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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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accorde à une personne qu’on voit pour la première fois.
    – Je désire, dit-il, – et sa voix tremblait légèrement – vous poser quelques questions. Je vous demande de me répondre en toute franchise et vérité. Si vous êtes pauvre, je vous enrichirai…
    – Parlez, seigneur, dit-elle sans que sa voix trahît la moindre émotion ou défiance, je répondrai de mon mieux…
    – Ce jeune homme qui sort d’ici…
    – Manfred ?
    – Oui… Manfred ! Voulez-vous me dire où il est né ?
    – En Italie, fit simplement la vieille.
    Ragastens sentit son cœur battre à coups redoublés.
    – Il n’en faut plus douter ! pensa-t-il. C’est mon fils ! Mon fils ! Ah ! que Béatrix va être heureuse !
    Il reprit à haute voix :
    – Où l’avez-vous trouvé ? Dans quel pays de l’Italie ?
    – 
Trouvé, seigneur ?
    – Oui, trouvé… ou recueilli… ou autre chose enfin !
    – Je ne comprends pas, répondit la Gypsie d’un air de naïveté. Manfred n’est pas un enfant trouvé…
    – Je m’exprime mal… Je voudrais savoir qui vous a remis cet enfant ?
    – Personne !
    Ragastens chercha à pénétrer la pensée de la bohémienne, mais celle-ci montrait un visage parfaitement calme.
    Il reprit :
    – Je vous répète que je vous enrichirai. Demandez-moi ce que vous voulez. D’avance, je vous l’accorde.
    – Je vous remercie, seigneur, fit la Gypsie avec effusion. Il est certain qu’un peu d’argent serait le bienvenu dans ma pauvre demeure. Voulez-vous que je vous dise la bonne aventure ?
    – Je veux simplement que vous me répondiez : Manfred est un enfant volé, n’est-ce pas ? Oh ! je ne cherche pas à savoir par qui…
    – Vous vous trompez, seigneur…
    – Mais enfin, qui est son père ? Le connaissez-vous ?
    – Hélas ! Comment ne le connaîtrais-je pas ! s’écria la bohémienne avec une mélancolie admirablement jouée. Son père est un noble napolitain.
    – Napolitain ! exclama Ragastens palpitant.
    – Oui… J’étais jeune alors… J’étais jolie… je lui plus… je l’aimai… et de cet amour éphémère est né mon Manfred…
    Ragastens tomba sur un siège. La déception était cruelle.
    – Ainsi, balbutia-t-il, Manfred est votre fils ?
    – Mon fils, oui, seigneur… Je l’ai appelé Manfred en souvenir de son père, qu’il n’a pas connu…
    – Mais ce jeune homme, reprit vivement Ragastens se raccrochant à un dernier espoir, ce jeune homme dit que vous n’êtes pas sa mère…
    – Je le lui ai laissé croire… pauvre enfant ! il est si intelligent, si fort au-dessus de ceux qui l’entourent qu’il a fini par se persuader qu’il a des parents illustres… Lui prouver qu’il est simplement le fils de la pauvre bohémienne, c’eût été lui briser le cœur… Il faut être mère, seigneur, pour concevoir des sacrifices pareils !…
    La Gypsie essuya deux larmes qui coulaient de ses yeux.
    – Ah ! reprit-elle tout à coup, ce n’est pas comme Lanthenay, par exemple ! Celui-là n’est pas mon fils, bien qu’il m’appelle aussi sa mère… Celui-là est vraiment un enfant recueilli… Son père était Parisien… Il est mort !
    Ragastens fit un geste de la main comme pour dire qu’il en savait assez…
    Il se leva alors, fouilla dans sa bourse, et tendit à la bohémienne une poignée de pièces d’or qu’elle prit en murmurant des bénédictions.
    Nous laisserons Ragastens redescendre tout pensif dans la Cour des Miracles et s’approcher de Manfred avec qui il commença un entretien que nous aurons à relater.
    Lorsque le chevalier fut sorti de chez elle, la Gypsie s’assit près d’un coin de table et se mit à songer.
    – J’aurais pu, murmura-t-elle, dire la vérité au seigneur de Ragastens. Du coup, je faisais bien des gens heureux. Mais à quoi m’aurait servi, à moi, tant de bonheur dont j’aurais été cause ? Voyons un peu ce qui se passerait si je disais au chevalier : « Oui Manfred est votre fils ! C’est moi qui l’ai enlevé pour plaire à M me Lucrèce Borgia. Mais elle est morte maintenant ! » Si je disais cela, il arriverait que, sous peu de temps, Manfred partirait avec son père. Or, qui me prouve qu’il ne chercherait pas à emmener Lanthenay et qu’il n’y réussirait pas ? Et que m’importe, après tout, que les gens soient heureux ou malheureux… Est-ce que quelqu’un s’inquiète de mon bonheur à moi ? Est-ce que personne a jamais songé aux larmes

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