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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Et qui pourra renfoncer les calomnies dans la gorge des médisants, qui pourra faire se glacer les sourires sur les lèvres, sinon un homme à qui le titre d’époux en donnera le droit et qui appuiera ce titre par quelque bonne et solide épée ?
    Le roi demeura pensif pendant quelques minutes.
    – Tu as raison, dit-il enfin.
    La Châtaigneraie tressaillit de joie.
    – Que dois-je annoncer à mon ami ? demanda-t-il.
    – Annonce-lui que le roi est content d’avoir un ami tel que lui et que son dévouement recevra une éclatante récompense. Maintenant, dis-moi, ton ami – s’appelle La Châtaigneraie ?
    Le gentilhomme s’inclina profondément. Le roi lui frappa amicalement sur l’épaule :
    – Dis-lui que je suis content de lui. Avant un mois, le titre de duc de Fontainebleau sera à lui…
    La Châtaigneraie, pour cacher la joie, qui brilla dans ses yeux, s’inclina encore, se courba jusqu’à terre, pendant que le roi, avec un sourire de mépris, songeait :
    – Ramasse !
    La Châtaigneraie sortit de chez le roi rayonnant. Dans l’antichambre, il rencontra le capitaine des gardes Montgomery, qui lui prit le bras et lui dit :
    – Je crois, cher ami, que nous avons à causer de choses très importantes et très pressées.
    Montgomery avait, entre autres qualités, une science parfaite qu’il avait poussée aussi loin qu’il avait pu : la science d’écouter aux portes.
    Il avait entendu l’entretien du roi et de La Châtaigneraie.
    – De quoi s’agit-il ? demanda celui-ci.
    – De votre mariage avec la duchesse de Fontainebleau, répondit avec impudence le capitaine des gardes.
    La Châtaigneraie regarda Montgomery dans les yeux.
    – Diable ! fit-il, vous êtes bien informé, mon cher, et je vous en fais compliment.
    – Ecoutez donc, on fait ce qu’on peut ; mon intérêt est de savoir ce qui se passe à la cour ; je tâche donc de le savoir de mon mieux.
    – Oui, mais mon mariage avec la duchesse de Fontainebleau vient à peine d’être décidé, – et encore n’est-il pas sûr qu’il le soit.
    – Allons causer plus loin, car il y a ici des oreilles indiscrètes… sans compter les miennes.
    En effet, un gentilhomme de M me Diane de Poitiers, Guy de Chabot de Jarnac, se promenait dans l’antichambre et paraissait assez curieux de savoir ce qui se disait entre La Châtaigneraie et Montgomery.
    La Châtaigneraie réfléchit que le capitaine des gardes était en grande faveur. Il accepta donc le bras que lui offrait Montgomery, et ce fut ainsi, bras dessus bras dessous, qu’ils descendirent dans la cour d’honneur.
    – Parlez, fit Montgomery.
    – Vous disiez donc, cher ami, qu’il n’est pas tout à fait sûr que votre mariage avec la duchesse de Fontainebleau se fasse. Et vous aviez raison de le dire…
    – Ah ! Ah !… Vous savez quelque chose, vous !… Il y a un obstacle, n’est-ce pas ?
    – Vous rappelez-vous certain truand nommé Manfred ?
    – Manfred ! fit La Châtaigneraie en pâlissant de fureur ; mais vous avez dit au roi que cet homme a quitté Fontainebleau !
    – C’est la vérité… mais pensez-vous que cet homme renonce si facilement à la femme qu’il aime ?… Il me semble qu’il a donné déjà des preuves d’audace et de courage qui doivent vous le rendre redoutable.
    – Tout cela n’est que trop vrai.
    – Eh bien, voici où je voulais en venir. Je crois pouvoir vous affirmer que Manfred reviendra avant peu à Fontainebleau.
    – Si seulement on savait où il se gîte !
    – Voilà un point sur lequel je puis vous donner satisfaction. Connaissez-vous l’auberge du Grand-Charlemagne ?
    – Rue aux Fagots ?
    – C’est cela. Eh bien, allez au Grand-Charlemagne, mon cher, tâchez d’interroger habilement, de voir sans être vu, d’écouter enfin… et je crois que vous aurez rapidement des nouvelles de votre homme.
    – Par le diable, Montgomery, vous êtes un véritable ami. Je hais cet homme plus que je ne saurais dire ; il m’a humilié deux fois, et si vraiment j’arrive à le tenir un jour au bout de mon épée, je vous en aurai une reconnaissance…
    – Dont je compte bien user, mon cher… Je vous l’ai dit : nous avons besoin l’un de l’autre. Vous étiez trois auprès du roi. Il ne reste plus que vous et Essé. Sansac a disparu… Si je pouvais prendre sa place…
    – Je comprends…
    – Que faut-il pour cela ? Un mot dit adroitement et à propos…
    – Comptez sur

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