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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vengeance.
    – Quelque truand que tu veux faire poignarder ?…
    – On ne peut rien vous cacher, monseigneur ! Oui, il s’agit d’un truand, mais de l’espèce la plus vile, la plus hideuse !… Cet homme m’a fait un mal abominable… Et pour lui rendre dent pour dent, œil pour œil, selon la loi de Bohême, j’ai besoin de Lanthenay… Monseigneur, je savais qu’un jour ou l’autre, il tomberait en vos mains redoutables ! Et c’est pourquoi, je me suis préparé des droits à votre reconnaissance… Je vous ai sauvé… Sauvez-moi à votre tour en me laissant Lanthenay !
    Le grand prévôt secoua la tête.
    – Impossible ! dit-il sèchement.
    – Impossible ! Ah ! ce même mot terrible que vous avez prononcé jadis ! Tenez, monseigneur, me voilà à vos pieds, comme alors ! Comme pour mon fils, je vous crie : Grâce ! pitié pour ce jeune homme !
    La Gypsie s’était jetée à genoux.
    – Il est si jeune, monseigneur ! Quoi ! Songez à cette chose affreuse : cet être jeune et beau, plein de vie, promis peut-être au bonheur d’une mère ou d’un père… On le saisirait, on lui passerait la corde au cou ! Et ce ne serait plus qu’un cadavre !… Songez au désespoir de son père, monseigneur !…
    Le grand prévôt se leva :
    – Assez ! dit-il. Après-demain, à l’aube, ce misérable aura payé tous ses crimes…
    – Quoi ! dès après-demain !… Oh ! ce n’est pas possible, cela !… Et le procès, monseigneur ! Il faut bien qu’il y ait procès et condamnation !…
    – Tu te trompes. Ce truand a été pris en flagrant délit. Il ne relève dès lors que de mon bon plaisir…
    – Impitoyable ! Oh ! impitoyable !… Je ne trouverai donc pas de paroles pour toucher votre cœur !… Ah ! monseigneur, que j’aie au moins la triste consolation de lui faire un signe de pitié à ses derniers moments !… que je sache au moins le lieu et l’heure du supplice !…
    – Soit : après-demain, huit heures du matin, à la Croix-du-Trahoir…
    – Hélas ! rien ne peut donc le sauver !
    – Rien au monde !…
    – Une dernière fois, monseigneur, grâce pour cet infortuné jeune homme !
    – Assez, te dis-je ! Relève-toi… et si tu n’as pas autre chose à me demander, va-t-en !
    Elle se releva en essuyant ses yeux.
    – Vous êtes terrible, dit-elle.
    – Voyons, dit-il, que puis-je pour toi… en dehors de la grâce impossible que tu venais solliciter.
    – Pour moi ? Rien,
maintenant !
Adieu ! Rappelez-vous au moins que je vous ai supplié à deux genoux de gracier Lanthenay et de le laisser vivre… Car il est peut-être moins coupable que vous ne pensez… et peut-être… oui ! peut-être aurez-vous regret de l’avoir tué… oh ! monseigneur ! de l’avoir tué ! C’est vous qui le tuez… Vous pourriez d’un mot lui rendre la liberté…
    – Allons ! tu recommences !… Va-t’en ! Et quant à sa culpabilité, ne t’en inquiète pas.
    – Adieu, monseigneur.
    Le grand prévôt fit un signe, et le laquais qui avait introduit la Gypsie la reconduisit.
    – Vous n’avez donc pas réussi, ma pauvre femme ? dit cet homme qu’avait apitoyé le désespoir de la bohémienne.
    – Hélas ! non… Vous avez vu…
    – C’est qu’aussi ce truand est, paraît-il, un grand scélérat…
    – Oh ! s’il, pouvait seulement s’échapper !…
    – N’y comptez pas…
    – Il est donc bien sévèrement gardé ?…
    – Il a une chaîne à chacun de ses poignets et à chacune de ses chevilles ; il est dans un cachot qui se trouve à trente pieds sous sol ; il n’y a pas de soupirail à ce cachot… Rien ne peut le sauver… Allons, consolez-vous, que diable ! Ce n’est pas votre fils, après tout !
    – Merci ! merci, mon brave homme ! murmura la bohémienne.
    Dehors, dans la rue noire et déserte, la joie furieuse de la Gypsie éclata en un rire funèbre, un rire de démente qui eût épouvanté le grand prévôt s’il l’eût entendu.
    – Au moins, grondait-elle en marchant à grands pas, il ne pourra pas dire que je l’ai pas prévenu… Ah ! que j’ai eu peur tout à l’heure ! Cette grâce ! s’il me l’avait accordée !
    Elle s’arrêta toute glacée à cette pensée.
    – Mais non, reprit-elle, non, il ne pouvait pas faire grâce ! il est tel que je l’espérais… impitoyable… Impitoyable pour son fils ! Que va-t-il penser, que va-t-il dire quand il saura ! Pleurez, monsieur

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