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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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alla se resservir.
    — Qu’est-ce qui me dit que ce n’est pas un leurre destiné à me rendre confiance ? Il doit forcément se douter que la mienne en a pris un sacré coup ! Il est habile, crois-moi ! C’est un excellent comédien. Quand j’ai fait sa connaissance au casino de Campione d’Italia où je venais de me faire ratisser jusqu’à l’os… et même un peu plus parce que j’avais joué… plus que je ne possédais…
    — L’argent de ta banque ?
    — En quelque sorte !… il s’est montré d’une incroyable gentillesse… au point de me rendre ce que j’avais perdu. Contre lui d’ailleurs !
    — On sait ça ! grogna Mathias. Et ça ne t’a pas paru suspect ? À moins d’avoir affaire à une réincarnation de saint Vincent de Paul ou de saint François d’Assise, il ne doit pas y avoir sur terre un seul joueur capable de rendre son gain !
    — Pourquoi pas ? fit Schurr. Dès l’instant où l’on sait à qui l’on s’adresse. Un banquier d’abord et ensuite le neveu d’un milliardaire possesseur d’une des plus belles collections de joyaux au monde ! Il avait dû repérer ton frère depuis un bout de temps ! De toute façon, ce n’est pas l’heure de noyer le poisson. Il faudra faire face à la situation telle qu’elle se présente : connaître le point de rencontre… et s’y rendre ensemble ! Ce pourrait être Lugano ? C’est chez lui. Il se méfierait moins.
    — C’est justement le problème : la rencontre ! Il va falloir que je retourne avenue de Messine où je ne me sens plus en sécurité…
    — Ce n’est pas obligatoire. Si tu as la possibilité de l’atteindre, n’attends pas la fin du délai et appelle-le… Dans trois ou quatre jours par exemple, sans jouer l’affolement bien entendu mais en laissant entendre que tu redoutes d’être surveillé. Tu pourrais préciser que tu ne verrais aucun inconvénient à poser les jalons en vue de vous approprier la collection du Vénitien, après quoi…
    — Si on allait se coucher ? coupa Mathias en s’étirant. Moi j’ai sommeil… et mes nuits sont excellentes. Mais je ne vous empêche pas de continuer à vous creuser la cervelle ! Vous me raconterez vos conclusions au petit déjeuner… Je vous souhaite une bonne nuit !
    — Tu vas faire un tour au jardin ? demanda Schurr.
    — Ma foi non. Je n’en vois pas l’intérêt ! D’autant qu’il commence à pleuvoir ! ajouta-t-il en approchant de la fenêtre sous laquelle les deux observateurs se firent tout petits. Mais c’était pour la fermer et ils respirèrent mieux. D’ailleurs de grosses gouttes d’eau commençaient à tomber.
    — Filons d’ici ! souffla Adalbert…
    Ils gagnèrent le couvert des arbres afin d’être visibles le moins possible puis se courbèrent le long du muret précédant la grille qu’Adalbert avait eu la précaution de ne pas refermer, se glissèrent dans l’entrebâillement et, une fois hors de vue, se redressèrent pour rejoindre la voiture, mais à cet instant, Aldo s’arrêta, sortit la lettre de sa poche et revint sur ses pas pour l’introduire dans la boîte de la grille, après avoir sali le coin du timbre.
    — Qu’est-ce que tu fabriques ? appela Adalbert.
    — J’allais oublier l’épître… J’ai écrit dedans : « Surtout ne rentrez pas chez vous ! »
    Ils tournèrent le coin de la rue juste à l’instant où l’orage se déclenchait. Un gros nuage creva au-dessus d’eux et le temps de s’engouffrer dans la voiture ils étaient déjà trempés. Portières et vitres closes, ils restèrent sans parler, se contentant de s’essuyer avec les chiffons – propres ! – qu’Adalbert gardait toujours en cas de panne. Isolés comme dans une bulle au milieu des rafales, ils s’efforcèrent de mettre de l’ordre dans leurs idées après les découvertes que leur équipée leur avait offertes. Puis Aldo alluma une cigarette et une autre qu’il mit d’autorité au coin de la bouche de son ami, tira deux ou trois bouffées et enfin remarqua :
    — Ça a l’air de se calmer ! Tu pourrais peut-être essayer de démarrer ? On ne va pas passer la nuit ici !
    — Quelle heure est-il ?
    — Mets le contact ; on n’y voit rien… pas loin de onze heures, annonça-t-il quand la pendulette du tableau de bord s’alluma. Il serait temps de rentrer, si toutefois ton moteur n’est pas noyé.
    — Mes moteurs ne sont jamais noyés ! ronchonna Adalbert. C’est un principe ! Et je conseille à celui-là de s’y conformer !
    Aldo

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