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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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portant de lourds crucifix, puis des théories de nonnes, puis des prêtres psalmodiant les prières des agonisants, puis des moines en quantité, tous couverts de cagoules et tous porteurs de gros cierges en cire.
    Venait alors Dolet, entouré des moines.
    Dolet marchait d’un pas très ferme.
    Près de lui s’avançait le moine dont il avait remarqué le regard étrange.
    A peine le cortège se fut-il mis en route que toutes les églises commencèrent à sonner le glas.
    Dolet s’aperçut à peine qu’on se dirigeait vers la place Maubert et non vers la place de Grève.
    Au loin, de l’autre côté du pont Saint-Michel, une sourde rumeur s’élevait.
    Les gens de la Cité et de l’Université, à défaut de ceux de la ville, accouraient et se rangeaient le long des rues.
    Le sentiment qui dominait cette foule était celui de la pitié. Mais d’imperceptibles mouvements de colère et d’indignation se manifestèrent.
    Des hommes crièrent à voix haute qu’il était abominable de tuer un innocent et que son supplice retomberait sur l’official Faye, à qui on s’en prenait surtout de l’inique condamnation.
    Le moine qui marchait près de Dolet vit ces larmes de la foule, et d’une voix pleine de cinglante ironie, murmura :
    – 
Dolet pia turba dolet [2]
 !
    Le condamné tressaillit ; il venait de reconnaître la voix de Loyola ! Il redressa la tête et répondit sans trembler :
    – 
Sed Dolet ipse non dolet [3]
. Ah ! c’est vous, monsieur de Loyola ? Eh bien, vous allez voir comment sait mourir un homme qui ne craint rien ; pas même vous en ce moment !
    Bientôt on déboucha sur une étroite place autour de laquelle se massèrent les cavaliers, les soldats et les moines.
    Ceux qui portaient des cierges entourèrent aussitôt le bûcher. On avait dressé une échelle pour arriver sur la plate-forme.
    Le bourreau et ses aides s’approchèrent et voulurent saisir le condamné pour lui faire monter l’échelle.
    – Arrête, bourreau, dit Dolet. Je ne veux pas être aidé.
    En même temps Dolet monta les échelons, bien qu’il ne pût s’aider de ses mains attachées.
    Arrivé sur la plate-forme, il se plaça contre le poteau.
    Aussitôt, le bourreau l’y attacha solidement par une corde qui faisait plusieurs fois le tour du corps.
    Dolet voulut commencer à parler.
    Mais, sur un signe de Loyola, les moines entonnèrent le
De Profundis
d’une voix sauvage ; on ne peut entendre un mot de ce que disait l’infortuné savant.
    Au même instant, le bourreau saisit une torche qu’un de ses aides venait d’allumer.
    Mais Loyola la lui arracha des mains.
    – Ainsi périssent les ennemis de Jésus ! cria-t-il furieusement.
    Et il inclina sa torche vers les fagots secs qui formaient la base du bûcher.
    En un clin d’œil, tous les cierges s’étaient baissés vers les fagots. Une fumée grise et odorante, comme la fumée qui s’élève des fours de boulanger, monta alors et enveloppa Dolet de ses tourbillons.
    Quelques secondes encore, sa figure sereine apparut.
    Soudain, les flammes montèrent, déchirèrent la fumée des zébrures écarlates : de larges flammes onduleuses, souples, se balançant au vent comme des drapeaux funestes et dardant vers le condamné des pointes qui semblaient siffler…
    Une clameur, une immense et déchirante clameur de pitié monta de la foule…
    Puis, tout à coup, ce fut une rumeur d’effroi ; des hurlements éclatèrent ; il y eut une fuite éperdue, et deux ou trois cents êtres hagards, échevelés, dégouttants d’eau, se ruèrent sur les cavaliers qui entouraient le bûcher, et, à leur tête, Lanthenay, Manfred, livides, forcenés !…
    – Feu ! feu de toutes armes ! tonna Loyola.
    Un homme à cheval commanda :
    – Visez bien ! Feu !…
    C’était Monclar.
    Le tonnerre de deux cents arquebuses déchargées d’un coup roula sur ce quartier de Paris en même temps que le tonnerre des clameurs de la foule ; une cinquantaine de truands tombèrent ; parmi eux, Manfred, le bras fracassé.
    – En avant ! hurla Lanthenay.
    Une nouvelle décharge retentit lugubrement.
    Des morts culbutèrent, des blessés se roulèrent avec d’énormes imprécations.
    Cocardère et Fanfare toujours ensemble étaient tombés l’un près de l’autre.
    – En avant ! hurlait Lanthenay sans s’apercevoir qu’ils n’étaient plus qu’une dizaine.
    Ses yeux exorbités, fous, sanglants, s’étaient rivés à l’effroyable vision… là, à

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