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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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faut vous dire qu’en arrivant à Fontainebleau, je n’avais guère la tête à moi ; cette course furieuse m’avait brisé. Donc, à la première maison, je m’arrête, et je regarde autour de moi. Personne. Je frappe à une maison de paysan. Et, comme me l’avait recommandé Lanthenay, je demande si on a vu un seigneur qui s’appelle le chevalier de Ragastens et si on sait où il loge. On me répond de m’adresser au château et on me ferme la porte au nez. Il paraît que je faisais peur… Je demeurais là, tout bête, ne sachant où aller, lorsque tout à coup, d’une maison voisine, sort une femme…
    – Une femme ?
    – Habillée en homme… Belle femme autant que j’ai pu voir.
    – J’ai entendu que vous cherchiez M. de Ragastens, me dit-elle.
    – Qui êtes-vous, madame ? lui dis-je, me méfiant.
    Elle hausse les épaules et me dit :
    – Oui ou non, cherchez-vous M. de Ragastens ?
    – Oui, lui dis-je. Et c’est pressé.
    – Eh bien, me dit-elle, allez rue des Fagots, près du château, et arrêtez-vous à l’auberge du Grand-Charlemagne.
    – Là-dessus elle disparaît, acheva Cocardère, et moi, je pique des deux, demandant à mon pauvre cheval un dernier effort.
    L’idée de Madeleine Ferron se présenta d’elle-même à Manfred. Quelle autre, en effet, que Madeleine pouvait s’intéresser au chevalier de Ragastens que nul ne connaissait à Fontainebleau ?
    – Cette femme est donc notre bon génie ? se dit-il.
    Ils traversèrent Melun comme des fantômes.
    Hors de la ville, ils s’arrêtèrent une heure ; sans cette halte, les chevaux ne fussent pas arrivés à Paris.
    Une pleine mesure d’avoine tirée des fontes fut placée devant chaque bête, et Cocardère profita de la halte pour dévorer une tranche de bœuf placée entre deux vastes tartines de pain. Quant à Manfred, il se contenta d’une lampée de liqueur.
    Les deux cavaliers se remirent en selle et repartirent du même train.
    A deux heures du matin, ils étaient aux portes de Paris.
    – Fou que j’ai été ! gronda amèrement Manfred. Les portes sont fermées ! Je n’avais point songé à cela !
    – Les portes ouvrent à cinq heures, dit Cocardère ; or la chose est pour sept heures seulement…
    Manfred piétinait nerveusement autour de son cheval. Tout à coup il se décida.
    – Suis-moi, dit-il à Cocardère.
    Il alla frapper à la poterne, c’est-à-dire à la petite porte basse qui s’ouvrait près de la grande. Au bout de quelques instants, un soldat vint ouvrir.
    – Mon ami, dit-il, j’ai un message pressé à communiquer à votre sergent.
    – Venez, dit le soldat.
    Ils traversèrent une salle basse aux voûtes surbaissées, dans laquelle il y avait quelques gardes, et entrèrent dans une deuxième pièce de plus grandes dimensions qui était le véritable poste.
    Manfred vit tout de suite la porte qui ouvrait sur la rue, et fit un signe à Cocardère.
    Celui-ci s’approcha de la porte.
    – Voici le sergent, dit le soldat.
    – Que me voulez-vous ? demanda le chef de poste.
    – Vous dire que j’ai besoin d’entrer tout de suite à Paris, dit Manfred qui surveillait du coin de l’œil les mouvements de Cocardère.
    – On n’entre pas à pareille heure, grommela le sergent. Garde, reconduisez ces deux hommes.
    – En avant ! cria à ce moment Cocardère en ouvrant la porte toute grande et en se précipitant dans la rue.
    Le sergent, comprenant qu’il était joué, essaya de barrer le passage à Manfred. Mais, d’un coup de poing, le jeune homme l’envoya rouler à trois pas, et s’élança à son tour.
    L’instant d’après, il entendit deux ou trois coups d’arquebuse que les soldats du poste tirèrent au jugé, par acquit de conscience.
    Une heure plus tard, Manfred et Cocardère arrivaient à la Cour des Miracles.
    – Il est trois heures, dit Cocardère, je vais dormir jusqu’à six. Sans quoi, je serais inutile.
    – Je te réveillerai, sois tranquille.
    Et il se dirigea vers l’appartement qu’occupait Lanthenay, appartement dans lequel s’étaient réfugiées Julie et Avette, la femme et la fille d’Etienne Dolet.
    Lanthenay poussa un cri de joie en apercevant son ami et le serra dans ses bras. D’un coup d’œil, il lui montra les deux malheureuses femmes qui pleuraient.
    – Ils ont donc osé le condamner ! fit Manfred.
    – Mais tout n’est pas perdu ! s’écria Lanthenay. Nous le sauverons !
    – Certes !
    – Ah ! monsieur !

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