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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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quelques pas de lui, par-dessus les têtes des moines et des soldats, la vision rouge, noire et grise, les flammes qui montaient, montaient en se tordant et en sifflant, montaient plus haut que le faîte des maisons voisines, le poteau calciné, l’immense brasier ardent qui s’écroulait en tisons écarlates, la fournaise monstrueuse au centre de laquelle un pauvre corps atroce à voir, convulsé, contourné sur lui-même, tordu, ratatiné, aminci, n’ayant plus figure d’homme, figure de quoi que ce soit de déjà vu, achevait de se consumer en grésillant !…
    Tout à coup, la vision disparut…
    Le bûcher s’écroula. Le poteau s’abattit…
    C’était fini.
    Lanthenay, son poignard à la main, s’était rué.
    Il allait droit devant lui, insensé, terrible, surhumain…
    A chacun de ses pas, son bras se levait et s’abaissait dans un geste foudroyant, et un soldat tombait.
    Il se frayait ainsi un chemin de sang vers Monclar qui, immobile sur son cheval, les yeux fixes, le voyait venir comme dans les cauchemars on voit venir la bête de l’Apocalypse.
    Mais à chacun de ses gestes mortels, une sorte de grognement furieux déchirait sa gorge.
    Il marchait à Monclar. Il le tenait.
    Lanthenay atteignit le cheval de Monclar.
    Il se ramassa sur lui-même.
    Il prépara le bond prodigieux par lequel il allait se trouver poitrine à poitrine avec Monclar…
    A ce moment, par derrière, une main sèche, violente et nerveuse s’appesantit sur sa nuque.
    Cette main était celle d’une femme !
    Et cette femme, c’était la Gypsie !
    En un instant, vingt gardes furent sur Lanthenay.
    La seconde d’après, il se trouva lié solidement.
    q

Chapitre 13 APRES…
    M onclar avait laissé tomber un regard sur la Gypsie.
    C’était la deuxième fois que la vieille bohémienne sauvait le grand prévôt.
    Et toujours elle le sauvait de Lanthenay.
    Il se pencha vers elle.
    – Que veux-tu ? demanda-t-il.
    Dans son esprit, cela voulait dire :
    – Quelle récompense désires-tu pour m’avoir sauvé ?
    Elle répondit à voix basse :
    – La grâce de cet homme !
    Elle désignait Lanthenay.
    Celui-ci ne l’avait pas aperçue encore. Il était entouré de soldats qui le liaient. En reconnaissant la voix de la bohémienne, il tourna vivement la tête vers elle.
    Un soldat crut qu’il allait essayer une dernière tentative de résistance et lui asséna un formidable coup sur la tête.
    Lanthenay tomba évanoui.
    Mais avant de perdre connaissance, il avait eu cette pensée dernière :
    – Pauvre Gypsie ! Bonne mère Gypsie ! Elle accourait me sauver !
    Le grand prévôt avait froncé le sourcil. Il secoua la tête.
    – Monseigneur, dit rapidement la Gypsie, je vous demande en grâce de vouloir bien me recevoir en votre hôtel.
    – Soit. Viens ce soir à neuf heures.
    – Je vous demande en grâce de ne rien ordonner contre Lanthenay avant de m’avoir entendue…
    – Je t’accorde aussi cela.
    Et entre les dents, il gronda :
    – Il ne perdra rien pour attendre !
    Satisfaite, la Gypsie s’était éloignée précipitamment.
    Lanthenay fut jeté sur une charrette, car on l’avait si étroitement lié qu’il lui eût été impossible de faire un pas.
    Autour de la charrette, Monclar plaça deux cents cavaliers, l’estramaçon ou la lance au poing.
    – A mon hôtel ! ordonna-t-il alors.
    En effet, l’hôtel du grand prévôt était muni d’une demi-douzaine de cachots qui n’avaient rien à envier à ceux de la Conciergerie, du Châtelet ou de la Bastille.
    Une heure plus tard, Lanthenay était enchaîné en l’un de ces cachots.
    Autour du tas de tisons noircis qui achevaient de se consumer tristement, il ne restait plus que les moines chantant les prières des morts, après avoir psalmodié les prières des agonisants. La foule avait pris la fuite au moment de l’arrivée des truands.
    Manfred, on l’a vu, était tombé l’un des premiers, le bras fracassé. Il demeura évanoui pendant longtemps.
    Lorsqu’il se réveilla dans une lueur de raison que lui laissa la fièvre, il se vit couché sur une paillasse, dans un triste et sombre taudis. Une femme le regardait.
    – C’est vous qui m’avez sauvé ? demanda Manfred.
    – Sauvé ? Je ne sais… C’est la Mésange et la Bigorne qui t’ont conduit ici…
    – Qui êtes-vous ?
    – Je suis Margentine ; vous ne savez pas ? Margentine la blonde…
    Manfred ferma les yeux et se mit à murmurer des mots inintelligibles. Le

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