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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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que j’ai répandues depuis que j’ai vu mon fils pendu sous mes yeux ?
    La Gypsie mit sa tête dans ses deux mains.
    Et cette évocation de son fils pendu la fit frissonner.
    Elle murmura, les dents serrées :
    – Emmener Lanthenay ! Qu’est-ce que je deviendrais, moi, du jour où je n’aurais plus sous ma main le fils de Monclar pour assurer ma vengeance.
    Elle se leva, s’approcha de la fenêtre qui donnait sur la Cour des Miracles.
    Au milieu de la cour, près d’un grand feu, elle vit les chefs assemblés. Parmi eux, Lanthenay.
    Quant à Manfred, il s’était écarté en compagnie de Ragastens.
    En reconnaissant Lanthenay, la Gypsie tressaillit, et un éclair de haine sauvage brûla dans son regard.
    Pourtant, ce n’est pas Lanthenay qu’elle haïssait.
    C’était au père de Lanthenay, au grand prévôt de Paris, au comte de Monclar que cette haine farouche s’adressait.
    Pendant toute la bataille, la Gypsie était demeurée à sa fenêtre ouverte, écoutant les bruits, scrutant la nuit.
    Elle ne doutait pas de l’issue du combat.
    Les gens du roi, et Monclar avec eux, seraient vaincus.
    C’était chez elle une conviction – une foi.
    Il fallait que Monclar fût vaincu pour que la rage du grand prévôt s’accrût ! Il fallait que Monclar en arrivât à haïr son propre fils !
    Lorsque ce fut fini et qu’elle sut que les troupes du roi étaient refoulées des trois côtés à la fois elle referma tranquillement sa fenêtre et dit :
    – Je savais bien que les choses tourneraient ainsi !
    Maintenant, elle examinait avec curiosité l’assemblée des chefs et trouvait bizarre que le conseil durât si longtemps.
    – Est-ce que tout ne serait pas fini ? murmura-t-elle.
    Et elle descendit et s’approcha du brasier près duquel se tenait le conseil en plein vent, selon les mœurs et habitudes de la Cour des Miracles.
    C’était Lanthenay qui parlait à ce moment.
    Et Lanthenay disait :
    – Si nous
le
mettons à mort, comme on vous en donne l’avis, les plus grands malheurs sont à redouter. Croyez-moi, profitez au contraire de cet événement pour confirmer vos privilèges. Arrachez-lui la promesse formelle de ne plus rien tenter contre vous, et renvoyez-le. Croyez-vous que le roi laisserait sa mort impunie ? Dès demain la bataille serait à recommencer, et peut-être, cette fois, l’avantage des circonstances ne serait-il pas pour vous. Tandis que si vous
le
renvoyez vivant, sans lui avoir fait aucun mal, non seulement le roi y regardera à deux fois avant d’attaquer à nouveau des gens qui se défendent si bien, mais encore il aura pour votre générosité une sorte d’estime, sans compter la reconnaissance de votre prisonnier…
    La Gypsie tressaillit. De qui était-il question ?
    Elle toucha le bras d’un suppôt qui se trouvait près d’elle.
    – Frère, dit-elle, de quel prisonnier s’agit-il ?
    – Comment, vieille Gypsie, tu ne le sais pas !
    – Je ne sais qu’une chose, c’est que mes chers enfants n’ont pas été tués ou blessés dans la bagarre ; c’est tout ce qu’il me faut, à moi !
    – Oui, oui… on connaît ton affection pour nos frères Manfred et Lanthenay. Il est vrai, qu’ils en valent la peine. C’est grâce à eux que les gens du roi ont fui ! Lanthenay surtout !
    – Ah !
    – Oui ! C’est lui qui a fait le prisonnier.
    – Et ce prisonnier ?
    – C’est le grand prévôt.
    – Le comte de Monclar ? balbutia la Gypsie.
    – On discute sur son sort…
    – Et où l’a-t-on mis ?
    – Là ! fit le truand.
    D’un geste, il désigna une masure.
    – Pas de danger qu’il se sauve, au moins ?
    Le truand éclata de rire.
    – Il est dans la cave, lié avec des cordes solides, et la cave est fermée à double tour, dit-il.
    – La précaution est bonne, dit la Gypsie, pour un prisonnier de cette importance.
    Elle s’écarta doucement.
    Monclar était prisonnier, et c’était grâce à Lanthenay !
    Elle se dirigea droit vers la masure.
    Devant une porte, elle vit Cocardère en faction.
    – Lanthenay veut te parler, lui dit-elle. Je vais te remplacer.
    – Bon ! fit Cocardère, voici la clef de la cave.
    – Tu attendras que le conseil soit terminé. Il m’a recommandé que tu ne le déranges pas avant.
    – Bien, bien…
    Cocardère s’éloigna en sifflotant.
    La Gypsie s’élança chez elle.
    Quelques instants plus tard, elle revenait avec un paquet sous le bras, et une petite lampe.
    Alors, elle

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