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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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s’aperçut qu’elle était gelée alors qu’à l’extérieur il faisait si doux ! Mais l’alcool la remit d’aplomb. Elle s’ébroua comme un chien qui sort de l’eau et, certaine que Grindel ne reviendrait pas, entreprit de visiter.
    Retrouvant le téléphone d’entrée elle examina l’idée d’appeler Langlois mais préféra s’abstenir afin de ne pas mettre dans l’embarras la précieuse Eugénie Guenon et la concierge.
    Elle alla d’abord à une fenêtre en espérant apercevoir Grindel. Et en effet elle le vit traverser l’avenue, rejoindre une petite voiture grise, balancer les sacs dans le coffre qu’il referma à clef puis s’installer au volant et disparaître…
    Ensuite seulement, elle fit le tour de l’appartement cossu sans doute mais dont elle s’aperçut vite qu’il ne devait pas être autre chose qu’un meublé et même d’une affreuse banalité ! Le faux Louis XVI des deux salons – de belles pièces cependant et surchargées dans le style haussmannien – avec ses sièges et ses rideaux de reps grenat évoquait davantage la salle d’attente d’un dentiste peu soucieux du moral de ses patients que la « réception » d’un banquier helvétique ; la salle à manger où triomphait le Henri II ne donnait guère envie de s’y attabler pour de joyeuses agapes telles que les célibataires fortunés se plaisaient à en donner ; le mobilier de la chambre à coucher – palissandre presque noir et reps bleu roi – devait émaner en droite ligne des Galeries Barbès, comme le bureau, nanti Dieu sait pourquoi d’un « cosy-corner » – cette fois le reps tournait au vert ! –, d’un coffre-fort banal et d’un bureau qui ressemblait à une caisse munie de tiroirs, d’un fauteuil et de deux chaises de même mouture plus des rayonnages ne supportant que fort peu de livres mais un tas de paperasses ; enfin une salle de bains qui devait dater de la construction de l’immeuble et une moquette d’un beige fade sévissait sur toute la surface de l’appartement cependant que des copies de tableaux de siècles divers s’efforçaient de décorer les murs… On n’avait même pas l’impression que ce logement soit habité… ou alors par un avare comme on ne devait pas en rencontrer beaucoup !
    La visiteuse se demanda s’il était arrivé à Lisa de visiter ce séjour enchanteur et opta pour la négative : une femme de goût comme elle aurait poussé les hauts cris avant de s’enfuir en courant. À moins qu’elle n’ait été dans l’état bizarre où on l’avait réduite. Et encore !
    Elle aurait volontiers fouillé le bureau mais il était probable que seul le contenu du coffre pouvait être révélateur, et en dehors du fait qu’elle était dans l’impossibilité de l’ouvrir mieux valait laisser à la police le soin de l’inventorier.
    Enfin, pensant que le temps courait peut-être plus vite qu’elle ne le croyait, elle regarda sa montre. Il lui restait une dizaine de minutes et ces dames devaient finir leur gâteau. Elle descendit donc, franchit l’angle de la cour et ce n’est qu’en arrivant en vue du portail qu’elle se demanda si Grindel avait refermé ou si, trop content d’avoir trouvé la porte entrouverte, il avait pris soin de la laisser dans le même état. Mais elle ne s’attarda pas à cogiter et décida de courir sa chance. Un rapide signe de croix et elle s’élança sur la pointe des pieds, aperçut le large dos d’Eugénie toujours déployé, toucha la porte et constata avec soulagement qu’elle bougeait. En trois secondes elle fut dehors et se mit à courir comme si une meute la poursuivait. Cet exercice attira l’attention d’un taxi en maraude qui se maintint à sa hauteur :
    — Taxi, ma p’tite dame ? Vous avez l’air bien pressée, interpella-t-il.
    Elle s’arrêta net, le regarda et comme, sans quitter son siège, il lui ouvrait la portière, elle se décida :
    — Bonne idée ! apprécia-t-elle. Conduisez-moi Quai des Orfèvres !
    — Chez les flics ? fit-il un brin surpris.
    — C’est ça : chez les flics ! Et dare-dare !
    Il démarra sans discuter.
    — C’est tout d’même pas là qu’vous habitez ? rigola-t-il.
    — Non, mais c’est là que je vais ! Et dépêchez-vous !
    Pour lui faire clairement comprendre qu’elle n’en dirait pas davantage, elle se cala au fond de la banquette, passa une main dans la dragonne et tourna la tête de l’autre côté. Déçu mais désireux de lui montrer ses talents, il démarra sur

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