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La cote 512

La cote 512

Titel: La cote 512 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thierry Bourcy
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l’habitude de dormir dans des draps.
    Il s’était assis dans le lit. Embarrassé d’être torse nu, il remonta sur lui les couvertures le plus haut possible.
    — À vrai dire, je ne pensais pas vous demander l’hospitalité. C’est votre amie Hortense qui…
    — Elle a bien fait. Hortense est comme une sœur pour moi.
    Sa voix était tendue, et il lui avait fallu beaucoup d’angoisse pour enfreindre ainsi les conventions et pénétrer en pleine nuit dans la chambre d’un presque inconnu. Comme si elle avait lu dans ses pensées, elle ajouta :
    — Excusez-moi de vous déranger ainsi, mais depuis le départ de Paul, je passe mes journées à l’usine, en compagnie de Jean, et je n’ai pas une minute à moi. Et je voulais savoir.
    — Savoir quoi ?
    — Vous n’êtes pas là par hasard, monsieur Louise. Vous n’êtes pas venu ici pour me raconter en détail la mort de mon mari, qui doit ressembler à beaucoup d’autres. Et vous êtes policier.
    — Pardon, madame… Depuis que je suis arrivé, je ne sais plus si ma démarche a encore un sens. Effectivement, j’ai commencé une enquête sur la mort du lieutenant Paul de Mérange.
    — Pourquoi ? Qui vous l’a commandée ?
    — Personne : je fais cette enquête pour moi, parce que votre mari a été tué sous mes yeux, d’une balle dans le dos, une balle tirée par un fusil français, et que je veux savoir qui l’a tué.
    Claire devint pâle, elle vacilla, faillit tomber, s’appuya au mur. Célestin avait esquissé un geste pour se lever et la soutenir, mais sa nudité l’obligeait à demeurer sous les draps. La jeune femme se reprit.
    — Ce n’est pas possible, comment pouvez-vous être certain de ce que vous dites ?
    Célestin resta silencieux et ce fut Claire qui baissa les yeux, accablée. Elle murmura, plus pour elle-même que pour le jeune homme :
    — Paul, assassiné… C’est invraisemblable… Mais pourquoi… Qui…
    Elle s’était mise à marcher de long en large dans la chambre, égarée, perdue.
    — Il s’était disputé avec quelqu’un ? Il avait été injuste ? Il s’était fait haïr ?
    — Le lieutenant de Mérange était un excellent chef, madame. Sa mort n’a rien à voir avec son commandement.
    — Mais alors ?
    — Alors je pensais que vous auriez peut-être une idée.
    — Ah oui, la vie privée… Un crime passionnel, d’une balle de fusil au milieu du champ de bataille… Vous vous moquez ?
    Célestin était de plus en plus embarrassé : il devait interroger cette femme et se trouvait coincé dans le lit, c’était elle qui lui tournait autour et le harcelait de questions. Il décida de tout lui dire.
    — Saviez-vous que votre mari avait une maîtresse ?
    — Mais… Comment pouvez-vous être au courant de ce genre de choses ?
    Elle le regardait, effarée, presque agressive.
    — Est-ce que vous pouvez vous tourner quelques secondes ? Je souhaiterais me lever.
    Claire le regarda puis finit par comprendre et haussa les épaules. Elle se tourna contre le mur. Célestin se précipita sur les vêtements qu’il avait laissés sur la chaise et enfila en vitesse le pantalon et la chemise qu’il ne prit pas la peine de boutonner. Claire s’était déjà retournée vers lui.
    — À quoi rime tout ce cirque ?
    Déjà, Célestin avait retiré de sa veste d’uniforme la lettre que Paul de Mérange avait adressée à sa maîtresse. Il la tendit à Claire qui la parcourut et la froissa avec rage.
    — Vous vous êtes permis de l’ouvrir ?
    — On l’a retrouvée dans les affaires du lieutenant après sa mort. Elle n’était pas encore cachetée.
    Claire jeta la lettre au feu qui s’endormait, faisant naître une flamme éphémère. Elle resta ainsi à contempler le foyer, puis parla sans se retourner.
    — Laissez tomber votre enquête, monsieur Louise, vous n’aboutirez à rien.
    — J’y ai bien pensé. Mais l’assassin de votre mari a essayé également de me tuer, et depuis ce moment-là, j’en fais aussi une affaire personnelle.
    Claire, abandonnant la cheminée, s’approcha du jeune homme.
    — C’est votre faute, après tout. Et puis vous avez tort. Vous vous trompez du tout au tout, vous vous êtes monté la tête. Quand repartez-vous ?
    — Après-demain, en principe.
    — Très bien. D’ici votre départ, je ne tiens plus à vous parler.
    — Comme vous voudrez.
    — La guerre vous a rendu fou, monsieur Louise.
    Elle tourna les talons et sortit en

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