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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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château d’une amie. Elle n’avait besoin que de sa femme de chambre et de son chauffeur, ce qui laissait du temps libre à Eugénie. Laquelle comptait en profiter pour descendre bavarder avec la concierge du 10, Élodie Branchu, respectable épouse d’un agent de police dont le péché mignon était la pâtisserie en général et, en particulier, certain gâteau à la frangipane et au chocolat que sa voisine réussissait à miracle.
    — Je vais lui en préparer un ce matin et j’irai le lui porter sur le coup de quatre heures pour le déguster en sa compagnie et la tasse de thé qu’elle ne manquera pas de m’offrir. Au fond, de quoi avez-vous besoin ?
    — De pouvoir entrer et sortir de l’immeuble sans me faire remarquer. Or…
    — … on ne peut ouvrir le portail en fer forgé que de l’intérieur et chez la concierge, et une concierge qui monte bonne garde pour être digne de son époux ! Un vrai Cerbère ! Mais rassurez-vous, ma chère demoiselle : une fois entrée je repousserai la porte sans aller jusqu’au déclic et chez M me Branchu je m’installerai de façon à boucher autant que possible la vue de la loge. Ça vous laissera entre une heure et une heure et demie. Ça vous suffira ?
    — Je pense, oui… mais si quelqu’un de l’immeuble entre ou sort pendant ce temps ?
    — Ça m’étonnerait : la dame indienne qui occupe deux étages avec sa smala de domestiques est en Angleterre. Quant au vieux général du quatrième il ne sort jamais de chez lui. Il n’y a que ses bouquins et ses soldats de plomb qui l’intéressent. Seulement vous n’allez pas pouvoir vous servir de l’ascenseur qui fait un bruit de tous les diables ! En outre, le grand escalier est très visible de la loge !
    — De toute façon je prendrai celui de service. Je ne vous remercierai jamais assez madame Guenon…
    — Pensez donc ! C’est tout naturel ! Vous savez, on n’aime pas beaucoup ce Grindel dans notre quartier sauf sa concierge, Dieu sait pourquoi ! qui lui trouve toutes les qualités.
    — À ce point-là ?
    — Vous n’avez pas idée ! Mais j’y pense : comment allez-vous faire pour entrer chez lui ?… Oh, je vous demande pardon, je ne voudrais pas être indiscrète !
    — Pas du tout, voyons, et c’est la raison pour laquelle je vais prendre l’autre escalier.
    — Le monte-charge peut-être ?
    — Même pas ! J’ai de bonnes jambes et grimper cinq étages ne me fait pas peur… Et puis les portes des cuisines sont toujours plus faciles à ouvrir que les autres !
    C’était on ne peut plus juste mais, surtout, Adalbert lui avait donné au retour d’Égypte deux ou trois leçons de serrurerie et lui avait même fait cadeau d’un fort utile passe-partout ! Mais cela il n’était pas indispensable de le confier à cette bonne Eugénie ! Qu’elle remercierait par ailleurs avec un petit présent et le récit de son aventure. Assaisonné à sa façon, bien entendu.
    Dans l’après-midi de ce même jour, Marie-Angéline, assise sur un banc du côté impair de l’avenue de Messine et à l’ombre d’un marronnier, surveillait, mais sans en avoir l’air, le trottoir d’en face en faisant semblant de lire un livre dont, si on lui avait demandé ce qu’il contenait, elle eût été incapable de le dire tant le cœur lui battait fort dans la poitrine.
    Elle était à ce poste depuis un quart d’heure quand elle vit Eugénie Guenon sortir du numéro 12 habillée comme pour l’église, un chapeau noir orné de myosotis et de roses pompon en équilibre sur son chignon et portant, tel le Saint-Sacrement, un plat sur lequel une serviette recouvrait le fameux gâteau qui, d’après son importance, devrait être suffisant pour six ou sept gourmands ! Apparemment le mari agent de police en aurait sa part ce soir…
    Quand elle eut vu le tout disparaître derrière l’élégant portail, elle traversa la rue au passage clouté et rejoignit sans se presser le numéro 10, poussa la porte, se glissa dans l’ouverture, repoussa le battant, jeta un coup d’œil à la porte vitrée de la loge derrière laquelle le large dos d’Eugénie se silhouettait cependant que deux voix volubiles s’élevaient en duo. Puis se courbant pour franchir l’endroit délicat elle fila vers le fond de la voûte ouverte sur la cour intérieure. Au bas de l’escalier de service elle s’accorda de souffler un instant pour laisser à ses nerfs le temps de se calmer puis, d’un pas rapide, elle grimpa ses cinq

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