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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Ragastens.
    Madeleine Ferron s’était jetée sous bois, comme pour couper court et dépasser la longue colonne de cavaliers, de carrosses et de fourgons.
    – Eh bien ? demanda Manfred, lorsque le chevalier eut rejoint.
    – Eh bien, ce n’était pas un espion, c’était un ami.
    – Un ami ? interrogea Manfred.
    – Ma foi, je suis bien obligé de donner ce nom à cette femme…
    – C’est une femme ?
    – Oui et c’est la troisième fois que je la vois.
    Ragastens raconta alors au jeune homme en quelles circonstances il avait vu deux fois la mystérieuse cavalière.
    Manfred n’eut pas de peine à reconnaître, dans le portrait qu’en traça la chevalier, la femme qu’il avait sauvée au gibet de Montfaucon et qui elle-même l’avait sauvé à son tour en ouvrant si à propos la porte de l’enclos des Tuileries.
    A son tour, il raconta cette double circonstance…
    – Si ce n’est pas une amie, conclut-il, du moins cette femme ne nous veut pas de mal…
    – Mais que peut-elle aller faire à Fontainebleau ?
    Madeleine Ferron, cependant, s’était arrêtée à l’une des premières maisons de l’entrée de la ville.
    Dans cette maison était arrivé, la veille au soir, un homme que nos lecteurs ont pu entrevoir un instant.
    Cet homme, c’était Jean le Piètre, – ce malheureux dont la silhouette nous est apparue dans la maison de la Maladre.
    Jean le Piètre était parti de Paris deux ou trois heures avant le roi ; arrivé à Fontainebleau, il s’était enquis d’une maison à louer.
    On lui avait montré, presque à l’entrée de la ville, une demeure d’aspect à demi bourgeois, comme les riches fermiers en élevaient.
    Jean le Piètre avait aussitôt fait marché et payé ce qu’on avait voulu.
    A peu près à l’heure où la cour devait arriver, il s’était avancé dans la forêt d’un millier de pas, sur la route de Melun.
    Il s’était assis sur un tronc d’arbre renversé par quelque tourmente. Puis, les coudes sur les genoux et le menton dans les deux mains, il avait attendu, les yeux perdus sur cette route par où
elle
devait arriver.
    Enfin, un galop retentit sur le sol.
    Jean le Piètre se dressa comme mû par une étrange émotion et son regard se fit ardent.
    Madeleine Ferron apparut. Elle avait coupé à travers la forêt et distancé l’escorte royale.
    Elle aperçut Jean le Piètre et s’arrêta près de lui.
    – Eh bien ? demanda-t-elle.
    – La maison est prête, madame, répondit Jean le Piètre d’une voix où il y avait plus d’émotion encore que de respect.
    Et on eût dit qu’il n’osait lever les yeux sur Madeleine.
    – Où est la maison ? fit-elle.
    – La quatrième à gauche en entrant dans la rue au bout de cette route. Mais je crains qu’elle ne soit pas digne…
    Madeleine haussa les épaules.
    – Hâte-toi de venir m’y rejoindre, dit-elle.
    Quelques instants plus tard, elle s’arrêta devant la maison signalée, sauta à terre, attacha son cheval à un anneau et entra à l’intérieur sans avoir été remarquée par les voisins, tant elle avait agi avec précipitation.
    Dix minutes après, Jean le Piètre arriva à son tour.
    – Y a-t-il une écurie ? demanda-t-elle.
    – Oui, madame : j’y ai placé le cheval.
    – J’ai visité la maison, dit-elle.
    Le regard de Jean le Piètre l’interrogea avec anxiété.
    – C’est bien, dit-elle. Tu as fait pour le mieux. Mais toi, où coucheras-tu ?
    – A l’écurie, répondit-il à voix basse.
    A ce moment, on entendit un grand tumulte dans la rue. Madeleine s’approcha d’une fenêtre qu’elle entr’ouvrit assez pour pouvoir regarder au dehors sans être aperçue elle-même.
    Il y avait grande rumeur. Les gens de Fontainebleau, en habits de dimanche, avaient envahi la rue.
    Un homme vêtu de noir, entouré des principaux personnages de la petite cité, fort ému, en apparence, tenait à la main un rouleau de parchemin sur lequel était écrit un compliment qu’il devait lire à Sa Majesté.
    Des clameurs de :
Vive le Roi !
éclatèrent.
    L’homme vêtu de noir et les notabilités se portèrent en avant.
    Les premiers cavaliers de l’escorte royale apparaissaient.
    Madeleine Ferron, derrière les vitraux de sa fenêtre, attendait, le visage impassible.
    Dans la rue, maintenant, un grand silence s’était fait.
    Sans doute l’homme noir lisait au roi son compliment de bienvenue.
    Puis, tout à coup, les clameurs recommencèrent.
    Enfin, le roi apparut,

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