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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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faire ! J’ajoute que je me montre bon prince et vous pouvez vous estimer heureux que je ne réclame pas la totalité !
    — Et quoi encore ? ricana Grindel. J’ai l’intention de disparaître, mon vieux, et vous aurez quelque peine à me retrouver !
    — Croyez-vous ? Je suis tombé sur vous aujourd’hui, non ? Mais ne vous tourmentez pas trop ! Je ne veux pas la mort du pécheur et je vais vous accorder un délai… honnête pour vous retourner ! Disons… quinze jours ? Vous recevrez en temps voulu les indications pour l’heure de la remise !
    — Qui vous dit que je n’y enverrai pas la police ?
    — Vous me prenez pour un enfant de chœur ? Non seulement votre oncle ressusciterait, mais je ne pense pas que vous jouiriez éternellement des joies de l’existence ! Alors, soyez raisonnable ! Et d’ailleurs, si vous vous décidez à remplir votre part du marché, nous pourrions peut-être travailler de nouveau ensemble ?
    — Vous n’êtes pas un peu fou ?
    — Je suis très sensé au contraire !… Je viserais volontiers la collection de votre cher cousin Morosini ! Cela aurait l’avantage immense de faire une veuve de votre belle cousine. Réfléchissez-y !
    Un déclic marqua la fin de la communication qui avait mis la sueur au front de l’espionne. Et qui reposa délicatement l’appareil sur son socle tandis qu’à quelques mètres d’elle Gaspard Grindel donnait libre cours à sa colère en fracassant un objet qui devait être en faïence ou en porcelaine.
    Elle hésita un instant sur ce qu’elle allait faire : le cœur lui battait si rudement qu’il lui semblait remonté dans ses oreilles… De toute façon, il ne fallait pas s’attarder. Rapidement elle reflua vers l’office puis la cuisine où elle eut juste le temps de se jeter sous la table de chêne massif que recouvrait jusqu’aux pieds une toile cirée : Grindel arrivait vers elle. Elle pensa qu’il voulait peut-être sortir par l’escalier de service et retint sa respiration. Mais non ! Il s’arrêta près de son refuge. Elle eut soudain des jambes vêtues d’un pantalon gris à moins de cinquante centimètres d’elle et, simultanément, il laissa tomber sur le sol deux sacs de voyage en toile renforcée de cuir… Il n’avait tout de même pas l’intention de rester là ?
    Mais elle eut à peine le temps de se poser la question : les jambes bougeaient, faisaient le tour de la table, s’immobilisaient près d’une armoire dont la porte grinça. Il y eut un bruit de verres, de bouteilles et Marie-Angéline comprit qu’il se cherchait un « remontant ». Elle craignit un instant qu’il ne veuille s’asseoir, auquel cas ses pieds entreraient en contact avec elle qui n’osait bouger pour s’écarter… Par bonheur, il resta debout. Peut-être était-il pressé, sinon pourquoi apporter les bagages dans la cuisine ?
    Et, en effet, elle entendit un liquide couler dans un verre, avalé d’un trait et suivi aussitôt d’une seconde rasade après quoi Grindel exhala un soupir de satisfaction, marmotta quelque chose d’incompréhensible puis, beaucoup plus nettement :
    — Allez ! Encore un petit coup pour la route !
    Et un troisième verre fut avalé à la même allure. Ensuite les sacs opérèrent un mouvement ascendant, les chaussures de daim gris s’agitèrent allant vers la porte où elles stoppèrent net.
    — Tiens ?
    Il devait s’étonner de la trouver simplement repoussée mais après un instant de réflexion, cela dut lui paraître de peu d’importance et il referma tout derrière lui. Puis il y eut le bruit décroissant de ses pas descendant l’escalier. Il était parti…
    Non sans difficulté, Plan-Crépin réussit à s’extraire de sous la table tant elle tremblait, avisa une chaise et se laissa choir dessus. Jamais elle n’avait eu aussi peur de toute son existence ! S’il l’avait débusquée ce… malabar habitué aux courses en montagne et taillé comme une armoire eût été capable de l’étrangler d’une seule main ! Pour mieux se convaincre qu’il n’en était rien, elle en passa une sur sa nuque en tournant la tête, ce qui lui permit d’arrêter son regard sur la bouteille restée sur la table à côté du verre et même pas rebouchée. Elle l’empoigna, constata que c’était du rhum – sans doute destiné à la cuisine – et, sans se fatiguer à dénicher un autre verre, s’en adjugea une lampée… au goulot.
    Ce fut quand l’alcool lui brûla la bouche et l’œsophage qu’elle

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