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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Paris. Donnez-leur mission d’arrêter tout homme ou toute femme s’éloignant de Fontainebleau… Avez-vous tout compris…
    – Oui, sire. Mais si cependant Votre Majesté voulait me désigner avec plus de précision la personne qu’elle vise, peut-être pourrais-je agir plus sûrement.
    François I er hésita un instant.
    – Connaissez-vous la dame Ferron ? dit-il.
    – Je l’ai vue deux ou trois fois, sire.
    – Il s’agit d’elle – d’elle surtout ! Mais il s’agit aussi de deux truands de Paris.
    – Manfred et Lanthenay, sire ?
    – C’est cela même. Vous êtes un bon serviteur, Montgomery. Allez, faites diligence… je compte sur vous…
    – L’impossible sera fait, sire ! s’écria le capitaine des gardes qui s’élança rayonnant.
    Les ordres que venait de donner le roi l’avaient quelque peu rasséréné. Il tourna vers ses gentilshommes silencieux un visage souriant.
    Aussitôt, les mines inquiètes et assombries se changèrent en mines joyeuses, les conversations reprirent leur train, et le roi traversa les groupes en distribuant des paroles aimables.
    Mais la joie devint de l’enthousiasme, lorsque François I er , se tournant vers les gentilshommes avant de sortir, dit à haute voix :
    – Messieurs, notre grand veneur nous annonce un dix-cors. Nous le courrons demain, s’il plaît à Dieu. Ainsi donc, que chacun s’apprête, car l’animal a déjà mis en défaut plus d’une meute, et ce sera une véritable victoire que de le forcer.
    Des acclamations accueillirent cette nouvelle, tandis que le roi se dirigeait lentement vers les appartements de la duchesse de Fontainebleau.
    Ces appartements, placés à l’aile gauche, du château, consistaient en une douzaine de vastes pièces très somptueuses.
    Il y avait une belle antichambre, où douze hallebardiers, en costume d’apparat, montaient la garde pour faire honneur à la petite duchesse.
    Il y avait un immense salon où se tenaient les dames d’honneur.
    Il y avait une salle à manger d’un luxe grandiose, avec ses hauts dressoirs chargés de vaisselles précieuses, ses aiguières d’or, ses candélabres monstrueux.
    Il y avait enfin une chambre à coucher dont le lit carré, élevé sur une estrade comme un trône, était un véritable monument et un chef-d’œuvre de sculpture.
    Mais Gillette n’entrait jamais dans le beau salon d’honneur.
    Mais elle mangeait, seule, dans une petite pièce du fond de l’appartement.
    Et c’est dans cette pièce qu’elle dormait.
    Elle avait exigé qu’on plaçât un fort verrou à la porte, menaçant de sauter par la fenêtre si on ne lui donnait pas satisfaction.
    Chacune de ces exigences avait révolutionné le petit monde des dames d’honneur qui s’en étaient montrées fort scandalisées.
    Gillette avait donc vécu dans cette chambre qui donnait sur le parc par une fenêtre unique.
    Elle était en somme assez protégée contre les périls inconnus que devinait son instinct de jeune fille. Elle y avait fait apporter un rouet et filait pour se distraire.
    Sa triste existence de recluse avait été des plus uniformes.
    Le matin, au jour, elle se levait, s’habillait elle-même, et ne tirait le verrou qu’assez tard dans la matinée. Alors la première dame d’honneur venait lui demander ses ordres « pour se lever »
,
paraissant ne pas vouloir remarquer qu’elle était déjà habillée. A quoi Gillette répondait également en demandant s’il s’agissait du lever du lendemain, auquel cas, ajoutait-elle, elle réfléchirait à la chose pendant la nuit.
    A midi, nouvelle apparition de la dame d’honneur venant annoncer que « les viandes de M me la duchesse étaient servies dans la salle à manger »
.
A quoi Gillette répondait en interpellant sa servante et en lui ordonnant de lui apporter son dîner.
    Le soir, répétition de la même scène.
    Dans la journée, la dame d’honneur venait régulièrement à la même heure demander à M me la duchesse si elle désirait la lecture ou la conversation de ces dames.
    M me la duchesse répondait non moins régulièrement qu’elle avait des yeux pour lire, si l’envie lui en prenait, et que, quant à la conversation des dames de la cour, elle s’y ennuyait fort, parce qu’elle ne comprenait pas toujours.
    La seule distraction de Gillette était de descendre dans le parc ; encore attendait-elle que le soir fût tombé.
    Mais elle ne pouvait faire un pas sans être suivie, sous prétexte de la distraire ou

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