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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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trouverait trace des épreuves.
    – Avouez-vous, reprit Faye, que vous êtes schismatique ? Cela, vous ne pouvez le contester. Vous avez favorisé les défenseurs des erreurs nouvelles.
    – Je n’en connais aucun ; comment les aurais-je favorisés ?
    L’aveu de l’accusé était alors la pièce principale d’un procès.
    Que Dolet persistât à nier, cela faisait sur la foule des assistants un prodigieux effet. Et comme la justice n’était pas étayée sur des forces matérielles aussi solides qu’aujourd’hui, il devenait difficile de condamner Dolet.
    A ce moment, un homme s’avança vers l’official Faye.
    C’était un moine.
    Sa tête était couverte d’une cagoule noire.
    Le moine se pencha vers l’official, tira un papier de sa poitrine, et le tendit à Faye en disant :
    – Demandez à l’accusé si ce parchemin est bien de son écriture.
    Faye parcourut rapidement le papier, puis le passa à Mathieu Orry qui le lut aussi.
    – Abomination et sacrilège ! gronda Orry.
    – Gardes, faites approcher le prisonnier, dit Faye.
    Etienne Dolet s’approcha de lui-même et se pencha sur le parchemin.
    – Est-ce vous, demanda Faye, qui avez écrit cela ?
    – Oui, dit froidement Dolet.
    Ce parchemin, c’était celui que Dolet avait écrit à la Conciergerie dans une heure de fièvre et que les soldats lui avaient enlevé pour le remettre à Gilles Le Manu.
    Mathieu Orry se leva et donna lecture du document.
    Puis il le commenta, on peut imaginer comment.
    Le dernier passage surtout excita sa verve.
    « Je voudrais qu’un jour un monument s’élevât à l’endroit même où je vais souffrir, et que sur ce monument les jours de fête, les hommes enfin délivrés apportent quelque modeste offrande de fleurs et qu’enfin le souvenir des iniquités présentes fût perpétué par cette simple parole qu’on redirait aux foules d’année en année :
    « 
Ici on a brûlé un homme parce qu’il aimait ses frères et prêchait l’indulgence et proclamait le bienfait de la science.
    « 
Cela se passait du temps où il y avait des rois comme François et des saints comme Ignace de Loyola. »
    Il fut dès lors avéré d’une façon formelle que l’accusé prêchait la science, cause de tous les maléfices et source première de toutes les hérésies.
    Le moine qui avait apporté le parchemin accusateur était retiré dans un coin.
    Il vit l’official Faye se pencher vers ses assesseurs.
    Ceux-ci approuvèrent de la tête.
    L’official lut alors la sentence, qui déclarait Etienne Dolet mauvais, scandaleux, schismatique, hérétique, fauteur et défenseur d’hérésie et autres erreurs.
    La sentence condamnait le savant à être brûlé en place publique.
    Les gardes entraînèrent aussitôt Dolet.
    Seule, une femme s’écria :
    – C’est grand’pitié de brûler un homme si beau et qui parle si bien !
    Cette femme fut arrêtée à l’instant. Et les siens ne purent jamais savoir ce qu’elle était devenue.
    Après la condamnation, Lanthenay était sorti avec la foule, et, fou de désespoir, avait écrit quelques lignes pour Manfred.
    Cocardère était aussitôt monté à cheval. On sait le reste.
    Quant au moine à la cagoule noire, il avait attendu aussi la condamnation, puis il était sorti, était monté dans un carrosse, et s’était fait conduire à l’hôtel du grand prévôt.
    En entrant dans le cabinet de Monclar, cet homme se débarrassa de sa cagoule.
    – Quelle imprudence ! s’écria Monclar en l’apercevant. Si votre blessure se rouvrait, saint père !…
    Loyola tressaillit et dit paisiblement :
    – Vous me donnez là un nom qui ne s’accorde qu’au pape, mon fils.
    – Dans mon esprit, je voulais rendre hommage à votre sainteté… mais dans le fait, pourquoi ne vous appelleriez-vous pas bientôt de ce nom ?
    – Jamais ! dit tranquillement Loyola. Je perdrais la moitié de ma force si j’acceptais la tiare… Quant à ma blessure, rassurez-vous… Je viens vous apporter une bonne nouvelle : Dolet est condamné… Le reste vous regarde, en votre qualité de grand prévôt.
    – Quand voulez-vous que s’élève le bûcher ?
    – Demain, mon fils.
    – Demain !
    – Oui, Dolet a des amis audacieux ; tant que je n’aurai pas vu de mes yeux les flammes de son bûcher s’élever autour de lui, je ne serai pas tranquille.
    – Ce que vous désirez, mon père, est en dehors des usages.
    – Il faut surprendre l’ennemi. D’ailleurs,

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