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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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relire.
    Par discrétion, sans doute, et pour laisser le roi méditer à son aise, Diane, pendant que le roi lisait, avait reculé, glissé jusqu’à la table sur laquelle le médecin avait déposé la potion.
    Le roi, ayant lu la lettre, leva enfin les yeux sur Diane de Poitiers.
    – Je vous remercie, ma chère Diane, dit-il.
    – Et de quoi, sire ?
    – De vos bonnes paroles et de la lettre que vous m’apportez…
    – Oh ! Mon Dieu, aurait-elle donc une importance quelconque ?
    – Une importance considérable, Diane. Veuillez me laisser… Mais avant de vous retirer, rendez-moi un dernier service… Apportez-moi cette bouteille qui est là près de vous, sur la table… Ne la voyez-vous pas ?
    – Pardon, sire… je ne la voyais pas, en effet.
    Diane saisit le flacon et l’apporta au roi.
    Le roi considéra d’un œil sombre la bouteille toute semblable à celle que le chirurgien avait déposé sur la table.
    – Ceci contient la vie, ceci contient la mort murmura-t-il.
    Et d’un geste brusque, remplissant un gobelet d’argent, il le vida d’un trait.
    Puis il appela Montgomery.
    Le capitaine des gardes se présenta aussitôt.
    – Prenez vingt hommes sûrs, dit le roi, rendez-vous à l’auberge du Grand-Charlemagne, et arrêtez le chevalier de Ragastens, qui s’y trouve. S’il est en compagnie d’autres personnes, arrêtez aussi ces personnes. Faites vite !
    Montgomery s’inclina et disparut.
    – Bassignac ! appela le roi.
    – Me voilà, sire !…
    – Aide-moi à m’habiller…
    Tout en commençant à vêtir le roi, Bassignac jeta un coup d’œil sur le flacon de la potion et reconnut celui que le chirurgien lui avait montré.
    – Voilà qui va bien, murmura entre ses dents le vieux serviteur.
    – Que dis-tu ? interrogea le roi.
    – Je dis que Votre Majesté a commencé à boire sa potion, et que j’en suis heureux…
    – Pourquoi cela ? fit le roi.
    – Parce que la potion est calmante, j’en ai la certitude, et Votre Majesté peut la boire sans crainte.
    Ces paroles qui, dans l’esprit du valet de chambre se rapportaient à la courte conversation qu’il avait eue avec le chirurgien, ne furent pas comprises par François I er .
    – Tu as raison, dit-il d’une voix sombre ; c’est ce philtre qui doit apaiser les esprits en révolte dans mon corps. Remplis-moi mon gobelet…
    Bassignac se hâta d’obéir.
    Le roi but d’un trait, comme tout à l’heure, avec une sorte de désespoir farouche.
    – Je bois de la mort ! songea-t-il.
    Le premier effet immédiat du philtre fut un bien-être général qui se répandit parmi ses membres brisés de fatigue. Cette âcre et froide sueur qui surtout l’incommodait s’arrêta. Les sourdes douleurs qui persistaient dans les entrailles disparurent.
    Montgomery, cependant, était sorti des appartements royaux en proie à un trouble voisin de l’affolement. Il songeait :
    – Que se passe-t-il ?… La Châtaigneraie est tué au Grand-Charlemagne, cela ne fait pas de doute pour moi… Tué par Triboulet, c’est sûr. Je vois la scène comme si j’y étais. Et maintenant, le roi m’envoie à l’auberge de la rue aux Fagots pour y arrêter le sieur de Ragastens, l’un des étrangers qui m’ont été signalés, un ami de Triboulet !… Le damné bouffon va causer ma perte au moment où ma fortune s’établissait…
    Tout en réfléchissant, Montgomery était descendu dans la cour du château et avait donné des ordres à l’un de ses officiers.
    Bientôt cet officier vint lui dire que les vingt hommes demandés étaient prêts.
    – Eh bien, suivez-moi ! fit le capitaine.
    Il se mit en marche vers la rue aux Fagots.
    – Je suis perdu ! murmura-t-il. Si je vais au Grand-Charlemagne, je suis forcé d’arrêter Triboulet. Le bouffon est amené au roi. Et ma faveur, étayée sur un mensonge, s’écroule en même temps que ce mensonge…
    – Où allons-nous, monsieur ? lui demanda à ce moment l’officier.
    – Nous allons rue aux Fagots.
    Et aussitôt il regretta cette réponse.
    – Peut-être procéder à une arrestation ?… continua l’officier.
    – Oui, une arrestation dans une auberge.
    – Laquelle ? Il y a deux auberges dans la rue aux Fagots… Le
Grand-Charlemagne
et le
Soleil-d’Or.
    – 
Eh bien, monsieur, c’est au
Soleil-d’Or
que nous allons ! fit Montgomery, inspiré par une idée soudaine.
    On arriva dans la rue aux Fagots et, sur un signe de Montgomery, la petite troupe

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