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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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délire le reprenait.
    Quant à Cocardère et Fanfare, ils avaient disparu.
    Etaient-ils morts ? Ou seulement blessés ?…
    Autour du brasier, la foule, maintenant, revenue de sa terreur, s’approchait et regardait silencieusement, avec une avide curiosité, ce tas de tisons et de cendres.
    Du corps de Dolet, on ne voyait plus rien que quelques os qui se confondaient avec les tisons.
    Il était alors environ trois heures de l’après-midi.
    Les moines étaient toujours là.
    Vers trois heures, donc, la foule se serrait autour des religieux. Une femme du peuple cria :
    – Qu’on prenne au moins ses cendres et qu’on les enterre dignement en terre chrétienne !
    Loyola entendit ces paroles, tressaillit, et parut sortir de la léthargie d’immobilité où il se trouvait depuis le matin. Il n’avait rien vu, rien entendu de l’attaque des truands.
    Livide, sous sa cagoule, les yeux fixes, il n’avait pas perdu un détail du supplice, rêvant de supplices plus vastes, plus monstrueux.
    Le cri de pitié de la femme le ramena à la réalité.
    Il dit d’une voix forte :
    Pas de faiblesse ! Pas de pardon pour l’impie et l’hérétique ! Mes frères, prenez ses cendres et vous les jetterez, vous les disperserez en quelque terrain vague !
    De l’intérieur d’une charrette, le bourreau et ses aides sortirent une petite caisse en bois blanc et des pelles.
    Deux moines saisirent les pelles. Les ossements du savant furent jetés dans la caisse que les deux moines, sans doute stylés à l’avance, emportèrent.
    – Ainsi périssent les ennemis de Jésus ! cria encore Loyola.
    Et sous cette voix menaçante la foule frémit et courba la tête.
    – 
Amen !
répondit le chœur immense de 500 moines.
    q

Chapitre 14 LA BOHEMIENNE
    E n quittant Monclar, et en sortant de la place Maubert, la Gypsie s’était dirigée aussitôt vers la Cour des Miracles. Comme elle arrivait dans la rue des Mauvais-Garçons, elle vit devant elle deux hommes qui, sur une sorte de brancard improvisé, en portaient un troisième.
    Près du brancard marchaient deux femmes qu’elle reconnut aussitôt pour deux ribaudes. Elle s’approcha, et, sur ce brancard, vit Manfred, blanc, les yeux fermés.
    – Est-il mort ? demanda-t-elle.
    – Oh ! non, évanoui seulement. Il a le bras cassé.
    – Où le conduisez-vous ?
    – Mais… nous allions chez vous, la Gypsie !
    – Chez moi ! fit-elle d’une voix qui glaça les deux ribaudes… Je n’y serai plus ce soir ou demain… Et puis, croyez-moi, il ne serait pas en sûreté à la Cour des Miracles…
    La Gypsie réfléchissait. Que se passait-il dans cette obscure conscience ? Etait-ce un regard de pitié qui éclairait à ce moment ces yeux sauvages ?
    – Conduisez-le chez Margentine ! dit-elle tout à coup.
    – Chez la folle !… Ah çà, qu’avez-vous donc, la Gypsie ?…
    – Croyez-moi, dit-elle, il faut qu’il soit chez Margentine… pour des choses… que vous ne savez pas… et que je sais, moi !
    Les ribaudes se regardèrent, de plus en plus étonnées. Mais telle était l’autorité morale dont jouissait la Gypsie, telle était sa réputation de
devineuse
dans ce monde naïf et crédule, qu’elles ne firent plus d’objection.
    Les deux hommes, à nouveau, soulevèrent le brancard et la bohémienne les vit entrer dans la maison de Margentine la Folle.
    Arrivée chez elle, la Gypsie se mit à écrire assez longuement. Car elle savait lire, écrire et compter, sciences dont elle s’était d’ailleurs toujours gardée de se vanter.
    Elle fit ce travail avec une tranquillité apparente qui eût stupéfié quiconque eût pu lire alors dans sa pensée.
    Ayant achevé d’écrire, elle plia le parchemin, le cacheta, et se rendit en courant chez Margentine où elle vit Manfred installé sur une paillasse jetée par terre.
    – Tu le soigneras ? demanda-t-elle.
    – Oui, oui, fit Margentine ; il m’a défendue un jour que des hommes couraient après moi…
    – Bien. As-tu besoin d’argent ?
    Sans attendre sa réponse, elle mit quelques écus dans la main de Margentine. Puis elle reprit :
    – Maintenant, veux-tu que je te dise, Margentine ? Eh bien, il te fera retrouver ta fille, si tu le gardes bien.
    Margentine alla à la porte et plaça contre le battant une barre de fer.
    – Qu’on vienne le toucher ! gronda-t-elle.
    – Ecoute ! continua la Gypsie, tu vois ceci ?
    Elle montrait le pli cacheté.
    – Eh bien, quand il sera guéri,

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