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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pourtant… non… je ne me souviens pas vous avoir jamais vue… je ne me rappelle pas la rue des Mauvais-Garçons…
    – Une petite rue étroite, bordée de masures dont les toits pointus, aux tuiles verdies, semblent des clous qui menacent le ciel… une chaussée défoncée avec un ruisseau au milieu… des boutiques sordides… des gamins mal vêtus, pieds nus…
    – Oui… oui… il me semble que je vois mieux au fur et à mesure que vous parlez…
    – Et dans cette rue, reprit la duchesse d’Etampes, une maison plus délabrée que les autres… un escalier en bois vermoulu que l’on monte en s’accrochant à une corde fixée à la muraille humide…
    – Je vois, je vois ! s’écria Margentine palpitante.
    – Oh ! madame, ce que vous faites-là est impitoyable ! dit Gillette.
    La duchesse haussa les épaules et répondit :
    – C’est pour vous sauver, mon enfant, comme je vous ai déjà sauvée à deux reprises différentes.
    Et, s’adressant à Margentine :
    – Au haut de l’escalier, une pièce obscure dont la fenêtre prend jour sur une cour étroite, triste, sans air…
    – C’est là que je vivais ! cria Margentine.
    – Oui, c’est là ! Et rappelez-vous… Un soir… c’était en hiver… quelqu’un est venu vous dire de descendre… et lorsque vous fûtes descendue, une dame poussa dans vos bras une jeune fille…
    Gillette ne put retenir un gémissement.
    – Une jeune fille, continua la duchesse, que vous avez saisie dans vos bras et emportée chez vous…
    – O terreur ! murmura Gillette.
    – Et c’était votre fille ! Votre fille que voilà ! Et la dame, c’était moi ! Moi qui avais arraché Gillette au Louvre et qui vous l’amenais… Vous rappelez-vous ?…
    – Oh ! c’est insensé, ce qui se passe dans ma tête ! fit Margentine. Je vois la scène que vous dites… Je la vois comme si j’y étais… J’emporte la jeune fille… ma fille… ma Gillette… et je l’emporte avec haine… je l’emporte pour la faire souffrir ! Mais alors… Oh ! je comprends l’épouvantable vérité… j’étais folle !
    – Mère ! mère chérie ! sanglota Gillette en se jetant au cou de sa mère. Ne pensez pas une chose aussi affreuse… Tout cela n’existe pas !
    – Pauvre ange ! Comment, alors, n’ai-je pas compris que tu étais ma fille ?
    – Vous ne m’avez pas torturée ! Vous ne m’avez pas haïe !…
    – Tu me le jures ?
    – Je vous le jure sur mon âme !
    – Ah ! je sens mon cœur se dilater… C’eût été aussi par trop abominable qu’une mère martyrisât sa fille…
    – Si je vous l’amenai alors, dit la duchesse d’Etampes, ce fut pour la sauver du roi…
    – La sauver !
    – Oui ! Ne savez-vous donc pas…
    – Oui, oui… elle m’a tout dit, la pauvre petite…
    – Eh bien, Margentine, écoutez encore… Qui est venu vous dire que Gillette était à Fontainebleau ? Qui est venu vous donner les moyens de faire la route ? Qui est venu vous dire comment vous deviez vous y prendre ?
    – C’est vous, madame ! C’est vous !
    – Enfin ! Vous, me reconnaissez donc !
    – Si je ne vous reconnais pas, je comprends au moins que vous me dites la vérité.
    – Si je viens maintenant vous dire que Gillette n’est pas en sûreté ici !
    – Qu’on ose la toucher ! gronda Margentine.
    – Pauvre femme ! On aura vite fait de se débarrasser de vous par le fer ou le poison !
    Gillette jeta un cri d’épouvante et Margentine frissonna.
    – Voulez-vous avoir confiance en moi ? Je vous promets, moi, de vous sauver toutes les deux. Ne me demandez pas pourquoi je veux vous sauver… Il suffit que je le veuille ! Voulez-vous avoir foi dans le secours que je vous apporte ?
    – Parlez ! dirent à la fois Margentine et Gillette.
    La duchesse d’Etampes comprit que sa cause était gagnée.
    Gillette, en effet, tout en éprouvant une instinctive défiance contre elle, ne pouvait méconnaître qu’elle l’eût sauvée des griffes du roi.
    Quant à Margentine, elle devinait dans la duchesse une femme, qui pouvait être une mortelle ennemie ou une alliée, mais qui, pour le moment, avait intérêt à défendre Gillette.
    La duchesse reprit alors :
    – Il ne faut pas rester ici… Evidemment le roi ne vous laissera pas sortir du château ; vous êtes ses prisonnières, du moins l’une de vous… Mais je puis obtenir facilement qu’on vous donne un autre logis…
    – Qu’y

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