesté quand on a voulu les obliger à
participer à cette tentative de contre-révolution ont fait l’objet de procès
extrêmement douteux en Russie et ont été condamnés à des peines d’une durée
scandaleuse.
    William Williams et les autres
ont été victimes d’hommes animés d’un esprit de vengeance qui occupaient des
positions de pouvoir. C’est intolérable. La Grande-Bretagne est un pays de
justice. N’est-ce pas, après tout, pour cela que nous nous sommes battus ?
    « Qu’est-ce que vous dites
de ça ? demanda Billy. Je suis la victime d’hommes puissants, voilà ce qu’ils
écrivent.
    — Moi, c’est pareil »,
intervint Cyril Parks, qui avait violé une fille de quatorze ans dans une
grange de Belgique.
    Quelqu’un arracha soudain le
journal des mains de Billy. Levant

Weitere Kostenlose Bücher