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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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alla vivement ouvrir la porte. Dans le corridor, le chirurgien aperçut en effet deux hommes.
    Ils étaient masqués, et il ne put les reconnaître. Mais, à leurs costumes, il jugea que c’étaient des gentilshommes.
    Diane referma la porte.
    – Savez-vous ce qui arrivera si j’appelle, maître ?
    – Je ne m’en doute pas, madame, fit le médecin qui, de pâle, était devenu blême.
    – Eh bien, ces deux hommes entreront et vous poignarderont sans pitié. Vous avez une minute pour vous décider. Ou vous répondez de composer le philtre, ou sinon j’appelle…
    Le chirurgien hésita environ douze secondes, laps de temps énorme, si l’on réfléchit qu’il tenait Diane de Poitiers pour incapable de faire une menace vaine et si l’on songe qu’elle avait déjà
travaillé
l’esprit du malheureux dans l’appartement du dauphin.
    – Madame, balbutia-t-il, je ferai la potion.
    – Bien maître, c’est tout ce que je vous demande. Maintenant, rassurez-vous. Votre conscience sera à l’abri de tout reproche. C’est à moi, à moi seule que vous remettrez votre philtre. Quant au roi, vous ferez comme vous avez dit : vous lui apporterez la potion calmante. Veillez seulement à ce que les deux flacons soient identiques. Si, au moment où vous apporterez au roi votre potion, il se trouve quelque personne auprès de Sa Majesté, il sera bon que cette personne sache que cette potion est inoffensive. Moyennant la bonne exécution de toutes ces prescriptions, comme vous dites, vous serez, maître, nommé chirurgien de Sa Majesté Henri II, roi de France. Vos appointements seront doublés, et des titres de noblesse vous seront acquis. Cela vous paraît-il suffisant ?
    Le chirurgien s’inclina en tremblant.
    – Finissons-en, maître. Combien de temps vous faut-il pour préparer vos deux potions… la bonne et la mauvaise ?…
    – Environ deux heures, madame.
    – Prenez-en trois. A huit heures, je serai ici. Je pense que nous sommes d’accord sur tous les points ?…
    – Oui, madame !…
    – A huit heures ! dit Diane de Poitiers d’un ton de voix qui fit frémir l’infortuné médecin.
    Un peu après huit heures, le chirurgien se dirigea vers l’appartement du roi.
    Comme il allait pénétrer dans l’antichambre, une femme sortit d’une chambre voisine et le saisit par le bras.
    C’était la duchesse d’Etampes.
    – Vous allez porter au roi la potion qu’il vous a demandée ?… dit-elle à voix basse.
    – Madame…
    – J’ai tout entendu, cette nuit, lorsque Sa Majesté vous a parlé ! Avez-vous songé, monsieur, qu’obéir au roi c’est le tuer ?…
    – Madame, dit le chirurgien en baissant la tête, la potion que j’apporte est inoffensive…
    – Comment cela ?…
    – Je ne puis m’expliquer davantage, madame, mais je vous jure sur le salut de mon âme que je porte au roi une potion calmante et non le philtre qu’il m’a demandé.
    – Vous êtes un brave homme, vous ! s’écria la duchesse qui embrassa sur les deux joues le médecin affairé.
    – Le roi ne mourra pas ! songeait la duchesse en regagnant ses appartements. Ah ! ma chère Diane, rira bien qui rira la dernière !…
    – Comment le roi a-t-il passé le reste de la nuit ? demanda alors le chirurgien à Bassignac.
    – Sa Majesté n’a pas tardé à s’endormir, dit-il.
    – C’est l’effet de la potion que je lui ai fait prendre…
    – Mais le sommeil a été coupé de cauchemars, à en juger par les paroles incohérentes qui échappaient à Sa Majesté…
    – Nous allons voir cela…
    Et le chirurgien voulut passer outre.
    – Maître ! fit Bassignac d’un voix suppliante.
    – Que voulez-vous, mon ami ?…
    – Est-il dans votre intention d’obéir à Sa Majesté…
    Le médecin poussa un soupir et son visage s’assombrit.
    Tout à coup, il montra à Bassignac le flacon qu’il apportait :
    – Vous voyez ce flacon, n’est-ce pas ?
    – Oui ! fit ardemment le valet de chambre.
    Le chirurgien regarda anxieusement autour de lui.
    – Ecoutez-moi bien, fit-il brusquement en se penchant vers Bassignac. Tant que le roi ne boira que du contenu de ce flacon, je réponds de sa vie, vous m’entendez ?
    – J’entends… Oh ! soyez béni !
    – Mais, ajouta le médecin d’une voix si basse qu’à peine elle était intelligible, si le flacon est changé, je ne réponds plus de rien…
    Et laissant Bassignac frissonnant d’espoir et de terreur, il entra dans la

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