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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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charge de le faire aménager, et dès demain je les déciderai à s’y réfugier.
    – Anne, tu me sauves la vie ! s’écria le roi sans songer que son exclamation était un vrai coup de poignard dans le cœur de la duchesse.
    q

Chapitre 32 LE PAVILLON DES GARDES
    C e pavillon, dont la duchesse d’Etampes venait de parler à François, était situé très avant dans le parc, au milieu d’un massif de vieux arbres qui, pendant l’été, le couvraient d’une ombre impénétrable.
    On allait rarement de ce côté. L’endroit était solitaire.
    On avait fini, parmi les gens du château, par attacher des idées superstitieuses à ce pavillon, grâce à son isolement au fond du bosquet d’arbres.
    Or, le soir du jour où la duchesse d’Etampes et François I er eurent l’entrevue à laquelle nous avons assisté, un laquais du château entra tout à coup, pâle et tremblant, à l’office, où ses camarades prenaient leur repas.
    Et il raconta qu’ayant eu une commission à porter à une des sentinelles postées contre le mur du fond du parc, il avait voulu couper court en revenant et, malgré la nuit, était passé devant le pavillon des gardes.
    Or, à travers les jointures des persiennes du rez-de-chaussée, il avait vu de la lumière !
    D’abord pris d’une folle envie de s’enfuir, cet homme assura qu’il avait eu ensuite le courage de s’approcher à pas de loup de la persienne éclairée vaguement, et qu’il avait vu une forme noire venant lentement à lui.
    L’opinion générale fut que la vision signalée n’avait rien d’extraordinaire, et que c’était un fait connu que le pavillon des gardes était hanté.
    Par qui ? Ou par quoi ?
    C’est ce qu’on ne pouvait dire. D’ailleurs, on ne sait jamais par qui est hantée une maison hantée, parce que, si on le savait, ce ne serait plus une maison hantée, mais une maison habitée.
    Cette théorie, que nous reproduisons sans en endosser la responsabilité, fut émise par l’un des officiers de la bouche royale, homme considérable et tout à fait digne d’être cru sur parole.
    Il demeura donc acquis que le pavillon des gardes était actuellement la demeure d’une « forme noire », que, faute de lui pouvoir donner un nom plus précis, on appela la
Dame
en Noir,
sans qu’on fût d’ailleurs tout à fait sûr que l’apparition était du sexe féminin.
    Nous avons trop de respect pour MM. les officiers de l’office royal pour élever le moindre doute sur l’existence de la
Dame
en Noir
dont il est fait mention dans les « Mémoires du sieur Aubry de Ribécourt, officier de la bouche royale, concernant quelques faits et gestes s’étant produits en le château de Fontainebleau ». Et nous renvoyons aux dits Mémoires le lecteur récalcitrant qui refuserait d’adopter la légende de la
Dame
en Noir.
    Mais comme, d’autre part, nous ne nous sommes pas contenté de compulser le manuscrit du sieur Aubry de Ribécourt (nous disons manuscrit, car ces Mémoires ne connurent point l’honneur de l’imprimerie), mais que nous avons cherché à contrôler ses assertions par celles d’autres manuscrits ou imprimés du temps, nous sommes en mesure de dévoiler le mystère de la Dame en Noir.
    Nous prierons donc le lecteur curieux de dévoiler l’incognito de la dame en noir – s’il s’en trouve d’assez curieux pour cela – de vouloir bien revenir un instant avec nous au moment où François I er étant sorti de la maison de la Belle Ferronnière, fit, avec Manfred et Lanthenay, la rencontre que nous avons narrée de notre mieux.
    Qu’on se représente Madeleine Ferron, debout près du cadavre de Jean le Piètre qu’elle vient d’égorger pour sauver François I er , – pour le conserver à sa vengeance.
    Une fois que le roi fut parti, Madeleine se pencha sur le cadavre qu’elle considéra un instant avec une froide curiosité. Certaine que Jean le Piètre était bien mort, elle remonta dans la chambre du premier étage et entr’ouvrit la fenêtre pour essayer d’apercevoir une dernière fois son amant.
    Elle distingua dans la nuit un groupe d’ombres confuses, entendit la voix du roi, et si elle ne comprit pas tout ce qu’il disait, elle en entendit assez pour deviner son projet.
    – Oui, oui, murmura-t-elle, fais cerner cette maison, fais-la fouiller ! Tu ne m’y retrouveras pas… C’est ailleurs que tu dois me revoir, mon doux François.
    Alors, rapidement, elle, s’habilla en cavalier, fit un paquet de quelques

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