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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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s’était fait, il parla à voix haute et claire, comme un héraut d’armes.
    Il résultait du rapport que l’animal avait été débusqué la veille près d’une mare qui se trouvait à cent pas de là, et que les voies partaient de cette mare pour aboutir à la grande hêtraie ; le dix-cors, flairant le danger, avait passé la nuit à brouiller ses pistes par des contre-voies, et il était maintenant embusqué au fond des hêtraies.
    Le grand veneur se tut.
    Le roi jeta un regard d’intelligence à La Châtaigneraie et à d’Essé qui ne le perdaient pas des yeux.
    Puis, ayant remercié et félicité son grand veneur, il se tourna vers le peloton des sonneurs et fit un geste.
    C’était le signal de la chasse. Les fanfares sonnèrent.
    Les chiens, découplés en un instant, s’élancèrent en compagnie serrée, jappant sourdement, quêtant et flairant.
    Puis, ce fut le galop rapide des chasseurs partis en peloton.
    Or, au moment où François I er s’élançait à son tour, avec, eût-on dit, une certaine hésitation, comme s’il eût tenu à se laisser dépasser, à ce moment, un cavalier qui avait assisté invisible, à toute la scène du rapport, caché qu’il était dans les fourrés environnants, se mit à galoper à la hauteur du roi, tout en se tenant hors de son regard et en se dissimulant avec soin.
    Ce cavalier, svelte, adroit, maniant sa mouture à travers les arbres avec une prestesse extraordinaire, portait sur le visage un loup de velours noir.
    Il n’était pas de la cour.
    Ce n’était pas non plus l’un des gentilshommes du voisinage accourus à la chasse.
    Et enfin, qui eût pu l’examiner de près, malgré sa course rapide, n’eût pas tardé à reconnaître que c’était une femme.
    A l’instant précis où les cors avaient sonné, La Châtaigneraie s’était approché du roi et avait demandé à voix basse :
    – Vos derniers ordres, sire ?
    – Dans une demi-heure, soyez au Rocher de l’Ermite.
    Alors, La Châtaigneraie avait repris sa place auprès de la duchesse de Fontainebleau, tandis que d’Essé occupait l’attention de la duchesse d’Etampes.
    Or, le Rocher de l’Ermite était loin de la hêtraie signalée au rapport du grand veneur.
    Ce Rocher de l’Ermite, ainsi appelé parce que jadis quelque cénobite y avait probablement élu domicile, était en réalité un entassement de rochers.
    Eboulées les unes sur les autres, ces roches verdies de mousses formaient diverses anfractuosités, dont l’une, assez vaste, avait dû être jadis la grotte de l’ermite en question.
    C’est vers cette grotte que galopait François I er après s’être isolé du reste de la chasse. Il était toujours escorté par son invisible compagnon, – par le cavalier, ou plutôt par la cavalière au loup noir.
    On a vu que la duchesse d’Etampes s’était jusque-là tenue auprès de Gillette.
    Avec son instinct de femme jalouse et sa connaissance parfaite des ruses amoureuses de François I er , elle avait tout de suite compris que la chasse n’avait d’autre but que de rapprocher le roi de Gillette.
    La jeune fille n’avait, il est vrai, répondu à aucune des avances de la duchesse, et celle-ci avait pris le parti de chevaucher près d’elle sans lui parler, mais décidée à ne pas la perdre de vue un seul instant.
    Or, au moment même où la chasse commençait, d’Essé avait brusquement sauté à bas de son cheval, en disant :
    – Ces écuyers du château sont décidément de vilains drôles… votre bête est mal sanglée, madame…
    En même temps, d’Essé faisait le geste de ressangler le cheval de la duchesse d’Etampes qui était d’ailleurs parfaitement sanglé.
    – Merci, mon cher, dit la duchesse.
    Et elle excita sa monture pour rattraper Gillette.
    Mais elle n’eut pas fait vingt pas que la selle chavira ; la duchesse n’eut que le temps de sauter légèrement à terre.
    – Quel maladroit je fais ! s’écria d’Essé qui lui-même mit pied à terre, mais cette fois plus lentement, et qui, tout en prodiguant les exclamations de regret, s’employa à seller la bête de la duchesse.
    Celle-ci fouettait nerveusement l’air du bout de sa cravache et ne disait mot. Elle suivait des yeux La Châtaigneraie et Gillette qui filaient à la suite des chasseurs.
    D’Essé n’en finissait pas, multipliant les excuses sur sa maladresse. Enfin, le cheval se trouva sellé, cette fois solidement, et aidée par son compagnon, la duchesse d’Etampes se

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