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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mais pas avant, tu m’entends bien…
    – Pas avant ! J’ai compris…
    – Alors, tu lui remettras ce papier.
    – Bon ! donnez !
    Margentine prit le parchemin et alla l’enfouir dans une sorte de trou pratiqué dans le mur, qui servait d’armoire.
    – Rappelle-toi, recommanda encore la Gypsie, pas avant qu’il ne soit guéri !
    – Pas avant !…
    – Bon ! songea la Gypsie, cela me donne plus de huit jours… plus de temps qu’il ne m’en faut.
    Elle jeta sur Manfred délirant un dernier regard où perçait une aube d’émotion, puis elle sortit.
    Rentrée chez elle, la Gypsie rassembla en un paquet un certain nombre d’objets précieux, notamment des bijoux, pour une somme assez considérable.
    Elle mit dans une ceinture de cuir de l’or qu’elle tira d’une cachette, et ceignit la ceinture autour de ses reins, par-dessous les vêtements.
    Elle songeait à Manfred, ou plutôt s’efforçait de songer à lui, grommelant des mots sans suite.
    – Pouvais-je me douter que je m’attacherais à lui, et que j’en arriverais à souhaiter qu’il ne soit pas malheureux !… Oh ! ce Monclar ! comme il va souffrir !… Que Manfred, après tout, soit heureux… que m’importe !… Il ne peut plus maintenant m’enlever le fils du grand prévôt !… Va-t-il en verser des larmes !… Pourvu qu’il ne devienne pas fou !… Ou qu’il n’aille pas en mourir sur le coup !…
    Lanthenay, coupable de rébellion, tentative d’enlèvement de Dolet à la Conciergerie, coupable d’avoir voulu tuer Ignace de Loyola, coupable d’avoir pénétré violemment dans le Louvre à la tête des truands, coupable de s’être rebellé contre l’autorité royale au moment de l’attaque de la Cour des Miracles, coupable enfin d’avoir conduit les truands contre Monclar sur le bûcher de Dolet, Lanthenay était perdu.
    Il serait condamné après un semblant de procès.
    Il serait pendu le surlendemain au plus tard.
    Et elle, la Gypsie, assisterait au supplice.
    Et lorsque Lanthenay aurait rendu le dernier soupir, elle se tournerait vers le comte de Monclar et lui dirait :
    – Tu cherches ton fils depuis plus de vingt ans, tu le pleures… Regarde, le voici !
    A neuf heures du soir, la bohémienne se présenta à l’hôtel du grand prévôt. Sans doute des ordres avaient été donnés à son sujet, car elle fut aussitôt introduite.
    On la conduisit dans le cabinet du comte de Monclar.
    – Parle, dit-il avec une douceur qui ne lui était pas habituelle. Que me veux-tu ?
    – Monseigneur, dit la Gypsie en faisant un violent effort pour ne pas trahir la haine qui débordait de son cœur, vous rappelez-vous que jadis, je suis venue vous demander une grâce ?
    – Je me souviens, dit froidement Monclar.
    – L’homme qu’on allait pendre, c’était mon fils… Vous souvenez-vous, Monseigneur ?
    – Je me souviens, répéta Monclar.
    – Oui, je sais que vous avez bonne mémoire, monseigneur.
    – Peut-être l’as-tu meilleure encore que moi ! dit le grand prévôt d’une voix si profonde que la Gypsie tressaillit.
    – Monseigneur, reprit-elle, j’ai bonne mémoire, en effet ! Car ce que j’ai souffert le jour où on a pendu mon fils, je l’ai souffert tous les jours, depuis l’affreuse matinée… Or, monseigneur, c’est si horrible qu’une nouvelle souffrance de ce genre me tuerait…
    – Ah ! ah ! je te vois venir…
    – Je vous ai deux fois sauvé la vie, monseigneur ; en échange, donnez-moi celle de Lanthenay…
    – Mais je croyais que tu le haïssais…
    – Moi, monseigneur ! Qui vous a dit cela ? qui a pu vous le faire croire ? J’ai besoin, il est vrai, de Lanthenay…
    – Mais lorsque je suis tombé au pouvoir des truands, toi-même as pris soin de m’informer que Lanthenay voulait ma mort.
    – Et qu’en est-il résulté ? demanda-t-elle avidement.
    – Que je serai impitoyable comme il voulait l’être… Mais ceci ne m’explique pas ton attitude, qui me paraît étrange… Tu me dénonces Lanthenay, tu attires mon attention sur lui à plus d’une reprise, et tu viens me demander sa vie !
    – Parce que j’ai besoin de lui, monseigneur ! Je ne l’aime ni ne le hais, je vous l’ai dit un soir… Mais j’ai besoin de lui… ne me le tuez pas…
    – Et pourquoi as-tu besoin de lui ?… Parle sincèrement… Et je verrai, car je t’ai de grandes obligations.
    – J’ai besoin de lui pour mener à bonne fin une œuvre de

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