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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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spectacle de rêve ou de cauchemar.
    Derrière Lanthenay, Manfred ; derrière Manfred, Cocardère et Fanfare, dix, vingt, cent, mille truands se jetèrent à l’eau, hurlant, vociférant, se poussant, se soutenant ; la Seine fut noire de toques, hérissée de fêtes furieuses, de poings qui brandissaient des poignards…
    q

Chapitre 12 LA PLACE MAUBERT
    O ui  ! c’était en place Maubert que les deux mille gardes de la prévôté, accompagnés de plus de cinq cents moines, conduisaient Etienne Dolet. C’est une pensée de génie qu’avait eue Loyola.
    Le terrible moine s’était fait expliquer minutieusement l’attaque de la Cour des Miracles, et la résistance des truands, et leur victoire extraordinaire !
    Et il avait résolu de prendre ses précautions pour que Dolet ne lui fût pas arraché au meilleur moment.
    On a vu qu’il avait été trouver Monclar.
    Il lui donna des conseils, ou plutôt ses ordres, qui se résumèrent en ces opérations très simples :
    Répandre le bruit que Dolet serait brûlé en place de Grève, y faire édifier un bûcher pour mieux tromper Paris ; puis vers cinq heures du matin, édifier rapidement un bûcher place Maubert, et faire fermer les ponts en les gardant par des forces imposantes.
    Tel avait été le plan de Loyola.
    Nul ne fut mis dans le secret, et jusqu’au dernier moment Dolet lui-même crut qu’il serait conduit en Grève.
    Aussitôt après la sentence de condamnation lue par l’official Faye, Dolet avait été saisi par les gardes qui l’entouraient et ramené dans son cachot par le passage souterrain qui faisait communiquer la Conciergerie avec la maison de justice.
    Vers sept heures du soir, Gilles Le Mahu pénétra dans le cachot et dit à Dolet qu’il serait fait droit à toutes ses demandes et requêtes.
    – Voulez-vous, ajouta-t-il, que je vous fasse servir quelque bon repas, que vous arroserez d’une bouteille sortie de mes propres caves ?
    Toute l’âme de Gilles Le Mahu tenait dans cette proposition. Il ne concevait pas qu’un homme sur le point de mourir pût souhaiter autre chose qu’un bon pâté et un flacon de bon vin d’Anjou.
    Aussi fût ce avec une sincère surprise qu’il entendit Dolet lui répondre :
    – Merci maître Le Mahu, mon pain me suffira.
    – Que désirez-vous donc ?
    – Que vous me laissiez dormir tranquille, car je suis fatigué.
    Gilles Le Mahu se retira très étonné.
    Etienne Dolet se jeta en effet sur sa botte de paille et ferma les yeux.
    Dolet ne dormit pas.
    Mais à cinq heures du matin, lorsque s’ouvrit la porte de son cachot et que reparut Gilles Le Mahu, Etienne Dolet, aussitôt sur pied, montra un visage serein.
    Un prêtre accompagnait Gilles Le Mahu.
    – Mon fils, dit cet homme, je viens vous apporter les consolations que notre religion de pardon, de douceur et de résignation réserve à tous ses enfants, même les plus pervers.
    Il avait dit cela d’une voix glaciale.
    – Monsieur, répondit Dolet, vous me voyez tout consolé ; je n’ai donc pas besoin de vos secours, dont pourtant je vous remercie en toute sincérité.
    – Quoi, mon fils ! Vous ne voulez pas, au moment de paraître devant Dieu, confesser vos fautes, erreurs et péchés ?… Je vous apportais l’absolution.
    – Je me suis absous moi-même, dit Dolet.
    – Sacrilège !… Vous entendrez pourtant le divin sacrifice de la messe !
    – Il faudra donc qu’on m’y porte !
    Le prêtre fit le signe de la croix, qui était sans doute un signal convenu, car au même instant les gardes et les geôliers se jetèrent sur Dolet, le terrassèrent, le ligotèrent de cordelettes et l’emportèrent.
    Dans la chapelle, où le condamné fut déposé, la messe funèbre commença…
    Dies irae ! Dies illa !
    Les moines, rangés autour de la chapelle, reprenaient le chœur menaçant que Dolet, enchaîné, entouré de gardes, entendait et traduisait en lui-même.
    De profundis ad te clamavi !
    Ce fut avec une sorte de sombre furie que l’officiant attaqua le chant des morts.
    Près du condamné, un moine ne chantait pas.
    Il regardait Dolet.
    Et à travers les deux trous de la cagoule, le condamné voyait briller deux yeux noirs, – un regard spécial, un regard d’ironie, de force et de victoire.
    Le supplice de cette messe funéraire prit fin.
    On délia les jambes de Dolet.
    Mais on resserra les liens qui attachaient ses mains.
    Le cortège se forma.
    Des confréries de pénitents noirs et blancs, en tête,

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