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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mais le lac est vaste : y a-t-il ailleurs un site qui ressemble à celui-là ?
    L’homme ouvrit de grands yeux :
    — Si on vous a vanté Kilchberg, pourquoi voulez-vous chercher ailleurs ?
    — Excusez-moi, je me suis mal exprimé. Le nom de la localité nous n’en étions pas très sûrs. On nous a précisé que l’église était au milieu d’un grand espace herbeux.
    — Alors cherchez pas plus loin ! Y a qu’ici. Et puis on ne vous a pas parlé de la fabrique de chocolats ?
    — Oh si ! Nous avons l’intention de nous y arrêter avant de rentrer. Tout le monde les adore dans notre famille et nous aurions un drame si nous n’en apportions pas !
    — Ça, c’est vrai qu’ils sont bons ! approuva l’homme touché dans son orgueil national que l’on n’hésita pas à encourager en lui en offrant une boîte lorsqu’au magasin de vente on en fit une ample provision. Adalbert, pour sa part, ne résista pas à la tentation d’en acheter – pour la route ! – un ballotin qu’il caserait dans la boîte à gants de sa voiture. Après quoi on rentra à l’hôtel… où aucune nouvelle ne les attendait.
    Jamais après-midi ne leur parut plus interminable ! Ils n’osaient guère se montrer de peur d’être reconnus par un importun. La même raison les empêcha d’aller s’asseoir au jardin. Seul contact avec l’extérieur, le coup de téléphone de Langlois aussi peu réconfortant que possible : il était lui aussi sans nouvelles de Sauvageol.
    Ne sachant trop ce que l’avenir leur réservait, les deux hommes avaient prévenu l’hôtel de leur intention de partir après le dîner. Aussi bouclèrent-ils leurs valises avant de descendre au restaurant où – mais c’était la première fois de leur vie – ils ne trouvèrent pas d’appétit à ce qu’on leur servait. Enfin il réglèrent leur note et se réembarquèrent.
    Il n’était que dix heures et demie mais ils avaient décidé de se rendre à Kilchberg bien avant le rendez-vous afin de s’assurer une position, sinon stratégique, du moins favorable. Ils avaient d’ailleurs repéré le mur peu élevé d’une maison aux volets clos, lequel mur abondamment couvert de lierre formait un angle au fond duquel il devait être possible de se dissimuler.
    Ils laissèrent la voiture à environ cent mètres de l’église où ils arrivèrent peu après onze heures. Mais il aurait pu aussi bien être trois heures du matin tant l’endroit était calme et silencieux. Cela tenait sans doute à la pluie, fine, insistante qui s’était installée en début de soirée et faisait cette nuit de juin plus sombre qu’elle n’aurait dû l’être. Personne n’avait envie d’être dehors par ce temps-là. En revanche, il faisait tout à fait l’affaire des deux amis, dûment emballés dans leurs imperméables et armés comme des agents secrets sur le sentier de la guerre : un pistolet dans une poche, un petit browning coincé dans une chaussette et dans une gaine de cuir lacée à l’avant bras, un couteau dont une secousse faisait glisser la poignée dans la main. Aldo avait pensé que c’était peut-être un brin exagéré mais Adalbert avait répliqué :
    — On ne sait pas où on va mettre les pieds alors mieux vaut trop que pas assez. Souviens-toi de notre joyeuse soirée au château d’Urgarrain !
    Ils allèrent prendre la place qu’ils s’étaient choisie et qui permettait de ne rien perdre de ce qui se passerait derrière l’église puis, abrités par le renfoncement du mur et la retombée du lierre, ils attendirent…
    Pas très longtemps. Juste avant que le clocher ne sonne avec vigueur la demie de onze heures, une voiture qu’ils ne connaissaient pas et venant du sud, qui devait donc être celle de César, vint stopper sur les arrières de l’église au ras de l’espace herbeux. Phares éteints, elle avait glissé sans bruit dans l’ombre plus dense de Saint-Pierre. Et ne bougea plus.
    Personne ne descendit. Le silence retomba et l’obscurité empêchait de dénombrer les occupants à l’intérieur, même pour les yeux aigus d’Aldo. Si l’on se référait au dernier coup de téléphone Gandia-Grindel, le premier devait être accompagné d’un de ses sbires et de Kledermann sans doute ligoté et peut-être bâillonné…
    — Je ne sais pas ce que tu en penses, chuchota Adalbert, mais je trouve ce rendez-vous plutôt délirant ! Pourquoi en plein village ?… Pourquoi auprès de cette église quand les alentours fourmillent de coins

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