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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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cherchait encore lorsque le roi, au matin, avant le départ pour la chasse, lui avait révélé son petit plan de viol.
    La Châtaigneraie avait accepté son rôle avec enthousiasme. En effet, à Gillette devenue la maîtresse du roi, il faudrait un mari, – un mari dévoué, assez l’ami du royal amant pour ne pas gêner ses amours.
    – Ce mari, ce sera moi, s’était dit le gentilhomme.
    Gillette, le cœur palpitant, s’assit sur un banc de mousse qu’on avait formé dans le fond de la grotte.
    Plus rouée, elle se fût demandé pourquoi l’active surveillance dont elle était l’objet venait de cesser tout à coup. Elle songea seulement qu’un merveilleux hasard lui venait en aide.
    Elle palpitait, disons-nous. Car maintenant la pensée de fuir lui venait, précise et nette. Son plan fut vite fait : s’en aller au hasard, droit devant elle, jusqu’à ce qu’elle trouvât une maison où elle pourrait demander l’hospitalité.
    Cette décision prise avec la fougue d’une joie qui ne laissait place à aucune hésitation, Gillette attendit deux ou trois minutes pour donner à La Châtaigneraie le temps de s’éloigner.
    Enfin, n’y tenant plus, elle s’élança légèrement vers l’ouverture de la grotte.
    Mais comme elle allait atteindre cette ouverture, une ombre intercepta soudain le rayon de soleil, un homme parut. Gillette jeta un cri d’angoisse et de terreur.
    Cet homme, c’était François I er .
    La jeune fille, d’un bond, avait reculé jusqu’au fond de la grotte.
    – J’étais inquiet, balbutia le roi. J’espère qu’il ne vous est rien arrivé de grave ?
    Il continuait à avancer.
    Gillette se trouva tout à coup acculée au fond de la grotte. Elle se vit perdue.
    Une inspiration soudaine, une de ces inspirations qu’enfantent les cerveaux surchauffés de fièvre dans les moments suprêmes, – et elle dit :
    – Il ne m’est rien arrivé,
mon père !
    François I er s’arrêta court.
    Ce mot que Gillette prononçait pour la première fois, ce mot qu’il avait en vain sollicité, ce mot de
père
se dressait maintenant entre la jeune fille et lui.
    Père !… Il était père de cette enfant qu’il venait violer !
    Et elle, hardiment, le regardait en face, d’un regard clair qui était la plus terrible accusation.
    La lutte, dans le cœur de François I er , dura quelques minutes, mortelles minutes pendant lesquelles Gillette n’osa risquer un pas, de crainte de rompre cette sorte de charme qui semblait paralyser le roi.
    Mais, brusquement, François I er darda un regard enflammé sur la jeune fille. Tout scrupule s’évanouissait en lui. Toute crainte s’effondrait. Sa pensée ne lui fournit plus que des images de luxure. Et même cette certitude d’inceste le fouetta.
    Et il gronda, hagard :
    – Qui t’a dit que je suis ton père ?…
    Au loin, Gillette perçut une galopade.
    François I er , lui, n’entendit pas.
    Il saisit la jeune fille par les deux poignets :
    – Ton père !… Es-tu folle !… Je suis ton roi, je suis ton amant… Je t’aime, ne le comprends-tu pas ?…
    Elle se raidit pour éviter son haleine brûlante.
    – Je t’aime… bégaya-t-il avec un rire épais… Tu m’aimes aussi, toi n’est-ce pas ?… Tu m’aimes… dis que tu m’aimes… dis-le !…
    Ses lèvres, furieusement, cherchèrent le baiser…
    – Le voilà !… Sain et sauf !… Vive le roi !
    Ces cris éclatèrent tout à coup, au moment où Gillette éperdue, rassemblait le peu qui lui restait de forces pour repousser l’homme exaspéré de passion.
    François I er se retourna, livide de fureur.
    Il vit la grotte pleine de monde.
    En tête des chasseurs accourus, la duchesse d’Etampes, qui lui prenait la main en disant :
    – Oui ! Dieu merci, sain et sauf !… Messieurs, vive le roi !
    – Vive le roi ! acclamèrent les gentilshommes.
    Au loin, vers les hêtraies, les cors sonnaient victorieusement l’hallali…
    Ce qui s’était passé :
    La cavalière au loup noir avait, on l’a vu, galopé pendant quelques minutes à la hauteur du roi. Tout à coup, elle reconnut le chemin que suivait François I er .
    – Mais il va au Rocher de l’Ermite ! fit-elle en arrêtant son cheval.
    Dès lors, les scènes qu’elle avait notées prirent toute leur signification : le roi demeurait en arrière, tandis que La Châtaigneraie entraînait Gillette.
    Elle éclata de rire.
    – Pauvre François ! murmura-t-elle, quel chagrin je vais lui faire

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