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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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longtemps ! Ainsi, pour tout de bon, vous acceptez ?
    – Oui, sire !…
    – Ah ! Gillette, murmura ardemment le roi en faisant un pas vers la jeune fille… si vous vouliez… si j’osais espérer… si cette acceptation inespérée était le début d’un revirement chez vous…
    – Sire, dit Gillette à bout de forces, j’irai à votre chasse demain… Mais je vous en prie, d’ici là… laissez-moi…
    – Soyez obéie, fit le roi qui tremblait autant qu’elle, mais non de la même émotion.
    Il se retira, et Gillette courut se réfugier dans sa chambre.
    Le roi, en rentrant chez lui, était rayonnant.
    – Elle cède ! grondait-il. Jour de Dieu, la chose a été longue, mais enfin…
    Le plan de François I er était des plus simples.
    Une fois en forêt, il s’arrangerait pour être seul avec Gillette. L’idée d’un viol brutal n’était pas pour l’effrayer.
    Une seule chose, dans cette affaire, étonnait le roi et l’inquiétait presque. C’était la facilité avec laquelle Gillette, jusqu’alors si farouche, avait accepté la proposition d’assister à cette chasse.
    Oui, Gillette avait accepté, – et même avec joie.
    D’abord, il ne venait pas à la pensée de la pauvrette qu’elle pût avoir un danger quelconque à redouter ; un tête-à-tête avec le roi lui paraissait chose impossible dans une chasse à laquelle assisteraient peut-être deux ou trois cents personnes.
    Ensuite, elle espérait, en traversant la ville, être aperçue de Triboulet, échanger un signe avec lui, peut-être pouvoir lui parler.
    Il faut dire que si Gillette était libre dans son appartement, si elle pouvait descendre au parc, il lui était interdit de sortir des limites du château.
    Donc, traverser Fontainebleau, même en nombreuse compagnie, était une chance dont il fallait profiter.
    q

Chapitre 29 LA CHASSE ROYALE
    C ’était vraiment un groupe fringant qui traversait la ville de Fontainebleau le lendemain matin, à la grande admiration des bourgeois qui, par des cris répétés de : Vive le roi ! traduisaient leur admiration enthousiaste.
    Gillette, montée sur un cheval noir, peut-être trop vif pour elle – pourquoi lui avait-on fait monter ce cheval et qui en avait donné l’ordre ? – Gillette, jetant autour d’elle des regards inquiets, cherchant avidement le visage ami parmi les mille visages des rues et des fenêtres, Gillette, marchait aux côtés de la duchesse d’Etampes, et toutes deux étaient encadrées de gentilshommes, au nombre desquels Essé et La Châtaigneraie ne perdaient pas la jeune fille de vue.
    Quant à Diane de Poitiers, elle caracolait en tête sur un fougueux étalon que bien des cavaliers réputés n’eussent pas osé enfourcher.
    Catherine de Médicis, montant selon la nouvelle mode qu’elle avait inventée, c’est-à-dire la jambe droite appuyée sur un demi-arceau planté à l’arçon de la selle. Catherine chevauchait hardiment, heureuse de montrer le bas de sa jambe qu’elle avait fort belle, heureuse de montrer sa science de l’équitation, heureuse aussi d’échapper pour une matinée à l’insupportable mauvaise humeur de son mari le dauphin Henri, lequel d’ailleurs n’avait d’yeux que pour Diane de Poitiers.
    Quant au roi, il était radieux. Sa haute taille dépassait la taille des gentilshommes qui l’entouraient.
    Il portait beau, dans son pourpoint de velours cramoisi, serré par une ceinture d’or à laquelle pendait un couteau de chasse à manche d’or incrusté de pierreries.
    Il parlait du cerf, il parlait des campagnes qu’il voulait entreprendre, il parlait haut, riait, complimentait des hobereaux dont les familles allaient se transmettre de génération en génération le mot aimable arraché au roi par sa bonne humeur ; car le roi, ce matin-là, eût complimenté l’univers entier.
    On arriva en forêt.
    L’événement désiré, souhaité ardemment par Gillette, ne s’était point produit ; elle n’avait pas aperçu le visage ami qu’elle avait tant cherché… Et déjà elle se repentait d’être venue.
    Au carrefour, le cortège s’arrêta.
    On fit un grand cercle autour du roi.
    Les meutes encore accouplées s’alignaient hors du cercle. Les sonneurs de fanfares étaient rangés en bataille.
    Sur un appel du roi, le grand veneur s’avança au rapport au milieu du cercle.
    Le grand veneur salua d’abord le roi, puis, d’un geste moins profond, les chasseurs assemblés. Dans le grand silence qui

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