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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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police. Mais étant donné que c’est la P.J. qui perquisitionnera demain, je comprends parfaitement dans quelle situation je vous place ! Et je ne voudrais pas vous mettre dans l’embarras.
    Comme elle gardait le silence. Il reprit :
    — Évidemment, s’il est loin, à Zurich, par exemple… mais je n’y crois guère ayant téléphoné là-bas après avoir constaté qu’ici on ne répondait pas. Et pas davantage à la banque, encore faudrait-il savoir où il se trouve afin de le mettre au courant. Aussi j’ai pensé…
    Tout en parlant, il tirait son portefeuille pour en sortir une enveloppe préalablement timbrée assez lentement pour saisir l’éclair intéressé dans le regard de M me Branchu. En se contentant de le poser sur la table il lui tendit l’enveloppe – qui contenait une feuille avec quelques mots ! – et poursuivit :
    — … que vous accepteriez de lui faire parvenir cette lettre afin qu’il sache au moins à quoi s’attendre quand il rentrera.
    Et joignant le geste à la parole, il faisait glisser du portefeuille noir estampillé à ses armes un billet dont la couleur alluma une autre étincelle. La concierge réagit alors comme il l’espérait et repoussa l’enveloppe.
    — Ça n’arriverait pas à temps ! Il vaut mieux que vous la fassiez porter… ou que vous la déposiez dans la boîte, sans vous faire voir ! Il tient tellement à ce qu’il n’y ait que moi dans la confidence…
    — Mais… votre mari ?
    Elle eut un mouvement proche de l’effroi :
    — Oh, surtout pas ! Ça me ferait trop d’histoires !… Il déteste ce pauvre M. Gaspard ! Comme si ça avait du bon sens ! Quelqu’un de si gentil !… Et bel homme en plus ! Alors quand je lui rends des petits services, c’est affaire entre nous et j’y mêle pas Alfred. Déjà qu’il n’est pas content que je lui fasse son ménage !
    — Tiens ! Pourquoi ?
    — Il dit qu’il ne voit pas pourquoi M. Gaspard n’embauche pas un valet ou une bonne, qu’il est assez riche pour ça.
    — Il n’a peut-être pas tout à fait tort ?
    — Oui, mais faut comprendre ! C’est pas qu’il y ait beaucoup de choses précieuses chez lui comme chez lady Liamura ou chez le général, mais il y a des papiers importants qui pourraient intéresser ses concurrents.
    — Il en a donc ?
    — Oh oui ! Le pauvre ! Il est dans la banque vous savez ? Alors il a besoin de quelqu’un de confiance.
    — C’est naturel ! compatit Aldo qui avait eu du mal à ne pas rire quand elle avait plaint Grindel d’être banquier. Puis il ajouta : Au moins vous fait-il des petits cadeaux ?
    — C’est sûr ! Il m’apporte parfois des fleurs, ou des chocolats ! C’est mon péché mignon !
    — Il aurait dû me le dire : je vous en aurais apporté… mais je pense que ce modeste remerciement vous permettra d’en acheter.
    Le billet tentateur avait glissé doucement du portefeuille. Après quoi il reprit l’enveloppe et jeta un coup d’œil à sa montre :
    — Il se fait tard et si vous pouviez avoir la gentillesse d’inscrire l’adresse…
    En même temps il lui tendait son stylo qu’elle prit avec révérence :
    — C’est que je n’ai pas le certificat d’études et j’écris très mal…
    — Cela ne fait rien. Il est préférable que ce soit votre écriture ! Moi je ne suis jamais venu et vous ne m’avez pas vu.
    Elle leva les yeux au plafond pour mieux rassembler ses souvenirs sans doute et s’appliqua à écrire.
    — Voilà ! C’est M. Rolf Schurr (elle épela), Les Bruyères blanches… avenue de la Belle-Gabrielle à Nogent. Je ne sais plus si c’est 60 ou 94… C’est un vieux serviteur de son père qui l’a connu enfant et qui l’aime comme son fils. Le monsieur s’est marié sur le tard à une Française qui est morte en lui laissant un petit héritage. Ah… J’allais oublier ! À côté du nom il faut écrire deux lettres majuscules : PG. Ça veut dire que c’est pour lui !
    — Je ne vous remercierai jamais assez ! Lui non plus d’ailleurs, commenta-t-il avec un rien d’ironie qu’il se reprocha aussitôt. Cette femme était peut-être la seule de tout le quartier qui aimât Grindel mais elle était sincère, allant même jusqu’à risquer le mécontentement d’un époux qu’elle semblait par ailleurs révérer ! Voyant qu’elle guettait la pendule, il se leva.
    — Il est temps que je vous laisse. M. Branchu ne va peut-être pas tarder à rentrer ?
    — Non… C’est à peu près son heure !
    — Vous auriez dû

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