La Collection Kledermann
derrière ça vous résonne dans la tête !
— Si vous êtes en train de vous sauver, il va falloir vous relever et escalader un mur… si toutefois et comme je l’imagine vous avez entrepris de vous enfuir !
— On ne peut rien vous cacher ! soupira l’homme en se remettant sur pied avec l’assistance du Texan. Mais vous-même, que faites-vous là ?
— Nous c’est le contraire. Je dis nous parce que je suis accompagné d’une amie. On serait heureux de visiter ce monument !
— Je ne vous le conseille pas ! D’où venez-vous ?
— D’à côté : la villa Hadriana !
— Ça me va ! Filons !
Tout en rejoignant les aristoloches, Cornélius ne put s’empêcher de faire remarquer à sa trouvaille que pour s’enfuir par une nuit d’été, des vêtements sombres eussent été plus adaptés qu’un chapeau et un pantalon clairs. Seule la veste était foncée.
— Quand on kidnappe les gens, grogna l’inconnu, il est rare qu’on leur laisse le temps de faire leurs malles !
Ils arrivèrent enfin dans l’ombre des arbres où Marie-Angéline trépignait.
— Vous en avez mis du temps ! Vous êtes blessé ? demanda-t-elle au rescapé.
— Non ! Mal au coccyx seulement mais…
Il s’approcha tout près d’elle afin de mieux la voir !
— Dieu me pardonne !… Vous êtes M lle du Plan-Crépin ?
Elle aussi venait de le reconnaître :
— Le professeur Zehnder ? Vous ici ? Comment…
— Vous ne pensez pas qu’on serait plus à l’aise à la maison pour papoter ? intervint Wishbone impatienté. Et d’abord franchir le mur !
— On y va !
Marie-Angéline allait prendre son élan puis se ravisa :
— Un instant ! Il serait préférable de transporter les chiens plus loin ! Comme on ne sait pas combien de temps ils vont dormir, s’ils se réveillaient ne serait-ce qu’au jour, les gens de Gandia sauraient immédiatement où chercher quand ils s’apercevront de la disparition du professeur !
On les déposa presque au bas des jardins, là où l’enceinte n’était plus commune avec Hadriana mais avec une petite propriété inhabitée, sans oublier de laisser des traces de pieds. Ensuite on regagna le passage où au moyen de branches on s’efforça de tout effacer… Après quoi Plan-Crépin s’enleva la première, se mit à califourchon sur le faîte et se penchant aussi bas que possible tendit la main à Zehnder que le Texan poussa vigoureusement aux fesses sans se soucier de son arrière-train douloureux. En quelques instants, ils étaient de l’autre côté où ils trouvèrent Hubert et Boleslas pour les recevoir.
Aucune lumière n’était allumée. Seul le salon était éclairé, mais persiennes et doubles rideaux l’occultaient. Dans la villa Malaspina, le silence était total. L’évasion du célèbre chirurgien était parfaitement réussie…
Il en montra une joie de gamin qui vient de fausser compagnie à son école sans oublier de réclamer un morceau à manger… et surtout à boire ! Il y avait deux jours qu’on ne lui avait offert que de l’eau pour se sustenter en le prévenant qu’il serait privé de nourriture tant qu’il ne serait pas venu à composition…
— Mais enfin, observa M me de Sommières tandis qu’il dévorait des œufs, du pain, du jambon et du fromage arrosé d’un capiteux Lambrusco. Vous nous avez dit qu’on vous avait enlevé ? Pourquoi ? Et d’abord comment ?
— En sortant de ma clinique dans une ambulance où m’attendait un tampon de chloroforme. Après un voyage dans ce véhicule où je ne voyais que la lumière du jour et où l’on m’a fait dormir plus souvent que veiller j’ai fini par reprendre pied sur terre dans une chambre somptueuse où se trouvait tout ce dont j’avais besoin mais dont les fenêtres grillées donnaient sur les pentes d’une montagne…
— Autrement dit, sur l’arrière de la Malaspina ! décréta Marie-Angéline. J’étais certaine que le plus intéressant devait se passer de ce côté-là ! Il y a…
— Et si vous vous taisiez pour une fois, Plan-Crépin ? trancha M me de Sommières. Vous commenterez tout à votre aise quand le professeur Zehnder aura fini !
— Comme on avait préparé tout ce qu’il fallait dans ma « cellule », y compris un plateau agrémenté d’un dîner froid, qu’il faisait nuit et que je n’avais pas encore sommeil, j’avalai le contenu du plateau, me déshabillai, fis un peu de toilette et me couchai. Je n’avais pas d’autre occupation puisque avant de me laisser
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